On a connu Hugo Deck flamboyant, insolent de facilité, capable de dompter les kilomètres comme si son corps n’avait pas encore compris qu’il avait dépassé les limites du raisonnable.
On l’a vu, aussi, vaciller en 2025. Une CCC mal négociée. Un abandon aux Templiers. Des promesses envolées, des questions qui s’accumulent. Rien d’un effondrement, mais suffisamment de frictions pour perturber un coureur de son calibre.
Alors, quand la SaintéLyon se profile, on devine que ce n’est pas juste un dossard de plus. C’est un sas de décompression, une ligne droite nocturne pour remettre les idées en place, un moyen de prouver que la saison n’était pas un virage raté mais un simple pas de côté. La nuit entre Saint-Étienne et Lyon a déjà relevé des athlètes sonnés par un automne compliqué. Hugo Deck espère secrètement qu’elle fera de même pour lui.
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Une saison contrariée, mais pas brisée
Hugo Deck n’a que vingt-six ans. Et pourtant, son CV ressemble déjà à celui d’un coureur qui a vécu plusieurs vies. On oublie trop vite qu’il s’est frotté aux cent trente kilomètres de l’UTCAM alors qu’il n’avait même pas atteint l’âge où la plupart des traileurs découvrent la discipline. Cette précocité, saluée au début, a fini par provoquer un soupçon d’inquiétude : trop tôt, trop vite ?
Son année deux mille vingt-cinq n’a pas répondu aux attentes. Une CCC où il claque une trente-cinquième place loin de ses standards. Un abandon frustrant aux Templiers, alors qu’il se savait prêt pour un gros coup. Deux accrocs coup sur coup, et tout un équilibre mental qui vacille. Mais la vérité, c’est que tout n’a pas été sombre. Les signes de forme étaient là, les blocs d’entraînement solides, et même dans ses courses manquées, il restait de la matière.
Sa SaintéLyon n’est donc pas un pansement collé à la hâte : elle était prévue depuis l’été, comme une façon logique de conclure le cycle. Deck veut finir propre. C’est tout.
La SaintéLyon, laboratoire pour reconstruire un coureur
Les puristes de la montagne voient la SaintéLyon comme un ovni : beaucoup de bitume, des chemins roulants, des profils qui obligent à tenir une allure régulière plutôt qu’à gérer une succession de murs et de descentes cassantes. Pour Deck, c’est exactement ce qui fait l’intérêt de cette nuit blanche.
Loin de ses terrains familiers, il doit travailler tout ce qui le met mal à l’aise : la cadence, la technique de course sur route, l’effort linéaire prolongé. C’est une forme de rééducation sportive. Là où la montagne donne du relief, la SaintéLyon impose de la précision. Là où les ultras alpins demandent de la patience dans les pentes, l’épreuve rhodanienne exige de la rigueur dans le geste.
Deck avoue sans détour qu’il n’est pas un amoureux du tartan ni des fractionnés sur bitume. Mais cette contrainte lui offre une progression essentielle : apprendre à courir juste. Et pour un athlète qui vise des objectifs majeurs en deux mille vingt-six, cette maîtrise vaut autant que les montées interminables de l’été.
Finir, pour repartir plus fort
Dans le plan initial, il devait enchaîner CCC, Templiers, SaintéLyon, puis couper net en partant loin, très loin : une pause programmée du côté de l’île Maurice, histoire de laisser la saison s’éteindre sur un dernier effort bien posé. L’abandon aux Templiers n’a rien changé.
Mieux : il lui a retiré une surcharge inutile, car l’organisme n’a pas encaissé les trente derniers kilomètres qui usent les fibres et anesthésient la tête. Deck est donc arrivé à l’automne avec un bloc d’entraînement resté intact, simplement ajusté pour retrouver de la fraîcheur.
Il n’a pas voulu renoncer. Ni pour éviter la surchauffe, ni pour anticiper une saison deux mille vingt-six plus facile à préparer. Au contraire : c’est souvent quand il a trop de temps que son corps l’envoie dans le décor. La SaintéLyon, elle, lui donne un fil conducteur, une continuité, un cadre.
Et, surtout, elle empêche les questions de s’installer trop longtemps dans l’esprit.
L’expérience des autres comme boussole de fin de saison
Deck observe beaucoup. Il a retenu des conseils entendus en course, notamment cette remarque de Benoît Girondel sur la gestion d’un ravitaillement : ne pas relancer trop fort, laisser la course respirer, accepter que la lucidité prime sur l’agressivité.
La SaintéLyon, c’est exactement ce terrain-là : des décisions fines, des allures à stabiliser, la patience comme arme principale.
Il sait aussi qu’il ne possède pas la marge de sécurité d’un coureur comme Katie Schide. Quand la réussite s’en mêle, il surperforme. Quand la malchance frappe, il décroche. Reconnaître cette fragilité le rend lucide.
Et c’est dans cette lucidité qu’il veut s’élancer de Saint-Étienne.
Entre brouillard, verglas et nuit glacée : la stratégie Deck
La SaintéLyon est imprévisible. Elle peut être sèche et rapide, piégeuse et glaciale, collante et boueuse. Deck a préparé son plan sans chercher à jouer les héros. Le choix du matériel, la possibilité de changer de couche, les chaufferettes dans la poche pour maintenir la thermie, la sélection de chaussures adaptées selon l’état du sol : rien n’est laissé au hasard.
Mais sa vraie arme, c’est son pilotage interne. Il court désormais au cardio, au rythme senti, sans se brûler dans un faux départ. Ce qui compte, c’est d’arriver au dernier tiers capable d’accélérer, au moment où la SaintéLyon trie les audacieux des imprudents.
Une année de transition qui pourrait bien se finir dans la lumière des Halles Tony Garnier
Deux mille vingt-cinq restera une année étrange pour le coureur français : des progrès nets, une maturité nouvelle, mais aussi des contre-performances qui laissent un goût d’inachevé. Pourtant, ce n’est pas avec un sentiment de revanche qu’il se présente sur la ligne de départ, mais avec une forme d’apaisement.
Il veut courir juste. Il veut courir simple. Il veut courir propre.
S’il a l’occasion de jouer devant, il la saisira. Mais il n’ira pas à Lyon pour mettre un coup de poing sur la table ou pour faire taire les commentaires. Il y va pour conclure. Pour remettre une saison tordue dans l’axe. Pour se rappeler qu’il sait courir de nuit, vite, longtemps, quand les autres vacillent.
Et, parfois, c’est exactement ce dont un coureur a besoin pour repartir plus fort.
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