Arnaques aux dossards : une pratique illégale qui explose dans le monde du running et du trail
Ce qui pouvait sembler, il y a encore quelques années, comme un arrangement discret entre coureurs est en train de basculer dans l’illégalité pure et simple. Avec l’explosion du nombre de pratiquants et la saturation rapide des inscriptions, les reventes de dossards hors des canaux officiels se multiplient… et attirent de plus en plus d’escrocs. Car derrière une transaction banale, se cache parfois une fraude caractérisée, passible de lourdes sanctions pénales.
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En France, toute escroquerie en ligne, y compris la vente de dossards inexistants ou usurpés, peut être punie de cinq ans d’emprisonnement et de 375 000 euros d’amende, selon l’article 313-1 du Code pénal.
Une peine théorique, certes, mais qui traduit la sévérité du cadre juridique. Et pourtant, chaque semaine, des coureurs se font encore piéger.
La mécanique est bien huilée : des événements qui affichent complet en quelques heures, des coureurs frustrés qui cherchent une solution de secours, et des faux vendeurs qui flairent l’opportunité.
Ce que dit la loi : article 313-1 du Code pénal
L’escroquerie est punie de cinq ans d’emprisonnement et de 375 000 euros d’amende.
Le simple fait de promettre un produit (ici un dossard) en échange d’un paiement sans jamais le fournir peut suffire à caractériser cette infraction.
La folie des inscriptions aux courses complètes en quelques heures
Ils se glissent dans les groupes Facebook ou les forums running, proposent des dossards à vendre, souvent à un prix « raisonnable », demandent un virement… et disparaissent. Sans dossard, sans explication.
Dans certains cas, la fraude est encore plus perverse : l’escroc envoie une fausse preuve d’achat, utilise une identité usurpée, voire détourne un vrai profil pour paraître crédible. Et pendant ce temps, les victimes n’ont aucun recours immédiat, surtout si le paiement a été réalisé sans protection (virement, PayPal entre amis, Lydia…).
Pourquoi c’est illégal, même si « ce n’est que du sport »
Certains minimisent la gravité de ces pratiques : “ce n’est qu’un dossard”, “ce n’est que 30 ou 40 euros”, “ce n’est pas un vrai vol”… Pourtant, la justice ne raisonne pas de cette façon. L’escroquerie est définie comme le fait d’obtenir un bien ou un service par tromperie, mensonge ou manœuvre frauduleuse. Qu’il s’agisse d’un faux dossard ou d’un faux billet de concert, la logique est la même.
Dès lors qu’une personne encaisse une somme en promettant un dossard qu’elle ne détient pas ou ne transmet pas, elle tombe sous le coup de la loi. Et la peine maximale est lourde : cinq années de prison. Évidemment, peu d’affaires vont jusqu’au tribunal, car les coureurs renoncent souvent à porter plainte pour de petits montants. Mais cela ne diminue en rien l’illégalité de l’acte.
Les plateformes officielles de revente ne suffisent pas
Certaines grandes courses ont pris les devants en créant des plateformes de revente sécurisées : changement de nom, vérification d’identité, traçabilité du paiement… C’est le cas pour des événements comme le Marathon de Paris, le Trail du Ventoux ou encore certaines courses de l’UTMB World Series.
Mais dès qu’il s’agit de courses plus locales, ou d’épreuves qui ne proposent pas ce service, les coureurs se retrouvent livrés à eux-mêmes. Et c’est là que les escrocs prolifèrent. Le simple fait qu’un organisateur ne propose pas de bourse de dossards devrait alerter : toute transaction en dehors du cadre devient alors un pari risqué.
Le risque pénal est aussi pour l’acheteur
Acheter un dossard de manière illégale ne protège pas davantage l’acheteur. En cas de blessure ou de malaise en course, courir avec l’identité d’un autre pose un réel problème pour les secours. Les informations médicales, le groupe sanguin, les contacts d’urgence… tout peut être erroné. Pire encore, l’assurance de l’épreuve peut refuser de couvrir un coureur non enregistré officiellement. Sans parler de la disqualification immédiate si l’organisation découvre la supercherie.
Et si l’acheteur devient à son tour vendeur sans prévenir, il peut se retrouver accusé d’avoir tenté de frauder également. En somme, tout le monde y perd dans cette économie grise des dossards.
Le dossard ne garantit pas seulement un accès à la course : il est le lien contractuel entre l’organisateur et le participant. Il garantit une couverture d’assurance, une prise en charge en cas de problème, une reconnaissance du classement, et une équité entre les concurrents.
Baser son départ sur une fraude ou une fausse identité revient à piétiner ces règles. Et surtout, à entretenir un système qui met en péril la confiance entre coureurs et organisateurs.
En trail aussi, la tentation grandit
Dans l’univers du trail, réputé plus “authentique”, les arnaques aux dossards commencent aussi à se répandre. Les courses se professionnalisent, les listes d’attente s’allongent, les places sont chères. Pour certaines épreuves comme la Diagonale des Fous ou l’Échappée Belle, certains n’hésitent plus à vendre — ou à acheter — sous le manteau. Là encore, les risques sont les mêmes.
Et sur des épreuves longues et techniques, le danger est même démultiplié : un coureur mal préparé qui court sous un faux nom sur un ultra engagé peut mettre en jeu sa propre sécurité et celle des autres.
En résumé, les escrocs qui profitent de la passion des coureurs pour vendre de faux dossards ne jouent pas seulement avec les émotions des sportifs.
Ils enfreignent la loi, parfois de manière répétée, et s’exposent à des peines sévères.
Derrière la légèreté apparente de certaines transactions, c’est tout un écosystème qui se fragilise.
Courir, c’est faire preuve d’engagement. Mais aussi de responsabilité. Ne laissons pas quelques fraudeurs dénaturer l’esprit du running et du trail.
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