Résultat Transat Café l’OR
Il rêvait d’océan. Il a trouvé la tempête, l’ennui, la douleur… et l’amitié. À 4 h 57, heure de métropole, dans la nuit du 14 au 15 novembre 2025, le voilier MSIG Europe a franchi la ligne d’arrivée à Fort-de-France…
Mathieu Blanchard a vécu une traversée de l’Atlantique éprouvante : tempête dès la première nuit, mer démontée, vomissements incessants, froid, humidité, solitude pesante, insomnies, blessures, ennui abyssal… Le tout sans aucune expérience de la course au large. A l’approche de l’arrivée et avec le came en mer, on l’a enfin vu sourire à nouveau.
Ce sourire n’est pas celui de la victoire. C’est celui du soulagement, de la résilience, de l’homme debout malgré tout.
Voilà pourquoi ce titre : “le sourire à l’arrivée, enfin”.
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Résultat Transat Café l’OR : Mathieu Blanchard rêvait d’océan. Il a trouvé la tempête, l’ennui, la douleur… et l’amitié.
À 4 h 57, heure de métropole, dans la nuit du 14 au 15 novembre 2025, le voilier MSIG Europe a franchi la ligne d’arrivée à Fort-de-France. Après 19 jours, 14 heures et 27 minutes de mer, Mathieu Blanchard, icône du trail, et Conrad Colman, navigateur chevronné, ont bouclé leur traversée de l’Atlantique à la 17e place dans la catégorie Imoca. Un classement honorable, mais bien au-delà de l’essentiel : pour l’ultra-traileur, cette transat restera avant tout comme un choc physique et mental.
Le choc salé d’un traileur dans le monde de la voile
Parti du Havre le 26 octobre, Mathieu Blanchard ne savait pas vraiment à quoi s’attendre. S’il est habitué à souffrir pendant 20 heures d’effort sur les sentiers de l’UTMB ou de la Diagonale des Fous, la mer lui a infligé une autre forme de douleur, sourde, persistante, intérieure. Le 30 octobre, dans un message audio sincère et brut, il avouait être « au plus mal » : mal de mer, vomissements, froid, humidité permanente… Et surtout, une fatigue morale intense face à l’immensité de l’Atlantique.
Le marin Conrad Colman, lui, n’en était pas à sa première traversée. Mais il n’avait encore jamais partagé son bord avec un ultra-traileur converti à la voile. Ensemble, ils ont connu une première nuit chaotique dans la Manche, puis une météo capricieuse au large du Portugal et des phases de pétole près des Canaries. Un parcours sans répit, où la lenteur est parfois plus dure à supporter que la tempête.
Entre enfer et révélation, 19 jours d’initiation
À leur arrivée en Martinique, les deux hommes avaient le sourire. Pas celui des vainqueurs. Celui des survivants, des compagnons d’aventure qui savent ce qu’ils ont traversé. Conrad Colman, fidèle à son humour, a lancé à la presse : « On est arrivés un peu tard, mais on va boire un coup pour fêter ça ! »
Mathieu Blanchard, de son côté, n’a pas cherché à dissimuler sa vulnérabilité. Avec des mots simples, parfois crus, il a décrit son expérience : « C’était une aventure de dingue. Très difficile. J’ai beaucoup souffert. Mais merci à Conrad. Sans lui, je ne serais pas là aujourd’hui. »
Et pourtant, au cœur de cette épreuve, quelque chose s’est ouvert. Loin des réseaux sociaux et de la cadence des compétitions, Blanchard a découvert le vide, le silence, l’ennui. Une expérience rare, précieuse même, qu’il décrit comme un déclencheur : « J’ai eu le temps de penser. Je reviens avec dix mille projets en tête. »
De la mer à la montagne : cap sur la Transmartinique
Pas question de rester inactif. À peine le pied posé sur le sol martiniquais, Mathieu Blanchard annonce déjà son retour au trail : il prendra le départ de la TransMartinique les 6 et 7 décembre prochains. Un ultra de 134 km qu’il connaît bien pour l’avoir remporté en 2017.
Et cette fois, l’aventure pourrait bien se poursuivre à deux. Conrad Colman, son binôme de l’océan, est invité à participer à la version 54 km. Une nouvelle occasion de faire dialoguer les mondes, entre mer et montagne, entre voile et trail.
Ce que le trail ne vous apprend pas
Mathieu Blanchard n’a jamais fait mystère de sa quête de dépassement. Mais ce que la mer lui a imposé va au-delà du physique. En mer, pas de podium, pas de segment Strava, pas de public. Juste l’immensité. Et l’inconfort total, de jour comme de nuit.
En cela, cette Transat Café L’Or fut une leçon d’humilité. Là où les ultra-trails permettent des arrêts, des encouragements, des temps forts, la course au large impose un continuum mental épuisant. Pas étonnant que Blanchard parle d’« aventure de dingue », d’une traversée « bien plus longue que ce qu’il imaginait ». Il a vu l’océan comme peu le verront un jour.
Une 17e place qui vaut bien un podium
Alors que Jérémie Beyou et Morgan Lagravière s’imposaient en Imoca après 11 jours de course, le duo Colman–Blanchard bouclait son aventure huit jours plus tard. Mais dans un sport comme la course au large, le classement n’est qu’un aspect parmi d’autres. Ce qui compte, c’est la manière dont on affronte l’imprévu, dont on résiste à la solitude, dont on bâtit une relation humaine au milieu du vide.
Mathieu Blanchard, qui s’était préparé avec sérieux en 2025 (formation, navigation obligatoire, stage de survie à Lorient), a tenu bon. Il a encaissé. Il a souffert. Et il a terminé.
En résumé, l’histoire retiendra peut-être que MSIG Europe a terminé 17e.
Mais le public, lui, retiendra sans doute autre chose : la sincérité d’un athlète qui a osé sortir de son terrain, qui a affronté l’océan avec ses doutes et ses douleurs, et qui, au final, a transformé l’épreuve en expérience. Une traversée hors normes, pour un traileur hors cadre.
Statistiques
L’IMOCA MSIG EUROPE, skippé par Conrad Colman et Mathieu Blanchard, a franchi la ligne à 23:57:47 heure locale (04:57:47 à Paris).
- Temps de course : 19 jours, 14 heures, 27 minutes et 47 seconde
- Écart avec le 1er : 7 jours 18 heures 42 minutes 29seconde
- Distance parcourue : 5 358.72 milles à la vitesse de 11.39 nœuds
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Cet article repose exclusivement sur des déclarations publiques, contenus officiels, publications sur les réseaux sociaux des skippers, et sources accessibles au grand public. Il s’inscrit dans un traitement journalistique classique, sans volonté de dénigrement, de diffamation ni de nuire à l’image de Mathieu Blanchard, de ses sponsors ou de ses partenaires.Il s’agit d’un suivi normal de l’actualité d’un traileur médiatisé, ayant choisi de communiquer largement sur sa participation à la Transat Café L’Or.La photo utilisée en illustration est une capture d’écran issue du compte Instagram public de Mathieu Blanchard, dans le respect du droit à l’information et à des fins exclusivement informatives.






