Ce samedi 8 novembre, à 7 h 30, le coup d’envoi des SkyMasters 2025 sera donné depuis le petit village d’Eslida, dans la province de Castellón. C’est ici, au cœur de la Sierra d’Espadà, que s’achève une saison intense de skyrunning, longue de 24 étapes à travers plusieurs continents, et c’est ici que les meilleurs coureurs de la planète vont se disputer le titre mondial lors de la finale des SkyMasters 2025 – Marató dels Dements 2025.
Parmi eux figure Frédéric Tranchand, champion du monde de trail court fin septembre 2025, arrivé fort dans cette échéance et prêt à viser le podium dans cette course d’exception.
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Alpes, au-delà des limites
Ce samedi 8 novembre, à 7h30, le coup d’envoi des SkyMasters 2025 sera donné depuis le petit village d’Eslida, dans la province de Castellón. C’est ici, au cœur de la Sierra d’Espadà, que s’achève une saison intense de skyrunning, longue de 24 étapes, à travers plusieurs continents. Et c’est ici que les meilleurs coureurs de la planète vont se disputer le titre mondial sur une épreuve aussi belle que brutale : la Marató dels Dements. 42,5 kilomètres, 3800 mètres de dénivelé positif, 9 montées majeures, des crêtes techniques, des descentes acérées, un terrain sec, pierreux, sauvage — et cinq heures d’effort sous haute tension pour les meilleurs.
Mais cette finale n’est pas une course comme les autres. Baptisée SkyMasters, elle attribue 150% des points habituels — soit 150 au vainqueur, 128 au deuxième, 115 au troisième — ce qui signifie que tout peut encore basculer. Les cartes sont loin d’être figées, et cette dernière étape agit comme un couperet : ceux qui y brilleront pourront renverser la hiérarchie mondiale. Ceux qui trébucheront risquent de tout perdre.
Les favoris des Skyrunners World Series
Chez les hommes, le duel pour le titre oppose Luca Del Pero (Italie, Team Scarpa) et Alain Santamaría (Espagne, Open Team), tous deux en tête du classement avec exactement le même nombre de points. Del Pero arrive fort de trois victoires sur le circuit cette saison, mais avoue ressentir la fatigue d’une année marathon, avec plus de vingt courses disputées. Il sait que pour s’imposer, il devra puiser dans ses dernières ressources, se concentrer dès le départ et ne pas se laisser distraire par ce qui se joue autour de lui. Il a déjà reconnu le parcours, qu’il décrit comme l’un des plus durs qu’il ait jamais affrontés : un tracé long, très technique, qui ne laisse aucun répit. Il estime que la course devrait se gagner en environ quatre heures quarante-cinq, mais reste prudent : sur une telle durée, tout peut arriver.
Dans leur sillage immédiat, plusieurs coureurs nourrissent l’espoir d’un coup d’éclat. Le jeune Gianluca Ghiano (Italie, Brooks) est actuellement troisième du général, suivi par William Boffelli (Italie, Kailas Fuga), qui a prouvé toute l’année sa régularité dans les parcours techniques.
Frederic Tranchand dans le camp français
Mais c’est bien Frédéric Tranchand (France, Merrell), cinquième mondial, qui pourrait venir jouer les trouble-fêtes. Champion du monde de trail court 2025 à Canfranc, il connaît déjà le tracé de Dements pour y avoir terminé cinquième l’an passé en 4 h 55 min. Ancien spécialiste de la course d’orientation, Tranchand possède une intelligence de course rare, une lecture du terrain millimétrée, et un mental forgé dans l’exigence du haut niveau. Son nom revient d’ailleurs dans les déclarations du favori Del Pero comme l’un de ceux à surveiller de près. Si la course se tend, s’il pleut, s’il faut faire preuve d’adaptabilité et de lucidité, alors le Français a toutes les armes pour s’installer sur le podium — voire mieux.
Chez les femmes, la tension est tout aussi élevée.
En tête du classement mondial, on retrouve Anastasia Rubtsova (Russie, Bivium), tenante du titre sur cette course et ultra régulière toute l’année. Elle ne cache pas sa fierté d’avoir réussi à maintenir ce niveau malgré une saison compliquée : des problèmes de visa, des voyages coûteux et chaotiques, et même la perte de son téléphone en déplacement. Mais elle est là, à Eslida, avec l’intention de défendre sa couronne. Sa plus sérieuse rivale est Naiara Irigoyen (Espagne, Open Team), deuxième mondiale, spécialiste des longues montées et grimpeuse infatigable, qui connaît parfaitement ce terrain escarpé de la Sierra d’Espadà. Les deux femmes se rendent coup pour coup depuis le début de la saison, et ce duel final pourrait bien se jouer à la minute près.
Derrière elles, Denisa Dragomir (Roumanie, Merrell/Red Bull) reste une menace constante, tout comme Patricia Pineda Cornejo (Espagne, La Sportiva), quatrième mondiale. Et c’est là que surgit une autre Française : Iris Pessey (France, Scott Running), actuellement cinquième mondiale. Si son nom n’est pas aussi souvent cité que ceux de Rubtsova ou Irigoyen, elle dispose pourtant d’atouts sérieux pour briller sur cette finale. Technicienne hors pair, rapide dans les descentes, calme dans les temps faibles, Pessey est une coureuse redoutable sur les terrains instables. Elle a déjà couru cette course en 2024, et elle sait exactement quand temporiser, quand relancer, quand oser. Dans un scénario de course tendu, où les leaders se marqueraient à distance, Iris pourrait tirer son épingle du jeu et viser un top 3.
Ce qui rend cette finale si particulière, c’est l’extrême technicité du tracé, son profil cassant, ses neuf ascensions successives et son ambiance presque sauvage.
Ce n’est pas une course d’ultra où l’on peut attendre son heure, c’est une arène verticale où l’intensité est permanente. Une course qui ne récompense pas seulement la puissance, mais l’audace, la gestion, la capacité à rester lucide dans le chaos. Et dans ce cadre, les athlètes français ne viennent pas pour faire de la figuration. Ils viennent pour jouer.
Comment suivre la finale des Skyrunners World Series en direct live
FAQ – Mondiaux officiels vs Skyrunner World Series : quelle différence ?
Les championnats du monde de trail et de course en montagne organisés par World Athletics / ITRA, c’est quoi ?
Les championnats du monde officiels sont ceux organisés par World Athletics (l’ancienne fédération internationale d’athlétisme IAAF), en partenariat avec l’ITRA. Ils sont reconnus par toutes les fédérations nationales, y compris la Fédération Française d’Athlétisme. Lorsqu’un athlète devient champion du monde lors de ces compétitions, il porte officiellement les couleurs de son pays, comme aux Jeux Olympiques. Le titre obtenu est un titre mondial institutionnel, avec hymne, drapeau, sélection nationale et enregistrement dans les palmarès internationaux. Par exemple, Innsbruck 2023 ou Chiang Mai 2022 sont des championnats du monde officiels. Ils fonctionnent comme un grand événement unique, avec plusieurs distances (vertical, trail court, trail long) et un classement par nations.
Le skyrunning et les Skyrunner World Series, c’est quoi ?
Le skyrunning est un circuit privé géré par l’ISF (International Skyrunning Federation). Il ne dépend pas de World Athletics. Les Skyrunner World Series forment un championnat annuel composé de nombreuses courses organisées dans le monde entier. À la différence des mondiaux officiels, il ne s’agit pas d’un événement unique, mais d’un circuit où les athlètes cumulent des points d’une course à l’autre. La finale, appelée SkyMasters, attribue davantage de points et détermine le vainqueur du classement général de la saison. Le coureur ou la coureuse qui termine premier se voit parfois présenté comme « champion de la Skyrunner World Series », mais il ne s’agit pas d’un titre mondial institutionnel, plutôt du titre de meilleur skyrunner de la saison sur ce circuit privé.
Les athlètes courent-ils pour leur pays ou pour leur sponsor ?
Aux mondiaux officiels, un athlète court pour son pays et porte le maillot de la sélection nationale. En skyrunning, un athlète court pour son sponsor (Merrell, Scarpa, Scott, La Sportiva, etc.) et non pour un pays. À la Marató dels Dements, on ne verra pas de maillot France, Italie ou Espagne, mais des maillots d’équipe commerciale.
Quel titre a le plus de valeur sportive ou symbolique ?
Les mondiaux officiels ont une valeur institutionnelle, comparable à un titre de champion du monde en athlétisme. C’est le titre le plus fort d’un point de vue fédéral et historique. Le skyrunning, lui, valorise la performance sur terrain très technique et sur une saison entière. Ce sont deux mondes différents : l’un est officiel, l’autre est élitiste et puriste dans l’esprit « haute montagne ».
Peut-on dire “champion du monde de skyrunning” ?
Par prudence, il vaut mieux dire qu’un athlète est vainqueur du classement général des Skyrunner World Series ou lauréat de la SkyMasters, car il ne s’agit pas d’un titre mondial officiel au sens de World Athletics.
Sources utilisées
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