Samedi 20 septembre 2025, Frozen Head State Park (Tennessee). À 7h00 locales (13h00 à Paris), Mathieu Blanchard s’attaque à la Barkley Fall Classic (BFC), petite sœur rugueuse des mythiques Barkley Marathons. Voici l’essentiel à connaître pour comprendre l’épreuve, suivre la course en direct live et situer l’enjeu.
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Informations sur la Barkley Fall Classic
Une petite sœur aux allures de géante
La Barkley Fall Classic est née en 2014 d’une idée simple de son créateur, Lazarus Lake (Gary Cantrell) : offrir un avant-goût réaliste de la grande Barkley. Le décor est le même massif des Brushy Mountains, le style est identique — pas de balisage, navigation « à l’ancienne », alternance de sections « runnables » et de murs qui cassent les jambes — et la philosophie ne laisse pas de place à l’ambiguïté : ici, on éprouve autant la lucidité que les quadriceps. Le parcours exact change chaque année et la carte n’est révélée que la veille, fidèle à l’esprit maison.
Un règlement impitoyable
La distance officielle est d’environ 50 km (31 miles), mais la formule compte moins que la densité d’effort : « ridiculous amount of climb and descent », préviennent les organisateurs.
Niveau règles, c’est simple : seule la carte est autorisée : Pas de GPS, pas de montre, pas de pacers, pas de caches, pas de drop bags, pas de bâtons ; un double dossard (devant et derrière) est imposé, et tout abandon doit être déclaré.
Résultat : chaque décision sur le terrain repose sur l’athlète, sa lecture de carte et sa gestion de l’allure dans un terrain d’une difficulté inouïe.
Le Decision Point, cœur de la dramaturgie
Cœur dramaturgique de la BFC, le « Decision Point » survient tard dans la journée. Les coureurs y font face à un choix tranché : basculer vers un marathon avec une fin roulante (moins d’un mile de descente) ou s’engager « all-in » sur le 50 km complet.
Mais la règle est sans appel : une fois la branche 50 km choisie, impossible de revenir valider un marathon. Ce sera finisher 50 km… ou DNF. Cette architecture façonne la course : la majorité sécurise le marathon, et les finishers 50 km restent une minorité chaque année.
Les avertissements de Lazarus Lake
Le règlement n’est pas là pour le style. Hier encore, Lazarus Lake a rappelé la ligne : n’oubliez pas votre carte (des DNF en 2024 tenaient à cet oubli), n’attendez pas un balisage exhaustif aux intersections, et sachez que le nouveau départ depuis la prison renforce l’isolement : passé la « troisième muraille » des montagnes, il n’y a pas de retour facile.
Le seul rapatriement organisé — le fameux « bus de la honte » — n’est accessible qu’au prix d’une longue marche. L’autre option, par hélicoptère médical, se paie au prix fort. En filigrane : « l’aide ne viendra pas », mieux vaut savoir dans quoi on s’engage.
Qui a déjà remporté la Barkley fall classic ?
Côté palmarès, la BFC a déjà forgé quelques repères. De 2014 à 2024, on retient, entre autres, les victoires de Darren Thomas et Kathy Smith lors de la première édition (alors au format 30 miles), les chronos de référence 2015 avec Scott Breeden (7 h 37) et Alicia Rich (8 h 57), la victoire de Benoît Laval en 2018, la double victoire d’Andrea Larson (2021, 2022), et la régularité remarquable de Christiana Rugloski (gagnante 2023 et 2024, plusieurs top-temps historiques).
Récemment, Tim Landy (9 h 06) et Rugloski (9 h 32) se sont imposés en 2024 ; en 2023, c’est le Français Maxime Gauduin (9 h 13) qui s’est offert la première place masculine.
Le contraste avec la grande Barkley
Deux constats intéressants pour situer l’enjeu.
D’abord, les éditions 2015 et 2020 ressortent comme « rapides » à la lecture des meilleurs temps historiques, signe d’un tracé, d’une météo ou d’un état de forme collectifs favorables.
Ensuite — et c’est un fait marquant — aucun vainqueur de la BFC n’a, à ce jour, terminé la grande Barkley (les cinq boucles dans le temps imparti). Gagner la BFC ouvre une porte : les vainqueurs homme et femme reçoivent un dossard garanti pour la Barkley du printemps suivant. Mais franchir ce seuil ne préjuge pas de devenir « finisher » ; au mieux, certains décrochent un « Fun Run » (trois boucles), déjà rarissime.
Les conditions météo attendues
Le départ sera donné à 7 h (13 h en France). Traditionnellement, les températures matinales restent fraîches dans les sous-bois avant de monter franchement l’après-midi, ce qui peut peser sur les décisions au Decision Point et la capacité à « relancer » sur les portions roulantes. Les prévisions, qui semblent plutôt clémentes, annoncent environ 15 °C au départ, puis 27 à 29 °C dans l’après-midi, avec un ciel partiellement ensoleillé.
Comment suivre en livre la Barkley Fall Classic depuis la France (malgré tout)
Pour suivre la course, il faut accepter une couverture minimaliste : pas de live-tracking GPS (cohérent avec l’interdiction du GPS), des nouvelles qui remontent surtout via le groupe Facebook « The Barkley Fall Classic », parfois un fil d’« updates » le jour J, puis des classements publiés après coup sur la page UltraSignup.
Comme pour la grande sœur, si on veut réellement suivre la course, il faut aller au cœur du parc de Frozen Head.
Il y a tout de mêmes deux endroits où vous rendre pour suivre la course
- ce compte archi confidentiel ici
- cette page ici
- et bien sûr ce que Mathieu Blanchard laissera filtrer ici
Mathieu Blanchard face au défi
Et Mathieu Blanchard, dans tout ça ? Son engagement relève moins d’un simple détour au calendrier que d’un véritable test. S’ il avait récemment annoncé douter de sa participation un jour à la Barkley, il semble avoir changé d’avis.
Ou du moins venir tester le terrain. Car la Barkley Fall Classic n’est pas une course de vitesse, mais un terrain qui met à l’épreuve la patience, la lucidité et la capacité à aller chercher des ressources quand l’énergie décline.
Pour Blanchard, c’est un défi radical, très loin de l’entraînement millimétré d’une course classique, ou de la préparation minutieuse de la Yukon Arctic. Ici il s’agit de s’exposer à l’inconnu et à l’impréparable. S’ il a prouvé qu’il était capable de hautes performances et d’une grande résistance, il doit ici faire preuve également d’intelligence et d’adaptabilité. Tout se joue dans la gestion des imprévus et à ne faire aucun mauvais choix. Ici avoir un bon mental ne signifie pas uniquement être capable de pousser au-delà de ses limites, mais également prendre le temps de réfléchir et de décider sagement.
La Barkley Fall Classic n’a rien d’un simple 50 kilomètres. C’est une épreuve conçue pour déstabiliser, fatiguer et mettre chaque coureur face à lui-même. Pour Mathieu Blanchard, le rendez-vous de ce week-end sera moins une question de classement qu’une confrontation directe avec l’esprit Barkley : accepter l’incertitude, faire des choix irréversibles, avancer sans repères familiers. Qu’il en sorte marqué ou galvanisé, une chose est sûre : l’expérience sera un jalon marquant dans sa trajectoire d’ultra-traileur.
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