Mathieu Blanchard chez Quotidien : un aventurier face au miroir médiatique
La télévision grand public a parfois du mal à appréhender les personnages hors normes. Mathieu Blanchard, ultra-traileur et aventurier, en a fait l’expérience sur le plateau de Quotidien. Face à des chroniqueurs plus habitués aux débats d’actualité et aux figures médiatiques traditionnelles, son profil semblait détonner. Et lui-même a ressenti une certaine gêne, allant jusqu’à comparer l’expérience au Dîner de cons. Une réaction qui interroge sur la place des sportifs d’exception dans l’espace médiatique.
Le malaise bien réel de Mathieu Blanchard
Quand Yann Barthès lui demande s’il ne s’ennuierait pas en compagnie de ses invités, Mathieu Blanchard perçoit dans la question une réduction de son univers à ses seuls exploits. Ce qui aurait pu être une simple boutade devient pour lui un sentiment de mise à l’écart. Il est vrai que les plateaux télévisés sont rarement des lieux où l’on peut prendre le temps d’expliquer en profondeur des démarches aussi complexes que celles d’un ultra-traileur. Tout doit aller vite, être percutant, correspondre aux formats préétablis du divertissement. Or, Blanchard est tout sauf un produit formaté.
La caricature de l’aventurier
L’aventure fascine, mais elle isole aussi. La société aime ranger les individus dans des cases bien définies : le comédien amuse, le politique débat, l’aventurier repousse ses limites. Pourtant, Blanchard, comme il l’a lui-même rappelé, ne se réduit pas à ses courses de 170 kilomètres en autonomie. Il aime aussi « ne rien faire », jouer à des jeux de société, refaire le monde autour d’un bon repas. Mais ces nuances n’ont pas trouvé leur place dans l’émission, ou en tout cas pas avant qu’il ne prenne lui-même la parole sur le sujet.
Une réception contrastée
Le public, lui, s’est divisé. Certains ont trouvé que Quotidien avait fait preuve de bienveillance, d’autres ont dénoncé un traitement condescendant, voire méprisant. Une partie des spectateurs estime que Blanchard a trop pris les choses à cœur, qu’il aurait dû ignorer ce qui relevait du ton léger de l’émission. Mais l’incompréhension qu’il exprime est révélatrice d’un fossé persistant entre le monde des médias et celui de la performance extrême. Quand on consacre sa vie à dépasser les limites physiques et mentales, voir son parcours résumé en quelques secondes peut sembler frustrant.
Une visibilité à double tranchant
Il reste que passer dans Quotidien donne de la visibilité au trail et à l’ultra-endurance, des disciplines encore marginales dans le paysage sportif télévisé. L’invitation de Blanchard prouve que ces exploits commencent à intéresser un public plus large. Mais cette médiatisation impose aussi une certaine adaptation. Peut-être est-il illusoire d’espérer des discussions de fond sur des formats de 5 minutes. Peut-être que le grand public a encore du mal à comprendre ce qui pousse des hommes et des femmes à s’infliger volontairement des efforts surhumains.
Blanchard, par son honnêteté, a mis en lumière un malaise qui dépasse sa seule expérience : celui d’un monde où l’extraordinaire intrigue autant qu’il déroute. S’il y a une leçon à tirer de cet épisode, c’est que l’aventure et le sport extrême méritent plus que des punchlines et des raccourcis. Peut-être faudrait-il inventer un espace médiatique où ces histoires puissent être racontées à leur juste mesure.
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