Le trail au Canada
Le trail au Canada, c’est une autre vision du trail running
Pendant qu’on se perd en Europe entre partenariats, dossards à cent cinquante euros et influenceurs suréquipés, le Canada trace sa route. Là-bas, le trail s’appelle « course en sentier » et ça change tout. Moins d’esbroufe, plus de nature. Moins de strass, plus de racines.
En France, le trail est-il vraiment un sport dénaturé ?
On ne va pas se mentir : le trail en France a changé. À force de vouloir faire grandir la discipline, on l’a transformée. Ce n’est plus seulement un sport, c’est une vitrine. UTMB World Series, marketing à outrance, partenariats exclusifs, entrées payantes sur certains villages exposants… et cette obsession de la performance, du matos dernier cri, des records à battre à chaque sortie.
Bien sûr, il y a encore des courses authentiques, des petits événements locaux. Mais la tendance générale va vers une professionnalisation forcée, une hyper-compétitivité, et une perte de lien avec ce qui faisait le cœur du trail : courir pour la beauté du geste, et pas pour le cliché Instagram.
Le trail au Canada, une course plus brute, plus vraie
Au Québec et dans bien des coins du Canada, la course en sentier est restée fidèle à ses racines. Ici, on court dans la boue, on porte parfois son eau dans une vieille gourde, et on remercie les bénévoles à chaque ravito. L’esprit est proche de celui des premières éditions du trail français des années 2000 : convivialité, entraide, immersion nature.
Les grandes marques sont moins présentes. Les courses sont souvent organisées par des passionnés, des collectifs locaux, des communautés autochtones ou des associations de plein air. Les inscriptions ne se vendent pas en 3 minutes. Et les coureurs ne cherchent pas forcément à faire le meilleur temps, mais à aller au bout, à vivre une aventure.
Quand le Canada deviendra un marché mûr… est-ce que ça va basculer comme en France ?
C’est toute la question. Est-ce que le Québec et le Canada pourront résister à l’industrialisation du trail ? Est-ce que, dans dix ou quinze ans, l’Ultra-Trail Harricana ressemblera à l’UTMB, avec des files d’attente pour un selfie devant l’arche, une inscription à deux cent cinquante dollars, et des sacs Kiprun à vingt poches ?
Personne ne peut le dire. Mais tant que la culture du plein air domine sur celle de la performance, tant que les coureurs restent connectés à leur territoire et à leurs sentiers, le Canada gardera une longueur d’avance. Loin de l’obsession du classement, près du plaisir brut.
👉 Pour découvrir ces courses à l’état pur, voici les plus belles épreuves en sentier au Québec
La course en sentier, une inspiration
En regardant ce qui se fait au Canada, on comprend qu’un autre trail est possible. Un trail qui n’a pas besoin de caméra au drone pour exister. Un trail qui se vit au ras du sol, dans la sueur, dans les rires et dans le respect de la nature. Le trail au Canada, ce n’est pas un produit. C’est un mode de vie. Et franchement… ils ont tout compris.
👉 Cette différence culturelle est liée aussi à la langue et à l’identité : lis à ce sujet Pourquoi le trail s’appelle “course en sentier” au Canada