En trail, la polyvalence est le moteur de progression (et d’humilité)
Courir vite en montée, dominer les descentes, tenir en plaine… Est-ce vraiment indispensable ? Ou vaut-il mieux se spécialiser dans un seul format ? Décryptage d’un débat central pour tout traileur.
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Être bon en trail
Dans le monde du trail, la tentation de la spécialisation est forte. Certains ne jurent que par les ultras. D’autres s’épanouissent uniquement sur formats explosifs en montagne. Et puis, il y a les touche-à-tout, capables d’aligner un 25 km vallonné un mois, puis un 80 km alpin le suivant. Le Challenge National Trail 2026, avec ses règles de classement qui obligent à performer dans les trois typologies de terrain, relance une question essentielle : est-ce en devenant polyvalent qu’on devient un meilleur traileur ? Ou faut-il au contraire approfondir sa zone de confort pour progresser réellement ? Réponses.
La spécialisation, un chemin logique… mais à double tranchant
La majorité des coureurs débutent par affinité. On se sent à l’aise en montagne, alors on ne jure que par les cols. Ou au contraire, on a un bon moteur sur plat, et on choisit des trails roulants. Cette spécialisation permet d’optimiser l’entraînement, de mieux récupérer, de connaître ses allures cibles, et de progresser plus vite sur un type de terrain. Mais cette approche a ses limites : adaptation musculaire réduite, stress mécanique ciblé, usure mentale, et surtout, manque de plan B quand la météo, le parcours ou les aléas changent la donne.
La polyvalence, moteur de progression (et d’humilité)
Courir dans tous les environnements, c’est se heurter à ses faiblesses. La montée te crame ? Elle t’apprendra à poser ton effort. La plaine t’ennuie ? Elle t’obligera à bosser ton relâchement. La descente te fait peur ? Tu découvriras le gainage, l’appui, la lecture de terrain. C’est ce que propose le Challenge National Trail : sortir de l’habituel pour forcer l’évolution. Cette approche ne donne pas toujours la victoire immédiate, mais construit un athlète complet. Et en trail, où l’imprévu est la norme, la capacité d’adaptation est une arme puissante.
Ce que disent les élites – et ce qu’en retire l’amateur
Regarde les meilleurs. Même Kilian Jornet, qui domine l’ultra, revient chaque année sur des formats plus courts, plus techniques, pour garder son explosivité. Même Blandine L’Hirondel, reine du 50 km, brille aussi sur marathon et en skyrunning. Cette variété nourrit leur longévité. Pour un amateur, la leçon est claire : ce n’est pas en restant dans sa zone de confort qu’on progresse. Même si tu vises un ultra estival, faire un 20 km cassant au printemps ou un trail plat et rapide en hiver peut t’apporter un vrai bénéfice.
En résumé, être bon partout, ce n’est pas trahir son profil. C’est l’enrichir.
La vraie question n’est pas de choisir entre polyvalence et spécialisation, mais de les combiner intelligemment. Un bon traileur, c’est d’abord quelqu’un qui sait où il est fort… et qui travaille ce qu’il maîtrise moins. La montagne, la plaine, la moyenne montagne ne sont pas des cases à cocher. Ce sont des terrains d’apprentissage. Et le plus beau défi, ce n’est pas de dominer un format, mais de progresser dans tous, en gardant l’envie. Le trail n’est pas une case. C’est un terrain de jeu. Autant en explorer chaque recoin.
🟢 Plan d’entraînement trail pour devenir polyvalent
Durée : 4 semaines, renouvelables
Objectif : progresser sur tous les terrains (plat, montée, descente, technique, roulant, court et long)
Volume : 4 à 5 séances par semaine
Lundi
Repos actif ou footing très léger 30 à 45 min sur terrain souple. Objectif : récupération et relâchement.
Mardi
Séance de côtes : 10 x 1 min en montée (8 à 12 %), récup en descente lente. Objectif : puissance et économie de course en montée.
Mercredi
Sortie technique courte 45 à 60 min sur sentiers techniques (racines, pierres, relances). Objectif : coordination, appuis, agilité.
Jeudi
Repos ou renforcement musculaire spécifique trail (gainage, squats, équilibre, proprioception).
Vendredi
Fractionné plat : 6 x 1000 m ou 10 x 400 m à allure 10 km. Objectif : vitesse, posture, cadence.
Samedi
Sortie longue en terrain mixte (1 h 30 à 2 h 30), avec une grosse montée et une descente roulante. Objectif : foncier et gestion.
Dimanche
Sortie vallonnée très cool 45 min à 1 h max. Objectif : récupération active avec relâchement musculaire.
💡 Conseils
Alterne les terrains chaque semaine, force-toi à travailler tes points faibles et fais une compétition test hors zone de confort toutes les 4 à 6 semaines. C’est ainsi que tu deviendras un traileur complet.
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