States of Elevation laisse des traces : au cœur des Rocheuses, Kilian Jornet vacille. Son sommeil disparaît, sa FC au repos grimpe en flèche, son corps flirte avec la rupture.
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Kilian Jornet n’est pas un athlète comme les autres. Mais même lui a ses limites.
Et elles sont en train d’être atteintes. Depuis le début de son projet States of Elevation, le Norvégien d’adoption enchaîne sommets, kilomètres et nuits blanches dans des conditions extrêmes. Résultat : son corps craque. Sa fréquence cardiaque au repos explose, son sommeil s’effondre, et ses données physiologiques font peur à voir.
Un rythme de vie… déraisonnable
Imaginez : 56 sommets de plus de 4 270 mètres, plus de 78 000 mètres de dénivelé positif, des liaisons à vélo, le tout en autonomie. En 16 jours. Voilà ce que représente la première étape de States of Elevation dans le Colorado. Et pourtant, ce ne sont pas les jambes de Kilian qui posent problème, mais bien son cœur.
Selon les données révélées par COROS, sa fréquence cardiaque au repos — un indicateur clé de l’état de forme d’un athlète d’endurance — est passée de 43 à 52 battements par minute. Une envolée rare à ce niveau. Signe que son organisme ne récupère plus.
Privé de sommeil, vidé par l’effort
Depuis le départ, Kilian dort en moyenne moins de 5 heures par nuit. Certains jours, c’est zéro. Son cœur tourne à vide, sa variabilité de fréquence cardiaque chute à 31 ms, alors qu’elle était de 50 ms en moyenne avant le départ. Bref, Kilian est à bout.
« J’ai eu une vraie alerte après les premiers jours », a-t-il confié. Jetlag, déshydratation, stress thermique, fatigue musculaire… Même lui a connu un « low battery » qui aurait pu mettre fin au projet.
L’obsession de l’effort contrôlé
Pour continuer, Jornet mise tout sur la gestion d’allure. Il l’a appris à la dure : sur ces sommets techniques, à cette altitude, vouloir aller trop vite, c’est l’échec assuré. À l’image de son retour à la Western States en juin dernier, où un pacing millimétré lui avait permis d’améliorer son chrono de 1 h 20 par rapport à 2011.
Mais ici, il ne s’agit pas de battre des adversaires. Il s’agit de ne pas perdre contre soi-même.
RÉSUMÉ
Il voulait tester ses limites. Il est en train de les redéfinir. States of Elevation devient plus qu’un projet sportif : une plongée dans l’épuisement, dans la vulnérabilité, dans l’humain. Et le plus dingue ? Il continue.
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