Derrière les apparences d’une réforme anodine, c’est un vrai changement de logique qui attend les coureurs à partir de 2026.
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PPS : 5 euros par an
Fini le dispositif gratuit de prévention santé pour ceux qui ne veulent pas passer par un certificat médical.
La Fédération Française d’Athlétisme annonce qu’il faudra désormais payer cinq euros par an pour obtenir son laissez-passer vers la ligne de départ. Le Parcours de Prévention Santé, plus connu sous le nom de PPS, va devenir le Pass Prévention Santé. Et cette mutation soulève bien plus de questions qu’il n’y paraît.
Jusqu’à présent, pour courir un trail ou une course sur route sans être licencié FFA, il suffisait de suivre une courte formation en ligne gratuite, composée de quelques vidéos sur la santé, puis de remplir un questionnaire. Ce module, qui remplaçait le certificat médical, s’imposait depuis début 2024 à tous les participants non licenciés sur des formats populaires : 5 km, 10 km, semi-marathon, marathon… et bien sûr, bon nombre de courses nature ou trail de proximité. Mais ce système, gratuit, n’était valide que trois mois. Un effort de prévention, certes, mais à renouveler régulièrement.
En 2026, tout change. Le nom change. La logique aussi. Le PPS deviendra le Pass Prévention Santé.
Son contenu évoluera, sa durée de validité sera prolongée à un an, et surtout, il sera désormais payant. Pour cinq euros annuels, les coureurs auront accès à une plateforme enrichie avec du coaching santé, des conseils personnalisés et une assurance responsabilité civile. La FFA justifie ce virage par la volonté de structurer davantage la prévention, de pérenniser le dispositif et d’apporter un cadre plus solide à la pratique non encadrée.
Mais ce passage à un modèle payant change le rapport que les coureurs entretiennent avec la notion même de sécurité. Il ne s’agira plus simplement de valider un formulaire parce que l’on y est contraint.
Il faudra payer pour courir.
Payer pour avoir le droit d’être en règle. Payer pour prouver qu’on se soucie de sa santé. Ce n’est pas une somme excessive, bien sûr, mais ce n’est plus neutre. Et dans un univers sportif qui valorise la liberté, la simplicité, l’engagement volontaire, ce détail peut faire grincer des dents.
Pour les traileurs, le sujet est d’autant plus sensible qu’ils évoluent souvent en dehors des standards des courses urbaines. Beaucoup participent à des événements peu institutionnalisés, où le PPS est déjà perçu comme un casse-tête de plus. Avec cette réforme, il faudra donc anticiper. Savoir quand le pass expire. Le payer. S’assurer qu’il est bien reconnu par l’organisation. Et ce n’est pas tout : si l’assurance annoncée est bien incluse, encore faudra-t-il vérifier qu’elle couvre réellement la pratique du trail, parfois engagée, parfois en haute montagne, parfois en autonomie complète.
Ce changement questionne aussi la stratégie globale de la FFA.
En cherchant à remplacer le certificat médical, elle avait marqué des points : moins de paperasse, moins de RDV médicaux inutiles, plus de prévention active.
Régulation des inscriptions
Mais en ajoutant une barrière payante, même minime, elle risque de perdre une partie des coureurs occasionnels, ceux qui s’inscrivent une ou deux fois dans l’année, parfois sur un coup de tête, et pour qui chaque formalité supplémentaire peut faire la différence entre l’engagement et le désistement. Pour ceux-là, le PPS n’était déjà pas évident. Le pass payant pourrait être rédhibitoire.
Dans les faits, cette réforme traduit aussi un glissement culturel. En sport comme ailleurs, les services gratuits deviennent rares.
On nous propose désormais une meilleure expérience, un contenu enrichi, une assurance… contre quelques euros. Et comme souvent, la promesse est séduisante. Mais ce changement s’inscrit dans un contexte où le coût de la pratique sportive explose. Entre les prix d’inscription, le matériel, les frais de déplacement, les stages, les formations, il n’est plus rare qu’un simple amateur dépense plusieurs centaines d’euros pour vivre sa passion. Ajouter une formalité de plus, même symbolique, ajoute à cette impression d’être devenu un client plus qu’un coureur.
Alors faut-il s’opposer frontalement à cette réforme ? Pas forcément. Cinq euros, ce n’est pas ce qui mettra en péril une saison. Et si l’outil est bien conçu, utile, adapté, s’il apporte réellement quelque chose aux coureurs en matière de prévention, il peut même devenir un atout. Mais cela suppose un contenu crédible, des réponses concrètes, et surtout une reconnaissance automatique sur toutes les plateformes d’inscription, sans friction.
Le trail, dans son ADN, reste une discipline de liberté. Courir, c’est aussi s’échapper du cadre. Multiplier les justificatifs, les abonnements, les attestations, c’est courir le risque de perdre l’essence de ce qui fait vibrer tant d’amateurs : la simplicité du départ, la pureté du mouvement, la beauté brute de l’effort. Avec cette réforme, le risque est donc moins économique que symbolique.
En 2026, pour courir en toute légalité sans licence, il faudra donc être à jour de son Pass Prévention Santé. Ce ne sera pas forcément un obstacle. Mais ce ne sera plus une évidence non plus. C’est une nouvelle page qui s’écrit pour les courses de masse, et une ligne de plus dans les conditions générales. Une ligne qui, mine de rien, dit beaucoup de l’évolution de notre rapport au sport.
Faut-il payer 5 € pour courir en toute légalité ? Voici les pour et les contre.
Côté positif
– un pass valable un an (contre trois mois avant),
– une petite assurance,
– du contenu santé
– et un processus simplifié.
– peut etre moins d’inscrits aux courses
Côté négatif
un coût symbolique mais injuste pour les pratiquants occasionnels, un effet dissuasif pour les courses locales, et un sentiment croissant de payer pour pallier les défaillances de la politique de santé publique.
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