Chaque fois qu’un accident de chasse survient, les mêmes arguments reviennent. On nous explique que “la voiture fait bien plus de morts chaque année” et que donc, finalement, le problème serait ailleurs. Cet argument est pourtant totalement à côté de la plaque.
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Un risque volontaire contre un risque subi
La première différence est fondamentale : la voiture est un moyen de transport. Même si elle entraîne des risques, elle répond à un besoin collectif. On ne peut pas vivre sans déplacements routiers. La chasse, elle, est un loisir. Personne n’a besoin d’un fusil pour aller travailler, emmener ses enfants à l’école ou même se nourrir. Comparer les deux, c’est mettre sur le même plan une nécessité et un hobby.
Et qu’on ne nous réponde pas que le trail est aussi un loisir : courir ne met pas en danger les promeneurs, ni les familles, ni les autres usagers de la forêt. La différence est là : certains loisirs s’exercent sans conséquences pour autrui, d’autres peuvent coûter des vies.
Les traileurs n’ont pas choisi d’être exposés
Quand on prend sa voiture, on accepte un risque connu, codifié et encadré. Les traileurs, randonneurs et promeneurs n’ont pas choisi de se retrouver dans la ligne de mire d’une balle perdue. Eux subissent un danger imposé, sans aucun consentement. Courir en forêt, c’est pratiquer une activité saine et écologique, pas accepter de jouer sa vie à la roulette russe.
Des chiffres incomparables
Les chiffres de la route sont massifs parce que la route concerne tout le monde, tous les jours. La chasse, elle, ne concerne qu’un million de pratiquants… mais ses balles peuvent toucher n’importe qui. Ce qui choque, ce n’est pas le volume global, mais le type d’accident : mourir parce qu’un automobiliste a grillé un stop n’a rien à voir avec mourir parce qu’un inconnu a cru voir un sanglier.
Une cohabitation impossible sans garanties
Enfin, il faut rappeler que la route est encadrée par un code, par des infrastructures, par des contrôles quotidiens. À la chasse, les règles sont bien plus souples, les contrôles rares, et les sanctions souvent légères. D’où cette impression d’insécurité. On ne demande pas la lune : simplement que la pratique d’un loisir ne mette pas en danger ceux qui n’y participent pas.
En réalité, brandir les chiffres de la route pour minimiser les accidents de chasse, c’est tomber dans un relativisme dangereux. Ce raisonnement revient à dire : “puisqu’il y a pire ailleurs, acceptons ce danger-là.”
Mais ce n’est pas parce que la voiture tue qu’il faudrait fermer les yeux sur des balles perdues en forêt. Ce n’est pas parce que d’autres risques existent que celui-ci doit être relativisé. La route est un passage obligé de notre société moderne. La chasse, elle, n’est qu’un loisir pratiqué par une minorité. Refuser de voir cette différence fondamentale, c’est tenter de banaliser l’inacceptable. Pour les traileurs, les randonneurs, les familles qui se promènent, il ne s’agit pas de statistiques abstraites mais d’un sentiment bien réel d’insécurité. Et ce sentiment, partagé par deux Français sur trois selon les sondages, doit être entendu au lieu d’être balayé par des comparaisons hors-sujet.