Cyril Gauthier marathon des sables
Le marathon Des Sables sous l’ère Cyril Gauthier. Critiques et réflexions, 1ère partie.
Par Gaël Dutigny, 10 fois finisher du MDS.
Cyril Gauthier marathon des sables – Cyril Gauthier est arrivé avec fracas parmi les habitués du MDS. La fin de l’ère Patrick Bauer a en effet marqué les esprits des connaisseurs car elle s’est faite dans la douleur. Bauer, le créateur de l’épreuve en 1986*, voulait vendre. Gauthier, déjà propriétaire des Half-MDS depuis plusieurs années, voulait acheter. Mais la manière avec laquelle s’est déroulé ce passage de relais a ouvertement déçu Bauer et ses adeptes, des anciens participants bien sûr mais surtout ses équipes terrain qui se sont bien lâchées sur les réseaux sociaux. Outre la question de l’argent, on peut imaginer que Bauer n’a pas touché ce qu’il aurait aimé, la faute vient aussi de la personnalité très conquérante (arrogante ?) de ce nouveau patron. Elle tranche nettement avec la douceur, l’empathie et la passion qui animait Patrick Bauer. Autre boss, autre temps donc. Pour ma part, entre l’amour que je vouais au team Bauer et l’envie de découvrir ce dont était capable Cyril Gauthier, je peux maintenant dire que ce 38ème MDS, mon 10ème, était une réussite. Explications.
Pour une lecture simple et rapide, j’ai divisé ma critique en deux. Les points positifs aujourd’hui, les points négatifs demain.
Les points positifs du marathon des Sables 2024
Les innovations les plus importantes du team Gauthier sont pour moi l’avancée de l’étape longue le 3eme jour au lieu du 4eme (85,3 km cette année) et la disparition bienvenue du 10 km final, étape dite solidaire dont nous n’avions jamais compris comment elle fonctionnait, à quoi elle servait ou qui en bénéficiait vraiment (certainement pas les coureurs).
Tout cela rend le MDS beaucoup plus difficile car il reste encore trois vraies étapes chronométrés une fois passé la grande étape. Dans la version Bauer, après cette longue étape, il restait juste une étape marathon de 42km, une distance mainte fois répétée à l’entrainement et donc connue de tous. Mentalement, physiquement, c’était plus simple. Dans cette 38ème édition, après le 85,3 km, il restait encore 3 vraies étapes : 43 km, 31 km, 21 km.
Le travail des équipes photos, vidéos et réseaux sociaux donnent plus envie que jamais.
C’est beau, c’est lêché, c’est du grand art. Franchement bravo.
Je range malgré moi l’eau glacée (non potable) sur la nuque à chaque ravitaillements dans les points positifs.
C’était très agréable, et jamais vu, bien sûr. Cela ne se discute pas. Mais tous ces efforts dépensés pour nous amener des glaçons dans le Sahara soulèvent de vrais questions et d’importantes frustrations. C’est à double tranchant. Et j’en reparle demain.
Le traitement des hyperthermies avec des bains d’eau glacée possible à chaque ravitaillement.
C’était magnifique. Une logistique de dingue qui a certainement permis à plus d’un malheureux de terminer l’étape du jour et pourquoi pas la course. C’est un vrai point positif pour les équipes médicales sur qui je vais pourtant me lâcher sévère demain.
Les animations proposées le soir au bivouac.
Entre yoga en musique ambiance lounge mené par une anglo-saxonne blonde aussi jolie que rigolote et interview des ‘légendes” du MDS, des coureurs et des personnalités historiques de la course, chaque soirée au bivouac pouvait être animée, si vous le souhaitiez. Vous pouviez aussi rester dans votre tente comme un ronchon et vous coucher comme une poule ou bien passer deux à trois heures ches les docs. Chacun sa course n’est-ce pas. Il y avait le choix. Pas de chanteuse d’opéra en plein désert donc. Mais entre nous, là encore cette idée de l’opéra qui revenait chaque année après la longue étape sous l’ère Bauer avait un peu veillit.
Le concept des médecins coureurs n’est pas idiot, loin de là.
C’est même plutôt une excellente idée. Le principe est simple : des vrais médecins sont engagés sur la course comme n’importe quel participant mais ne portent pas leur nourriture. En échange, ils emportent avec eux du matériel médical pour parer à une urgence. Le soucis c’est que lors des briefs d’avant course, leur rôle n’a pas été expliqué clairement. Plus d’un concurrent s’est donc heurté à leur incapacité à les assister pendant les étapes. J’y reviendrai demain.
Globalement, Cyril Gauthier nous a offert un événement très bien ficelé. Il n’y a pas de doute, ses équipes maitrisent l’organisation de ce type d’épreuve. Même si ce n’était pas parfait, le pari est réussi. On n’imagine pas à quel point la logistique du Marathon Des Sables est compliquée. Le Sahara est un environnement hostile et Cyril ne s’est pas contenté de copier-coller un MDS qui roulait bien huilé depuis 37 ans mais il a pris le risque d’innover. C’est ce que je retiens. Le reste, vous verrez demain, est un feedback critique mais qui se veut constructif. Je souhaite longue vie au MDS dirigé de main de fer par Mr Cyril Gauthier.
* Patrick Bauer avait parcouru 350 km à pied en 12 jours dans le Sahara en 1985. Il avait ensuite lancé son épreuve l’année d’après.
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