Le Marathon du Beaujolais est devenu un monument populaire : costumes, caves ouvertes, ambiance XXL, 33 000 participants sur l’édition 2025, des images qui font le tour des réseaux.
Mais derrière la fête, une vraie question de fond s’impose au monde de la course à pied : jusqu’où un événement sportif peut-il flirter avec la promotion de l’alcool ? En France, la loi Évin ne se résume pas à une affaire d’affiches sur les stades ; elle encadre strictement publicité et parrainage des boissons alcoolisées. Or le principe même du « marathon-dégustation » brouille les lignes, au moment où l’on revendique, par ailleurs, un discours « sport-santé ».
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Un marathon comme le marathon du Beaujolais ne devrait pas faire la promotion de l’alcool
Que dit (vraiment) la loi Évin ?
La loi Évin et le Code de la santé publique interdisent la publicité, directe ou indirecte, en faveur des boissons alcoolisées lorsqu’elle s’insère dans le champ du sport, y compris via le parrainage (« toute opération de parrainage est interdite lorsqu’elle a pour objet ou pour effet… »). Ce principe général cohabite avec des exceptions locales et temporaires pour la vente/consommation (autorisations municipales limitées), mais ces dérogations ne valent pas blanc-seing pour la communication ou l’association d’image entre alcool et compétition. L’ambiguïté naît précisément ici : un événement peut légalement obtenir une vente ponctuelle, tout en restant tenu d’éviter toute propagande ou mise en scène assimilable à de la publicité indirecte.
Le principe du Marathon du Beaujolais : une vitrine œnotouristique… au cœur d’une compétition
Le site officiel met en avant une « expérience » mêlant épreuves sportives et passages festifs dans les domaines, avec ravitaillements « à thème », caves ouvertes et scénographie du terroir. L’édition 2025 revendique 21 éditions et 33 000 participants, preuve d’un succès populaire assumé. Le récit médiatique du jour de course souligne d’ailleurs les dégustations en cave, au même titre que les chronos, tant la dimension vinicole fait partie de l’ADN de l’événement. C’est précisément cette hybridation – compétition chronométrée + dégustation mise en récit – qui nourrit le débat sur la frontière entre folklore local et promotion d’un produit alcoolisé dans un cadre sportif.
Pourquoi le marathon du Beaujolais pose problème pour le sport-santé
On ne parle pas ici de morale, mais de cohérence. Dès le premier verre, l’alcool altère coordination et temps de réaction, augmente la déshydratation et le risque de chute – des effets documentés et incompatibles avec une performance sécurisée. Si l’on promeut la course à pied comme outil de santé publique, organiser une dramaturgie de la dégustation « pendant » l’effort, avec relais médiatiques, relève d’un double discours, surtout dans un événement où participent de nombreux néophytes attirés par la fête. Les associations de prévention pointent de longue date l’« alcoolisation du sport » et ses contournements de la loi via l’image, les influenceurs et l’événementiel.
Les arguments des organisateurs (et ce qu’ils valent)
Les défenseurs du modèle Beaujolais avancent plusieurs points : retombées économiques locales, vitrine œnotouristique, dons et partenariats solidaires (cancer, hôpitaux), classement écoresponsable, et – c’est vrai – un formidable élan bénévole. Rien de tout cela n’est contesté. Le problème n’est pas la fête, ni la générosité, mais l’adossement explicite de la dramaturgie sportive à l’alcool. La cause soutenue peut être noble, l’ambiance sympathique, les autorisations administratives en règle, et malgré tout la mise en scène rester discutable au regard de l’esprit de la loi et des messages de santé destinés au grand public.
Où placer le curseur légal et symbolique ?
Sur le plan strictement juridique, la ligne rouge tient dans la publicité/parrainage et leurs équivalents « indirects ». Un organisateur peut cadrer fermement ses supports, sa signalétique et ses éléments de langage pour éviter l’assimilation à de la promotion. Reste la responsabilité symbolique : quand le storytelling de la course fait de la dégustation une scène centrale du parcours et du live, l’association « sport = vecteur d’alcool » s’installe, même sans logo. À l’heure où les marathons revendiquent performance, prévention et exemplarité, ce mélange des genres fragilise la crédibilité du message global du running.
Résultats sportifs du marathon du Beaujolais 2025
Sur le marathon, Jérémy Mansuy réalise le triplé historique en 2 h 26 min 33 s, devant Ludovic Bailly-Basin (2 h 30 min 30 s) et Damien Bourgoin (2 h 32 min 46 s). Chez les femmes, Perrine Géraud s’impose à nouveau en 2 h 58 min 59 s. Sur le semi-marathon, victoire d’Igor Bougnot en 1 h 06 min 21 s et d’Camille Richer en 1 h 28 min 30 s. L’édition 2025 revendique 33 000 participants sur l’ensemble du week-end.
Sources
– Direct et chiffres clé de l’édition 2025, classements du jour et citations de course. (Le Progrès)
– Victoire de Jérémy Mansuy (temps et triplé). (Lyon Capitale)
– Victoire de Perrine Géraud et son chrono. (Facebook)
– Présentation officielle de l’événement (positionnement « expérience », volumes de participation). (Marathon International du Beaujolais)
– Loi Évin : parrainage/publicité, exceptions et cadre de vente. (pechenard.com)
– Analyses de prévention sur l’« alcoolisation du sport ». (Addictions France)
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Mention éditoriale : article d’intérêt général
Ce texte s’inscrit dans une démarche d’intérêt général visant à analyser la place de l’alcool dans les événements sportifs. Il ne s’agit en aucun cas de dénigrer le Marathon du Beaujolais, ses organisateurs, ses bénévoles ou les participants. Les faits rapportés proviennent de sources publiques et vérifiables, et l’analyse repose exclusivement sur le cadre légal, notamment la loi Évin, ainsi que sur les enjeux de santé publique reconnus par les autorités compétentes.
Les éléments d’opinion n’engagent que l’auteur et ne représentent ni une accusation, ni une remise en cause de l’intégrité des acteurs cités. L’objectif est d’éclairer un débat légitime autour de la cohérence entre pratique sportive, sécurité des participants et communication liée à l’alcool.






