Le Mount Shasta endeuillé alors que Kilian Jornet l’a gravi quelques jours plus tard
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L’ascension du Mount Shasta dans le cadre du projet States of Elevation de Kilian Jornet a pris une résonance tragique. Deux alpinistes ont récemment perdu la vie sur la voie Clear Creek, considérée comme la plus facile du volcan californien. Le paradoxe est cruel : cette même voie a été utilisée sans encombre par Kilian, mais s’est avérée fatale pour d’autres, à seulement quelques jours d’écart.
Mount Shasta , une voie facile… mais traître
La Clear Creek est souvent décrite comme une simple randonnée, un long couloir de pierraille sans difficulté technique. C’est d’ailleurs l’itinéraire choisi par Kilian Jornet pour grimper ce volcan emblématique de 4 317 mètres. Pourtant, deux accidents mortels en quelques semaines viennent rappeler une dure réalité : à haute altitude, il n’y a jamais de sécurité absolue.
Le premier drame s’est produit mi-août. Deux grimpeurs sans expérience préalable sur le Shasta se sont perdus en redescendant vers leur camp sous une météo dégradée. Séparés pour tenter de retrouver leur chemin, un seul est parvenu à rallier la tente. L’autre a été retrouvé inconscient au pied d’une paroi, victime d’un traumatisme crânien. Il décèdera à l’hôpital quelques jours plus tard.
Une glissade sans piolet, une chute de 600 mètres
Le second accident, plus récent, date du 12 septembre. Matías Travizano, un Argentin vivant aux États-Unis, est tombé mortellement après avoir glissé sur un névé gelé. Parti sans crampons ni piolet, il avait décidé de « glissader » sur la pente enneigée pour éviter de remonter vers le bon itinéraire. Une décision qui lui a coûté la vie : sa chute de plus de 600 mètres s’est terminée contre un rocher. Il a brièvement repris conscience avant de rechuter et de disparaître dans le brouillard.
Ces deux accidents mettent en lumière une accumulation de petites erreurs : mauvais temps, absence d’équipement adapté, méconnaissance de l’itinéraire, décisions prises dans la fatigue. Des erreurs banales, mais fatales.
Kilian Jornet est passé, lui aussi
Ironie du calendrier : Kilian Jornet a gravi ce même sommet quelques jours plus tard, dans des conditions similaires. Lui aussi a fait face au brouillard, à des températures négatives et à de la neige fraîche. Mais à la différence des victimes, il maîtrise les terrains techniques comme personne et sait quand ralentir, renoncer ou s’adapter. Sur Strava, il raconte une ascension « bien plus hivernale que prévu », avec un ressenti de -20°C au sommet. En d’autres termes : même sur une voie facile, rien ne peut être pris à la légère.
Plus qu’un sommet pour Kilian
Avec le Mount Shasta désormais derrière lui, Kilian Jornet n’a plus qu’un sommet à gravir pour boucler son projet titanesque : le Mount Rainier, dans l’État de Washington. Ce sera le dernier obstacle avant de conclure States of Elevation, cette boucle folle qui mêle vélo, alpinisme et trail sur les plus hauts sommets de l’Ouest américain.
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