Le public français a découvert David Roche à travers ses athlètes : Grayson Murphy, championne du monde de course en montagne, Allie Ostrander, figure des trails courts, ou encore Brittany Charboneau, victorieuse de l’OCC 2022, et Clare Gallagher, ancienne lauréate de la CCC. Mais c’est en août 2024, après avoir remporté le Leadville Trail 100 et battu un record vieux de 19 ans, que ce coach américain au discours à la fois scientifique et bienveillant est vraiment entré dans les conversations du trail hexagonal.
Leadville, c’est un peu le pendant américain de l’UTMB : altitude extrême (toujours au-dessus de 3 000 m), 5 500 m de dénivelé positif et météo changeante comme sur la Diagonale des Fous. Sur ce terrain impitoyable, Roche a surpris tout le monde en s’imposant dès sa première participation, en courant… absolument chaque mètre des 160 km. Un choix osé, basé sur une préparation qu’il revendique comme « scientifiquement optimisée ».
La méthode d’entrainement de David Roche est issue de la science et du cyclisme
Roche ne se contente pas de recopier les plans classiques d’ultra-trail.
- Sa philosophie repose sur l’idée que le corps peut assimiler bien plus de glucides que ce que la majorité des coureurs consomment. Alors que la norme est de 60 à 90 g par heure, il monte parfois jusqu’à 120 g, inspiré des stratégies du peloton cycliste. À cela, il ajoute :
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Bicarbonate de sodium pour limiter l’acidité musculaire,
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Séances de sauna ou bains chauds pour stimuler la production de globules rouges,
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Cétones malgré leur goût infâme, pour booster certains processus énergétiques.
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Son entraînement n’est pas seulement alimentaire : il prône moins de volume mais plus de qualité, avec 100 à 120 km par semaine au lieu des 160 km que certains visent pour un 100 miles. La clé selon lui : du renforcement musculaire, du vélo pour varier les sollicitations, et surtout des intervalles courts en côte pour améliorer rapidement le VO₂ max.
Une philosophie qui sort du cadre
Au-delà des chiffres, Roche surprend par son langage. Ses conseils ressemblent parfois à des slogans de développement personnel : “Impressionne-toi toi-même”, “Rêve en grand”, “Tu es aimé et suffisant comme tu es”. Dans un milieu souvent obsédé par le kilométrage et les dénivelés, cette approche séduit une nouvelle génération de traileurs… mais déstabilise les puristes.
En France, certains voient en lui l’équivalent d’un coach inspirateur à la manière de François D’Haene ou Ludovic Pommeret quand ils parlent de plaisir de courir, mais avec un vernis scientifique et des protocoles ultra-précis.
Des résultats… mais pas sans limites
L’année 2025 devait confirmer sa méthode au plus haut niveau. Roche s’est aligné sur la Western States 100, première étape du doublé rêvé avec la Hardrock ou un retour à Leadville. Mais après un départ prudent, il a été contraint à l’abandon, rappelant qu’aucune méthode, aussi innovante soit-elle, ne garantit l’immunité contre les imprévus de l’ultra-trail.
Pour ses partisans, cet abandon n’invalide rien : l’essence de sa méthode est dans la constance et la progression sur le long terme, pas dans un seul dossard. Pour ses détracteurs, c’est la preuve qu’on ne réinvente pas si facilement les fondamentaux de l’ultra.
Résumé
David Roche, coach américain et recordman du Leadville Trail 100 en 2024, propose une approche d’entraînement trail qui rompt avec les méthodes traditionnelles. Inspirée de la science et du cyclisme, sa méthode repose sur un volume hebdomadaire modéré mais très qualitatif, un apport massif en glucides (jusqu’à 120 g/h), l’usage ciblé de bicarbonate, cétones et sodium, ainsi que des techniques d’acclimatation à la chaleur pour simuler l’altitude. Il met également l’accent sur des intervalles courts en côte pour booster le VO₂ max et sur un état d’esprit positif, avec des mantras motivants qui visent autant la performance que le plaisir de courir. Ses résultats, comme sa victoire record à Leadville, ont contribué à populariser cette méthode, même si son abandon à la Western States 100 en 2025 rappelle que l’ultra-trail reste imprévisible.
FAQ – En quoi la méthode de David Roche révolutionne-t-elle l’entraînement trail ?
1. Pourquoi parle-t-on de “révolution” dans son approche ?
Parce qu’il casse le dogme du “plus on court, mieux c’est”. Là où de nombreux plans pour un ultra-type UTMB dépassent les 150 km hebdomadaires, il préconise un volume modéré (100-120 km) mais d’une intensité et d’une précision millimétrées, en s’appuyant sur les dernières études en physiologie de l’endurance.
2. Quelle est la nouveauté sur la nutrition ?
Il pousse la consommation de glucides à 120 g/heure, soit bien plus que les recommandations habituelles (60-90 g/h). Cette stratégie, inspirée du cyclisme pro, vise à repousser la fatigue musculaire et à maintenir une intensité élevée plus longtemps. Il couple cela à des apports ciblés en bicarbonate, cétones et sodium pour optimiser l’utilisation de l’énergie.
3. En quoi son entraînement diffère-t-il pour le VO₂ max ?
Plutôt que de miser sur de longues sorties monotones, il met l’accent sur les intervalles courts en montée, qui stimulent rapidement la capacité du corps à utiliser l’oxygène. Ce travail qualitatif, répété sur plusieurs semaines, peut améliorer la vitesse ascensionnelle et la résistance à l’effort prolongé.
4. Et la préparation à l’altitude ?
Il propose de remplacer certaines longues phases de stage en altitude par des méthodes plus accessibles : sauna, bain chaud ou même simple exposition à la chaleur pour stimuler la production de globules rouges. C’est une transposition des techniques d’acclimatation utilisées par certains cyclistes et triathlètes de haut niveau.
5. Sa philosophie mentale est-elle aussi novatrice ?
Oui. Là où beaucoup de coachs se focalisent sur la charge d’entraînement et les chiffres, Roche intègre systématiquement un volet motivationnel et bien-être. Ses mantras (“Impressionne-toi toi-même”, “Rêve en grand”) ne sont pas accessoires : ils visent à libérer le coureur de la pression de performance, ce qui, paradoxalement, favorise la progression.
6. Quels résultats concrets ?
Outre sa victoire record au Leadville 100 en 2024, sa méthode a permis à plusieurs athlètes de briller sur des courses internationales (OCC, CCC, Golden Trail Series). Elle est désormais suivie par des amateurs qui constatent des gains en vitesse, en récupération et en confiance, même sans gros volume d’entraînement.