Suave mari magno
Suave mari magno, turbantibus aequora ventis,
E terra magnum alterius spectare laborem,
Non quia vexari quemquam est jucunda voluptas.
Sed quibus ipse malis careas quia cernere suave est.
Ces quelques vers produits par Lucrèce signifient ceci (vous vous en douterez bien, la traduction n’est pas de moi)…
Quand l’Océan s’irrite, agité par l’orage,
Il est doux, sans péril, d’observer du rivage
Les efforts douloureux des tremblants matelots
Luttant contre la mort sur le gouffre des flots ;
Et quoique à la pitié leur destin nous invite,
On jouit en secret des malheurs qu’on évite.
Les premiers mots qui peuvent vous venir à l’esprit en lisant ces quelques vers pourront être « mais qu’est-ce qu’il vient nous les briser avec de la poésie et du latin », et vous n’aurez probablement pas tort. Je dois reconnaître que j’aime bien me la péter en parlant latin alors que je n’y comprends rien (un peu comme François Rollin quand il joue le seigneur Loth dans Kaamelott).
Ce poème est souvent utilisé dans les cours de philo relatifs de près ou de loin à la question du bonheur. En effet, ici Lucrèce explique qu’il est possible d’être heureux en comparant sa situation à celle des autres (ici, celui qui se dore la pilule sur un rocher kiffe la vie parce qu’il est dans une meilleure situation que celui qui est sur le point d’aller faire des bisous à Poséidon).
Quel rapport avec le trail ?
Peut-être aucun de prime à bord. En revanche, il a permis de mettre au goût du jour une facette de ma personnalité dont je ne suis pas excessivement fier, mais avec laquelle j’ai appris à vivre, c’est celui d’être heureux en m’apercevant que je ne suis pas le plus malheureux du monde. Et ça s’est vu quand je me suis mis à des plus longues distances (tant sur route que sur chemin), c’est de voir à quel point la détresse de certains coureurs pouvait avoir la tendance (un peu malveillante) à me rassurer. Et pour cause, qui, pendant un temps faible, n’a pas été rassuré de dépasser un coureur qui s’était vomi dessus et qui n’arrivait plus à marcher droit ? L’idée n’est bien sûr pas de se moquer de ce pauvre coureur, mais juste de relativiser et de se dire que, finalement, on ne va pas si mal.
Alors, peut-être que je suis encore un peu trop hypocrite pour l’assumer totalement, mais quand je suis sur un trail et que je croise un coureur qui va mal (du moins plus mal que moi), avant de voir comment je peux lui venir en aide, je suis bien content de voir que finalement, ça va pas si mal.
Alors, si par hasard vous avez la même sensation et que quelqu’un vous fait culpabiliser de penser ainsi, répondez laconiquement « suave, mari magno… » ; vous aurez l’air philosophe, sage, réfléchi et votre interlocuteur se taira définitivement.
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