Nager pour mieux courir : un atout sous-estimé
Quand on parle de diversification en trail, on pense souvent au vélo ou au ski de rando. Mais la natation reste l’un des outils les plus efficaces et les plus intelligents pour enrichir une préparation. En plus de soulager les articulations, elle permet de renforcer le haut du corps, d’améliorer la posture et d’aérer la tête. À condition de bien la doser.
Nager # courir : impact zéro, bénéfices maximum pour le trail
La course à pied est un sport traumatisant. Chaque foulée martèle le sol, chaque descente dévore les quadriceps, chaque sortie longue use les tendons. La natation, à l’inverse, propose un environnement doux, sans impact. Flottant dans l’eau, le corps se régénère pendant que le système cardio-respiratoire continue de travailler. C’est l’outil parfait pour maintenir un haut niveau de forme lors des phases de récupération ou en cas de blessure.
Un travail global souvent négligé par les traileurs
Les traileurs privilégient naturellement les jambes. Or, en natation, tout le corps est sollicité. Crawl, dos, brasse : chaque nage active les muscles posturaux, les abdominaux profonds, les épaules et les bras. Ce gain de tonicité se traduit sur les sentiers par une meilleure stabilité, une foulée plus fluide, un port de tête plus relâché dans les longues montées.
Un complément mais pas une substitution
Il faut être clair : nager ne remplacera jamais une séance de fartlek ou une sortie en terrain technique. Le transfert de performance reste partiel. Vous ne travaillerez ni votre cadence de course, ni vos appuis, ni votre lecture de terrain. En revanche, pour remplacer un footing de récupération ou préserver une dynamique cardio sans aggraver une douleur naissante, la natation est idéale.
Blessure ? Douche, piscine, retour
Tendinite du TFL, périostite tibiale, douleur rotulienne… Ces petits bobos classiques du coureur ne vous interdisent pas forcément de vous entraîner. En remplaçant certaines séances par de la natation douce (crawl ou dos en priorité), vous restez actif, vous continuez de transpirer, tout en donnant une chance à votre corps de cicatriser. C’est un excellent compromis pour garder le moral et limiter la perte de condition.
Swimrun, triathlon : l’école de la polyvalence
De plus en plus de traileurs se laissent tenter par des formats hybrides : swimrun, triathlon, raids multisports. Dans ces disciplines, savoir bien nager devient un vrai levier de performance. Et même si ce n’est pas votre objectif, l’adaptation qu’impose la nage — respirer sous contrainte, gérer des transitions, travailler en hypoxie — forge un mental utile sur ultra.
Double séance : piège ou bonus ?
Certains coureurs intègrent la natation comme deuxième séance dans la journée. C’est une pratique intéressante à condition d’adopter une stratégie claire. Par exemple : fractionné en côte le matin, puis récupération active en piscine le soir. Ou encore séance de technique aquatique le lundi soir, après la sortie longue du dimanche. L’objectif est toujours le même : construire sans détruire.
Technique avant tout : l’erreur du bourrin
Un nageur médiocre va très vite s’épuiser pour peu de bénéfices. Il vaut mieux 30 minutes de crawl bien tenu que 60 minutes de brasse anarchique. Quelques séances encadrées par un maître-nageur peuvent transformer votre rapport à l’eau et vous aider à vraiment progresser.
Intégrer la natation dans votre plan trail
Commencez par une séance par semaine, plutôt les jours calmes ou après une sortie exigeante. Évitez de placer une grosse séance natation la veille d’un entraînement clé en trail. Et n’oubliez pas : le plaisir compte. L’eau offre une forme de liberté, de relâchement mental qui fait parfois défaut aux coureurs obsédés par leurs chronos et leurs pentes.
Nager, c’est aussi courir
Intégrer la natation dans une préparation trail, ce n’est pas trahir la course. C’est la prolonger autrement. C’est entretenir la machine sans l’user. C’est apprendre à écouter son corps, à varier les sollicitations, à progresser sans se cramer. Dans une discipline où la gestion est reine, où l’écoute de soi fait souvent la différence entre abandon et finish, la natation n’est pas un luxe. C’est une clé de longévité.