Ecouter cet article sur nos deux légendes du trail qui reviennent
Les légendes reviennent à Montagnole
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Alpes, au-delà des limites
Montagnole n’a jamais prétendu rivaliser avec l’UTMB, ni devenir une machine à spectacle
Et pourtant, cette édition 2025 semble marquer un tournant inattendu. Ce dimanche matin, alors que le soleil peine encore à percer les crêtes savoyardes, l’atmosphère dans le village est différente. On entend les rubalises crépiter dans le vent, les voix des bénévoles se mêlent aux respirations fébriles des coureurs qui s’échauffent. Tout indique qu’un moment rare se prépare. Une course pas comme les autres. Un événement qui dépasse les simples kilomètres à parcourir.
Ce qui rend ce rendez-vous si singulier ne tient ni au volume de participants ni à une débauche d’effets spéciaux. Ce sont les noms alignés sur la ligne de départ qui électrisent le peloton. Des noms qui ont marqué une génération. Des silhouettes qu’on a vues triompher au sommet des courses les plus difficiles. Courir aux côtés de ces légendes crée un trouble, un frisson, une excitation mêlée d’humilité. Le trail, ici, retrouve une dimension presque sacrée.
Où se court le trail de Montagnole ?
À quelques minutes de Chambéry, sur les contreforts du massif de la Chartreuse, Montagnole s’étire entre les bois, les crêtes et le ciel. Les sentiers démarrent derrière l’église du village, s’enfoncent dans les forêts de hêtres, grimpent sans prévenir et plongent sans prévenir. Le terrain est naturel, brut, vivant. Ici, pas de remontées mécaniques ni de chaises longues. Juste le silence et la pente.
Le trail dans ce qu’il a de plus pur
Il ne faut pas venir à Montagnole pour les animations ou le spectacle. Il faut y venir pour ressentir la morsure du sol, la rudesse de la montée, la densité de l’effort. Le parcours commence fort, monte droit dans le dur, étire les muscles et teste les esprits. Puis vient la crête, ce passage suspendu où tout semble flotter, avant une descente tranchante, technique, qui marque les cuisses et les mémoires. Montagnole offre une expérience de trail nue, sans artifices, mais avec une intensité rare.
Et cette année, ce sont les coureurs eux-mêmes qui donnent à l’événement une dimension exceptionnelle. La start-list 2025 n’a rien d’un simple alignement de noms : c’est une constellation de talents, d’histoires, de retours inattendus.
L’enjeu sportif : une course, un titre, un héritage
Un parcours nerveux où tout peut basculer
La course phare de Montagnole s’étend sur 21 kilomètres, mais ces kilomètres-là n’ont rien d’inoffensif. Mille deux cents mètres de dénivelé positif viennent les pimenter, concentrés dans un tracé sans concession. Pas un mètre de plat, pas un moment pour reprendre son souffle. La première montée coupe les jambes, la forêt relance sans cesse, les descentes font vaciller les appuis. Ici, l’erreur ne pardonne pas. Il faut lire le terrain comme un livre ouvert, sentir les moindres pièges, anticiper chaque virage. Le moindre faux rythme se paie comptant.
Les erreurs se paient immédiatement
On le dit souvent, Montagnole est une course révélatrice. Elle ne fait pas de cadeau. Les coureurs qui partent trop fort s’éteignent avant le sommet. Ceux qui temporisent trop longtemps découvrent que le terrain n’attend personne. Mais ceux qui trouvent le juste tempo, cette cadence intérieure qui épouse le relief, peuvent créer la surprise. Cette course est un entonnoir. Tous s’y engouffrent avec leurs espoirs. Mais à l’arrivée, il ne reste qu’un nom à inscrire sur le trophée.
Le favori annoncé : un métronome du dénivelé
Parmi les engagés, un nom revient dans toutes les conversations. Il a déjà triomphé ici, sur différentes distances. Il connaît le terrain comme son salon. Chaque racine, chaque virage, chaque passage à flanc. Sa gestion de course est redoutable : il attaque là où les autres souffrent, il relance là où les jambes demandent grâce. Cette année, il revient avec une mission. Pas seulement pour gagner. Pour reconquérir.
Les outsiders prêts à provoquer le désordre
Mais rien n’est écrit à l’avance. Un autre coureur revient avec une blessure intérieure : l’an passé, il a échoué à quinze secondes du sommet. Depuis, il a changé. Il s’est entraîné différemment. A remporté des formats courts. Travaillé sa vitesse. Il ne vise plus le podium. Il vise ces quinze secondes. Et il n’est pas seul. D’autres coureurs affûtés pourraient bousculer la hiérarchie, surprendre, créer le chaos dans un plan trop bien rôdé.
Ce coureur porte le même nom que la marraine de l’épreuve. Un frère. Une sœur. Deux trajectoires. Un même objectif. Et peut-être une double victoire. Hollywood n’aurait pas osé. Montagnole l’a fait.
Le come-back qui change tout : une légende au départ
Une aura qui impressionne le peloton
Il y a des inscriptions qui changent la teneur d’un événement. Quand une légende du trail annonce son retour, tout vacille. Les regards se font plus intenses, les silences plus lourds, les stratégies plus secrètes. Cette personne a tout connu : les podiums les plus durs, les épreuves les plus longues, les terrains les plus sauvages. Elle n’a plus rien à prouver. Mais elle revient.
Et Montagnole devient alors un théâtre inattendu. Un 21 kilomètres devient une arme redoutable quand on sait dompter la fatigue, quand on a dans les jambes l’expérience d’ultras aux quatre coins du monde. Ce retour interroge : est-ce pour la victoire ? Pour le plaisir ? Ou pour rappeler à tous ce que veut dire le mot maîtrise ?
Pourquoi sa présence transforme la course
Elle a tout gagné. Elle a laissé son empreinte sur toutes les grandes courses du calendrier international. Mais elle n’a jamais couru ici. À Montagnole, elle découvre un nouveau terrain, plus court, plus intense, mais tout aussi piégeux. Et cette première fois pourrait bien être synonyme de dernière démonstration. Le peloton, lui, observe. Les jeunes prennent des notes. Et la course, soudain, devient plus grande que ce qu’elle prétendait être.
La course féminine : un duel annoncé
La favorite en titre veut défendre son territoire
Elle a dominé l’édition 2024 sans trembler. Elle revient avec le statut de tenante du titre. Elle connaît chaque piège, chaque montée qui casse, chaque descente qui fait peur. Elle n’est pas là pour plaisanter. Elle sait ce qu’il faut faire pour gagner. Et ce dimanche, elle entend le prouver encore.
En face, une Championne du monde
Face à elle, une autre coureuse revient. Une athlète d’envergure mondiale. Championne du monde. Vainqueure de toutes les grandes classiques du trail. Sauf une : Montagnole. Ce nom manque à son palmarès. Et ce manque est une motivation. Elle arrive préparée, affûtée, avec la faim dans les jambes. Le duel s’annonce électrique. Deux femmes. Deux parcours. Une seule ligne d’arrivée.
Montagnole, un miroir du trail français
Ce qui rend cette course unique, c’est la manière dont elle efface les statuts. À Montagnole, le champion du monde part à côté du coureur du dimanche. Sur la même ligne. Avec les mêmes doutes. Les mêmes jambes. La même envie. Ce mélange rare donne à la course une profondeur que les grands événements ont parfois perdue. Ici, pas d’estrade. Pas de VIP. Juste la terre, le souffle et la pente.
Ce que cette édition représente pour le trail français
En 2025, Montagnole s’impose comme une course charnière du calendrier. Elle offre aux coureurs un terrain d’expression authentique, exigeant, mais accessible. Une course qui révèle ceux qui sont prêts. Et qui rappelle à tous pourquoi ils aiment courir. Non pas pour les projecteurs. Mais pour ce moment où, au sommet, on sent le cœur battre contre la montagne.
Informations pratiques (heures de départ)
Le départ du 21 kilomètres sera donné à 9 h 00. Celui du 13 kilomètres à 9 h 30. Les sentiers attendent.
Révélation des noms
Les figures évoquées tout au long de l’article sans être nommées sont…
Les deux légendes présentes :
Caroline Chaverot (championne du monde, victoire à l’UTMB, référence absolue des ultras techniques)
Julien Chorier (vainqueur de la Hardrock 100, du Grand Raid de la Réunion, figure emblématique du trail français)
Le favori masculin :
Tanguy Cattet
Le duo frère / sœur :
Anaïs Guillot et Jocelyn Guillot
FAQ – Julien Chorier
Qui est Julien Chorier ?
Julien Chorier est l’une des grandes figures françaises de l’ultra-trail. Né le 16 octobre 1980, il a longtemps mené une double vie entre sa passion pour la course en montagne et une carrière d’ingénieur en génie civil. Originaire de l’Isère et installé en Savoie, il s’est d’abord formé à l’athlétisme et au cyclisme avant de se tourner vers l’ultra-distance, terrain sur lequel il a révélé tout son potentiel.
Quels sont ses exploits les plus marquants en trail ?
Julien Chorier s’est illustré sur les plus grandes courses du globe. Il a remporté à deux reprises la Diagonale des Fous (2009 et 2011), a dominé l’Ultra-Trail du Mont Fuji au Japon en 2012, et s’est imposé sur l’emblématique Hardrock 100 aux États-Unis en 2011. Son palmarès est l’un des plus solides du circuit international.
Quelle est sa spécialité dans le trail ?
Chorier est avant tout un ultra-traileur. Il excelle sur les formats longs à très longs, souvent en terrain alpin, avec un sens aigu de la gestion d’effort et une grande lucidité stratégique. Il ne mise pas sur la vitesse pure, mais sur l’intelligence de course et la constance. Son approche méthodique est directement influencée par sa formation scientifique.
Que fait-il en dehors de la compétition ?
Julien Chorier n’est pas seulement un coureur. Depuis 2024, il occupe le poste de directeur sportif au sein de l’UTMB Group. Il y supervise le développement du circuit UTMB World Series, veille aux règles sportives, aux relations avec les athlètes élites et aux liens avec les fédérations. Il reste également engagé dans la transmission de son expérience à travers des stages trail. Auparavant, il a été manager d’équipe pour Hoka One One et a longtemps exercé dans le secteur du bâtiment, fort d’un doctorat en génie civil.
Quelles leçons peut-on tirer de son parcours ?
Suivre l’exemple de Julien Chorier, c’est apprendre à viser la durée, à intégrer la rigueur dans l’entraînement et à se projeter dans des défis de longue haleine. Sa capacité à transmettre, à structurer ses plans et à rester ancré dans la réalité quotidienne en font un modèle inspirant pour tout coureur cherchant à progresser sur les longues distances.
FAQ – Caroline Chaverot
Qui est Caroline Chaverot ?
Caroline Chaverot incarne la réussite féminine en ultra-trail. Franco-suisse née en 1976, elle a connu une première carrière en canoë slalom de haut niveau avant de découvrir le trail en 2012. Professeure d’histoire-géographie à Genève, mère de famille, elle a construit son palmarès en conciliant vie personnelle et performances d’élite.
Quels sont ses principaux titres ?
Championne du monde de trail en 2016, elle a remporté la même année l’UTMB, la Transgrancanaria et dominé le classement de l’Ultra-Trail World Tour. Elle s’est aussi imposée à deux reprises sur le Lavaredo Ultra Trail. En quelques années seulement, elle s’est hissée parmi les meilleures au monde.
Quel est son style en course ?
Caroline Chaverot se distingue par une approche offensive, une grande résistance à la douleur et une maîtrise technique sur les terrains exigeants. Elle sait s’imposer dès le départ et tenir un rythme élevé sur de longues distances. Sa polyvalence, entre endurance pure et capacité d’adaptation, la rend redoutable.
Comment gère-t-elle sa vie autour du trail ?
C’est sans doute l’une de ses plus grandes forces. Enseignante, mère et athlète, Caroline parvient à jongler avec les contraintes sans jamais négliger son entraînement. Son équilibre entre vie personnelle et compétition en fait un modèle pour tous les coureurs qui doivent composer avec un emploi du temps chargé.
Qu’est-ce qu’elle apporte aux traileurs amateurs ?
Son parcours montre que l’on peut viser l’excellence même en démarrant tard, en venant d’un autre sport, et en assumant des responsabilités familiales. Elle illustre la force de la motivation, l’importance du mental et la capacité à se réinventer pour donner le meilleur de soi sur les sentiers.
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