Trail et dopage : les glucocorticoïdes au cœur de la controverse
Chesang en 2022, Kangogo la même année, Chepngeno en 2025. Trois cas, trois fois la même molécule : la triamcinolone acétonide. Derrière ce nom se cache une famille de médicaments largement utilisés en médecine — les glucocorticoïdes — qui posent problème dans le sport de haut niveau. Leur récurrence, combinée au renforcement des contrôles dans le trail, annonce un tournant majeur.
Le dopage dans le trail : comprendre les glucocorticoïdes
À long terme, ils présentent des risques sérieux : fragilisation des tissus, baisse de l’immunité, catabolisme musculaire.
La WADA (Agence mondiale antidopage) classe les glucocorticoïdes dans la catégorie S9 de sa liste de substances interdites.
Beaucoup d’affaires proviennent d’erreurs de calendrier : un traitement administré trop proche d’une compétition reste détectable. Mais la règle est claire : responsabilité stricte. L’athlète est responsable de ce qui entre dans son corps.
Volontaire ou erreur ?
– Non intentionnel (erreur, méconnaissance, injection sans AUT) → 2 ans.
Pourquoi autant de cas de dopages à Sierre Zinal
Depuis 2022, trois athlètes kényans ont été disqualifiés après leur victoire à Sierre-Zinal : Esther Chesang, Mark Kangogo et Joyline Chepngeno. La répétition intrigue, mais elle s’explique par plusieurs facteurs.
D’abord, le statut unique de la course.
Créée en 1974, Sierre-Zinal est l’une des plus anciennes et prestigieuses épreuves de montagne, surnommée la « course des cinq 4000 ». Pour les élites européennes et américaines, c’est une étape mythique ; pour les Kényans et Éthiopiens, c’est souvent la porte d’entrée sur le marché international du trail. En réunissant ces mondes, la course devient un carrefour incontournable, où les performances sont scrutées et les victoires particulièrement visibles.
Ensuite, la rigueur de son dispositif antidopage.
Contrairement à la majorité des trails, Sierre-Zinal met en place chaque année des contrôles systématiques en partenariat avec Swiss Sport Integrity et la WADA, avec analyses dans des laboratoires accrédités. Là où d’autres courses testent peu, voire pas du tout, SZ choisit d’être proactive. Si des cas sont révélés ici, c’est parce que le filet est plus serré.
Enfin, Sierre-Zinal joue un rôle de vitrine et de filtre.
Pour beaucoup d’athlètes africains, c’est la première confrontation directe avec les standards du trail mondial et les contrôles associés. Ce qui pourrait passer inaperçu ailleurs est détecté ici.
La montée en puissance de la lutte antidopage
WADA : fixe la liste des substances interdites et les standards mondiaux.AIU (Athletics Integrity Unit) : organe de World Athletics, gère les cas de dopage dans l’athlétisme, y compris le trail et la course en montagne.Agences nationales (Swiss Sport Integrity, AFLD…) : réalisent les contrôles, prélèvent les échantillons, envoient aux laboratoires.Quartz : programme indépendant de suivi médical, non punitif, qui peut déclarer un athlète inapte pour raisons de santé mais pas le sanctionner.Organisateurs (UTMB, Templiers, Sierre-Zinal) : peuvent compléter les contrôles par des politiques santé et de prévention.
Vers un tournant culturel
Lire aussi
- Ban des Milimani Runners : les Kenyans grillés à tout jamais dans le trail
- L’UTMB éclaboussé par une affaire de dopage
- Sierre-Zinal : Joyline Chepngeno perd sa victoire pour dopage, son coach suspendu
- UTMB : la kenyane première de l’ OCC prise pour dopage sur la Sierre Zinal
Lire encore
- Les deux gagnants Sierre Zinal étaient dopés !
- Un stage au Kenya peut-il sauver Clémence Calvin et l’aider à se qualifier pour les JO ?
- Direct Sierre Zinal : live et streaming pour suivre Kilian Jornet depuis la France