Et si on arrêtait de taper sur l’UTMB ? Le trail lui doit tout.
C’est devenu un sport national dans le monde du trail français : critiquer l’UTMB. Trop gros, trop commercial, trop lisse, trop médiatique… Pourtant, au lieu de lui tirer dessus à boulets rouges, si on se demandait ce que ce géant a réellement apporté au trail ? Et si, au fond, on lui devait beaucoup plus que ce qu’on veut bien admettre ?
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L’UTMB n’a pas tué le trail, il l’a fait naître aux yeux du monde
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L’UTMB
Il est de bon ton, aujourd’hui, de défendre les « petites courses de terroir » contre le « monstre UTMB ». Pourtant, sans l’UTMB, soyons honnêtes : le trail ne serait pas ce qu’il est. Il y aurait peut-être encore quelques épreuves confidentielles, une communauté réduite, et des pelotons maigrelets composés d’initiés. C’est l’UTMB qui a offert une vitrine mondiale au trail running. C’est lui qui a attiré les sponsors, les médias, les élites et, osons le dire, les rêves.
Sans UTMB, pas de Salomon TV, pas de Kilian superstar, pas de vocation chez les jeunes
L’UTMB a servi de tremplin à toute une génération de coureurs. Sans cette course devenue mythique, qui aurait entendu parler de François d’Haene ou de Courtney Dauwalter dans le grand public ? Qui aurait mis en avant les exploits d’Aurélien Dunand-Pallaz ou de Mathieu Blanchard ? Sans ce phare allumé fin août à Chamonix, le trail serait resté dans l’ombre du marathon et du cyclisme. Oui, l’UTMB est devenu un produit. Mais il a aussi fabriqué des héros.
Les « petites courses » ? Elles ne sont pas menacées, elles sont redéfinies
Le refrain du « on ne survivra pas face à l’UTMB » commence à tourner à vide. Si certaines courses peinent, ce n’est pas à cause de l’UTMB, mais parce que les attentes ont changé. Les coureurs veulent du balisage fiable, une sécurité béton, un suivi live, des parcours exigeants et bien ficelés. À partir de là, il n’y a pas deux mondes : l’authentique contre le commercial. Il y a des organisations qui évoluent, et d’autres qui stagnent.
Le trail n’est pas une chapelle, c’est une arène
Il faut sortir de cette nostalgie du « c’était mieux avant », où le trail serait un espace sacré à l’abri du monde réel. Non, le trail est un sport, avec des codes, des enjeux, et oui, des dynamiques de marché. L’UTMB n’a pas volé sa place : il l’a construite. Ceux qui le jalousent devraient peut-être s’en inspirer, au lieu de l’accuser d’étrangler les autres. La diversité des formats existe encore. Ceux qui veulent autre chose qu’un cirque médiatique peuvent toujours courir ailleurs – et c’est tant mieux.
remettre un peu d’équilibre dans le débat
L’UTMB n’est pas parfait. Il uniformise, il standardise parfois, et il dérange par son succès. Mais il ne menace pas le trail : il l’a fait grandir. Il a attiré des foules, des sponsors, des jeunes, des élites. Il a donné au trail une dimension internationale, une visibilité inespérée. Ceux qui le critiquent aujourd’hui sont souvent les premiers à bénéficier de l’écosystème qu’il a contribué à créer.
Plutôt que de lui reprocher d’exister, il serait temps d’arrêter les postures dogmatiques et de remettre un peu de nuance dans nos discours. L’UTMB pousse les autres courses à se réinventer, à se différencier, à exister par elles-mêmes. Et c’est très bien ainsi.
Finalement, il ne tue rien. Il oblige juste le monde du trail à répondre à une question simple : qu’avez-vous à proposer d’autre ?
🏔️ FAQ historique – Qu’est-ce que l’UTMB ?
Qui a créé l’UTMB ?
L’Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB) a été créé en 2003 par Catherine et Michel Poletti, un couple passionné de montagne et de sport, via leur association Les Trailers du Mont-Blanc. Leur idée était simple : faire le tour complet du massif du Mont-Blanc, en une seule étape, en courant. Un projet audacieux à une époque où le trail était encore marginal.
Quand a eu lieu la première édition ?
La toute première édition de l’UTMB a eu lieu en août 2003. À l’époque, seuls 700 coureurs s’élançaient pour un tour de 150 km autour du Mont-Blanc, sans assistance, dans un format résolument ultra. Moins de 70 avaient franchi la ligne d’arrivée. Le ton était donné.
Pourquoi l’UTMB est-il devenu si célèbre ?
Grâce à plusieurs facteurs :
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Un parcours mythique à travers trois pays (France, Italie, Suisse), autour du sommet emblématique de l’Europe.
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Des images spectaculaires, diffusées sur les réseaux et les médias dès les années 2010.
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Des vainqueurs iconiques comme Kilian Jornet, François D’Haene ou Courtney Dauwalter.
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Une organisation ultra-professionnelle, qui a peu à peu hissé l’événement au rang de référence mondiale.
Comment l’UTMB a-t-il évolué ?
L’UTMB est aujourd’hui un festival de trail d’une semaine, avec plusieurs courses : la CCC, l’OCC, la TDS, la MCC, la PTL, et bien sûr l’épreuve reine de 170 km. En 2021, un tournant majeur a lieu : l’UTMB s’associe avec Ironman Group pour créer le circuit UTMB World Series, un réseau mondial de courses qualificatives menant à la « finale » de Chamonix.
Quelles sont les principales polémiques autour de l’UTMB ?
Le partenariat avec Ironman (2021)
L’association avec le groupe Ironman a déclenché une levée de boucliers : crainte d’une dérive commerciale, perte des valeurs originelles du trail, format trop standardisé, logique de rentabilité industrielle.
Des prix d’inscription jugés exorbitants
L’UTMB a essaimé à l’international, mais certaines courses qualificatives sont devenues inaccessibles financièrement. Exemple emblématique : à l’île Maurice ), où le pack « 100M » est monté jusqu’à 375 euros pour 160 km. Plusieurs coureurs se sont indignés sur les réseaux, soulignant qu’on frôle le modèle des marathons lucratifs et sélectifs. En parallèle, des frais cachés ou des « packs obligatoires » (navettes, logistique) ont été dénoncés.
L’appel au boycott de Kilian Jornet (2022)
En 2022, Kilian Jornet — pourtant quadruple vainqueur de l’UTMB — a publiquement appelé à boycotter le circuit UTMB World Series, dénonçant l’opacité de ses méthodes de sélection et le modèle économique basé sur l’exclusivité des événements. Il a incité les organisateurs à résister à la pression d’Ironman, et les coureurs à privilégier des courses indépendantes. Cet appel a eu un écho fort, notamment auprès des défenseurs d’un trail plus éthique.
L’exclusion implicite des courses indépendantes
Des courses historiques ont perdu leurs « Running Stones » ou ont refusé de se soumettre au cahier des charges, comme l’Échappée Belle, la Diagonale des Fous ou le GRP. L’Ultra Trail du Mont Blanc est accusé de pratiquer un capitalisme d’influence, en poussant les coureurs à délaisser des événements libres au profit d’un circuit fermé.
L’uniformisation des formats et la perte de diversité
De plus en plus de voix alertent : avec ses formats calibrés (20K, 50K, 100K, 100M), l’UTMB impose une norme mondiale, tue la créativité des parcours, et pousse au copier-coller. Le trail devient une franchise.
La contradiction environnementale
Des critiques dénoncent la massification du tourisme sportif, avec des milliers de vols long-courriers pour des courses UTMB World Series (Thaïlande, Afrique du Sud, etc.), en contradiction avec le discours écologique affiché à Chamonix. Là aussi, le greenwashing est pointé du doigt.
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