Chaque année, de nombreux cyclistes trouvent la mort sur nos routes, victimes d’accidents souvent évitables. L’exercice qu’ils pratiquent, pourtant bénéficiant d’une image de sport sain et accessible, se révèle en réalité extrêmement périlleux lorsque le partage de la chaussée avec les véhicules motorisés n’est pas parfaitement organisé.
D’abord, la conception même des voies routières privilégie largement l’automobile.
Les aménagements cyclables restent trop rares, discontinus ou mal protégés. Les bandes cyclables, lorsqu’elles existent, sont fréquemment dégradées et peu respectées par les automobilistes. Résultat : le cycliste se retrouve exposé, parfois contraint de frôler le trafic des camions et des voitures, sans véritable séparation.
Ensuite, l’incivisme routier constitue un risque majeur. Les dépassements trop proches, le non-respect des distances de sécurité et la vitesse excessive demeurent des pratiques courantes. Nombreux sont les conducteurs qui sous-estiment la vulnérabilité d’un deux-roues et ne prennent pas en considération la difficulté d’un cycliste à réagir face à un obstacle ou à un freinage brutal.
Enfin, la visibilité du cycliste reste un enjeu préoccupant. Même équipé de gilet rétro-réfléchissant et d’éclairage performant, il conserve un faible temps de réaction pour un automobiliste arrivant à grande vitesse. Les croisements sur routes sinueuses ou les conditions météorologiques défavorables aggravent encore la situation.
« Quand la route devient terrain d’affrontement »
Alors que le simple fait de traverser la rue à vélo peut relever du casse-tête, imaginez l’intensité du défi quand on pratique le cyclisme sportif.
Le bilan national reste alarmant : en 2023, plus de deux cents cyclistes ont perdu la vie sur les routes françaises, qu’il s’agisse de sorties d’entraînement à l’aube ou de compétitions amateurs.
Un chiffre en forte hausse, qui reflète la vulnérabilité chronique de ces pratiquants malgré la progression des aménagements et des campagnes de sensibilisation. La plupart de ces accidents surviennent dans des carrefours mal protégés ou mal signalés, où la visibilité est insuffisante pour permettre à la fois aux automobilistes et aux cyclistes de réagir à temps.
Le chiffre de 221 cyclistes tués en 2023 provient du bilan annuel de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR)
La majorité de ces tragédies survient lors de sorties d’entraînement à l’aube ou au crépuscule, quand la visibilité est réduite, ou à des intersections où la signalisation et la sécurité ne suffisent pas à compenser la vulnérabilité du deux-roues.
Parmi ces tragédies, celle d’un triathlète de 47 ans à l’Alpsman, percuté par un poids lourd malgré un dispositif validé par la préfecture, rappelle qu’aucune organisation ne peut réduire le risque à zéro lorsqu’une épreuve s’étend sur 180 km de routes ouvertes à la circulation.
À l’international, le cyclisme professionnel n’échappe pas non plus aux drames routiers : le 24 janvier 2025, la jeune espoir italienne Sara Piffer, 19 ans, est morte percutée par une voiture à Mezzocorona, dans le Trentin, alors qu’elle s’entraînait avec son frère. Malgré l’intervention rapide des secours et d’un hélicoptère, elle n’a pas pu être sauvée. Le véhicule, conduit par un septuagénaire, l’a touchée en pleine manœuvre de dépassement.
Ces deux réalités, nationale et internationale, illustrent l’insuffisance des dispositifs actuels : bandes cyclables discontinues, absence de pistes protégées et incivisme persistant. Tant que les routes ne seront pas repensées pour garantir la séparation effective entre motorisés et deux-roues, chaque sortie — qu’elle soit loisir, entraînement ou compétition — restera marquée du sceau du risque.
Enfin, il faut souligner que, même équipés de gilets rétro-réfléchissants et de phares puissants, les cyclistes restent trop souvent invisibles pour les conducteurs, notamment dans les virages serrés ou par mauvais temps.
Tant que les infrastructures ne seront pas repensées pour offrir des couloirs cyclables continus et protégés, et que le comportement routier ne changera pas, chaque sortie sportive en deux-roues se jouera au risque d’un drame.
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