Débat # Trop de business dans le trail tue-t-il le vrai TRAIL ?
La démocratisation – avant la massification – du Trail a ses bons cotés, certes. Les trailers trouvent désormais une reconnaissance médiatique et des revenus en adéquation avec leur engagement dans notre chère discipline et, avant-toute chose, en rapport avec leur talent. Tellement dérisoire comparativement à d’autres sports … Soit. Mais le Trail (au sens large) n’est pas un « sport » comme les autres et les considérations économiques cohabitent mal avec les aspirations écologiques, naturalistes (…) de ses adeptes historiques mais aussi des néophytes las de l’asphalte des villes et des étalages mercantiles très lourds des événements urbains. Business as usual sur le Trail ?
Le grand capital à l’assaut du Trail ?
Le trailer/runner est bien souvent un sportif passionné. Mouvoir son corps dans l’espace, et le temps est une expérience incroyable, nul besoin de vous en convaincre. Là où l’Homme pose sa passion et surtout ses émotions, se fertilise des marchés. Le business opportuniste n’en demande pas plus pour nous bombarder de sollicitations, de stimuli violents et méthodiques … méconnu hier, le trailer est désormais une cible, WANTED !
Parent pauvre de la famille du running jadis, le trail est désormais convoité. Les marques gravitent autour des pelotons, les organisations sont prises en main par le secteur lucratif. Le Traileur peut désormais vivre trail, manger trail, s’habiller trail. Vivre et tragiquement parfois mourir trail … Le marché a horreur du vide, il comble tout.
Le traileur, l’alpha et l’omega du business. Coupable et victime ?
Le trailer est-il devenu un homme sandwich ?
Isolément, on ne saurait reprocher au trailer de profiter des retombés économico-médiatiques autorisées par la prise en main mercantile de son sport. Non. Mais comme souvent, c’est la globalisation, la résultante collective d’actions individuelles qui posent « problèmes ». Ce qui va de soi allant mieux en le disant, poursuivons.
Le trailer soutenu matériellement (argent et équipement) par une marque de trail, quoi de plus cohérent. La supercherie et la farce guettent cependant très vite au coin de la relance dès lors qu’animé par l’impérieuse nécessité financière, le trailer dit oui à tout et … n’importe quoi en terme de partenariat et sponsoring. De l’electroSTIM pour un trailer revendiqué minimaliste et naturaliste à l’eau en bouteille pour cet ultra-traileur engagé pourtant par ailleurs contre les continents de plastique à la dérive dans nos océans … les grands écarts sont aussi violents qu’une entorse en pleine descente technique … mais sans les douleurs physiques. De toutes façons, il a son @BaumeduLion au cas où …
La caravane du tour du Trail distribue ses goodies chamarrés et on adule nos marques-sur-jambes. Tout va bien. Bilan carbone pulvérisé. Mais bon, l’organisateur a greenwashé l’event !
Quelles solutions à terme ?
Difficile de courir totalement nu. Le trailer ordinaire, le quidam, le lambda, le mec du dimanche et consorts sont convoqués comme vecteur des marques, publicités ambulantes. Les « malgré nous » du big business du trail. Impasse et fatalité ?
On a récemment vu un trail au cours duquel il fallait faire la « queue » pour accéder aux sommets. Tout un symbole. L’accès au grandiose au compte-gouttes. Un panorama qui se partage dans l’impatience, isolé au milieu de tous … Un sommet de négation du trail qu’on aime le pratiquer.
Une abolition de la Cause. On attend les parkings payants en bas des montagnes (on nous signale que cela se fait de plus en plus…)
Ne plus hésiter à dénoncer ces dévoiements. Boycotter les événements qui puent le grand déballage de fric et de faux-semblants (en général, le prix du dossard est un bon indice). Reconsidérer son rapport au matériel (lequel est indispensable en pratique, et ne soyons pas de mauvaise foi, se faire un petit plaisir est salutaire), se rappeler qu’une sortie solo ou entre amis, ça ne coûte rien (d’autre qu’un peu de carburant et de quoi grailler un petit coup sur place).
Bref, (savoir) rester hors des radars des opportunistes du trail business et admettre que de ne pas boire de Volvic, cela ne vous fera pas courir moins vite (Jornet n’en ayant d’ailleurs nul besoin pour crapahuter à toute berzingue dans les pentes).
Courir dans les montagnes et y voir des vaches. Des vaches à lait …