Que faire des dopés ? Faut-il les radier à vie ?
Ces dernières années, les affaires de dopage se sont multipliées ; tantôt faites de soupçons, tantôt avérées, elles ont causé énormément de tort à notre sport. Que ce soit l’affaire Calvin, Amdouni, Claude-Boxbergr, ou encore l’affaire Mamu, la déception est potentiellement énorme ; je dis potentiellement car il y a une présomption d’innocence qu’on se doit de respecter. Aussi, en guise d’introduction, je me permets de dire aux personnes qui se torchent le cul avec cette présomption en disant des énormes conneries qu’il n’y a pas de fumée sans feu qu’elles peuvent aller s’asseoir sur un cactus et se taire à tout jamais. Quand les cas de dopage sont avérés, la question se pose presque à chaque fois. Que faire des dopés ? Faut-il les radier à vie ?
Dopage : CONTRE la suspension à vie
Les plus humanistes s’opposeront à la radiation à vie. Ils diront que tout le monde a droit à une deuxième chance, défendront le pardon et la possibilité de se réhabiliter. On retrouve par exemple Pierre-Jean Vazel, entraîneur d’athlétisme qui disait dans Vo2run : « Je suis contre la suspension à vie, on n’emprisonne même pas des gens à vie pour des meurtres » ; il clame aussi que « nul n’est parfait » et que « tout le monde mérite une seconde chance ». Si l’on se penche du côté du droit, on ira plutôt dans ce sens ; En effet, une radiation à vie se heurte au principe de proportionnalité (une peine proportionnelle à la gravité de la faute).
Dopage : POUR la suspension à vie
Face à ces humanistes (que j’admire profondément, je dois bien le reconnaître), on trouvera beaucoup de personnes pour qui la radiation à vie doit être d’application. Plus radicaux, ils défendent une ligne plus radicale qui interdirait à n’importe qui de poursuivre dans son sport dès lors qu’il a été contrôlé, même une seule fois. Selon un sondage publié en 2016 par Odoxa, 73% des français sont pour cette fermeté. Et parmi les sportifs défenseurs de cette position, on trouve Teddy Riner, Martin Fourcade, Yannick Agnel, Chris Froome, Haile Gebrselassie, ou encore Alexis Pinturault.
De plus, en dépit du fait qu’un doute ne pourra que subsister, une autre problématique existe ; en effet, si on arrête certains produits, est-ce qu’on en perd aussi le bénéfice ? Selon l’entraîneur Guy Ontanon, avec les stéroïdes anabolisants, on garderait le profit musculaire. La question n’a pas encore été tranchée chez les scientifiques. En tout état de cause, tant qu’on n’a pas de réponse, par principe de précaution, je ne suis pas offusqué qu’on radie à vie.
Enfin, je suis convaincu que si un athlète sait qu’il risque de ne plus pouvoir pratiquer son sport (qui est sa principale source de revenu), il y réfléchira à deux fois avant de mettre la main dans le pot de confiture.
Que faire alors ?
L’idéal sera déjà peut-être de traiter chaque affaire au cas par cas ; entre les circonstances, la nature du produit, la durée de consommation, l’intentionnalité de la prise… il y a à réfléchir. Par exemple, sanctionner quelqu’un qui a pris de l’EPO pendant des années de la même manière qu’un mec qui a utilisé un spray nasal a priori interdit, ça craint. On pourra alors envisager la radiation à vie si la substance n’est pas issue d’un justificatif médical et si cette substance est interdite. Et pour moi, si on suspend le sportif, son médecin doit l’être aussi !
En tout état de cause, sans aller jusqu’à vouloir qu’un athlète soit suspendu à vie, je ne plaindrai jamais un ancien dopé qui se fait siffler dans un stade…
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