C’est toujours la même histoire. Le cœur bat fort, les cuisses brûlent un peu, mais ce n’est pas la montée qui vous fait peur. C’est ce qui vient après. La descente.
Ce moment où tout peut basculer. Où le sol défile trop vite, où les appuis se dérobent, où la peur freine chaque foulée. Que vous soyez débutant ou déjà aguerri, vous le savez : les descentes, en trail, ça ne pardonne pas.
Et pourtant, Cat Bradley, l’une des meilleures descendeuses au monde, ancienne championne de la Western States, recommande un exercice tellement simple, tellement déconcertant, qu’il pourrait bien tout changer.
Descendre en trail, c’est plus qu’une question de technique. C’est un acte de confiance. Et pour progresser, il faut parfois accepter de désapprendre.
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L’instinct vous freine, la pente vous appelle
Dès les premières descentes en trail, un réflexe naturel s’impose : ralentir. Se redresser. Talonner. Chercher la sécurité. C’est humain. Mais c’est une erreur.
La plupart des traileurs débutants ont peur des descentes. Trop rapides, trop glissantes, trop techniques. Ils contrôlent, freinent, se contractent. Et finissent souvent par chuter… ou par se brûler les quadriceps. À l’inverse, ceux qui “volent” en descente donnent l’impression d’être portés par le terrain. Ils ne le combattent pas : ils l’épousent.
C’est là que l’idée la plus surprenante entre en scène. Un conseil donné par la championne Cat Bradley, vainqueure de la Western States : “Faites un saut de confiance… avec vous-même.”
Se laisser tomber dans le vide
L’expression vient du monde du développement personnel ou du théâtre : le “trust fall” désigne l’exercice où l’on se laisse tomber en arrière dans les bras d’un partenaire, pour apprendre à lâcher prise. Dans le trail, Cat Bradley en propose une version inversée : se laisser tomber vers l’avant. Vers la pente. Vers le mouvement.
L’exercice est simple en apparence : placez-vous debout sur un point de départ de descente (un rocher, une pente douce, un sentier en devers). Fléchissez légèrement les genoux. Relâchez les épaules. Et penchez-vous vers l’avant. Laissez la gravité vous faire décoller. Vos jambes vont suivre. Le corps comprend instinctivement ce qu’il doit faire.
Au début, cela fait peur. L’instant de bascule est contre-intuitif. Mais dès que l’on accepte cette “chute” vers l’avant, tout s’aligne : les foulées deviennent plus légères, plus rapides, plus réactives. Le regard se dégage. Les appuis deviennent dynamiques. On ne “subit” plus la pente : on la chevauche.
Une mécanique du relâchement
Techniquement, le principe est le suivant : en descente, le centre de gravité doit rester au-dessus des appuis. Si vous vous penchez en arrière, vous talonnez, vous glissez, vous ralentissez. En revanche, si vous avancez légèrement le buste, vous déplacez le centre de gravité vers l’avant. Résultat : meilleure stabilité, meilleure réactivité, moins d’impact.
C’est aussi une question de chaîne musculaire. Les appuis avant-pied activent les quadriceps, les fessiers et les mollets, muscles puissants et adaptés aux déséquilibres. Talonner, au contraire, surcharge les genoux et les tibias.
Ce que propose Cat Bradley, ce n’est pas une “technique miracle” : c’est un déclencheur mental. Apprendre à faire confiance. Oser le mouvement. Sortir de l’attitude défensive. Et c’est en cela que ce conseil est puissant. Il agit moins sur la biomécanique que sur le cerveau.
Le trail, c’est aussi du lâcher-prise
Dans un sport où la montée est souvent glorifiée, la descente reste la grande oubliée de l’entraînement. Trop peu préparée, trop souvent improvisée. Pourtant, c’est elle qui peut faire la différence en course. Et c’est elle aussi qui peut faire mal – physiquement comme mentalement.
En résumé, oser descendre, c’est accepter de se laisser porter.
Ce conseil de Cat Bradley peut sembler absurde au premier abord. Qui irait volontairement “se jeter” dans la pente ? Et pourtant… Essayez. Une pente douce. Des appuis solides. Quelques secondes de relâchement. Juste pour voir.
Vous verrez que le trail commence là.
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