L’UTMB 2025 restera dans les mémoires. Non pas seulement pour les performances de Tom Evans ou de Ruth Croft, mais parce qu’il marque un basculement profond : celui de la fin d’un cycle, d’une époque, presque d’un mythe.
Les figures emblématiques, les marques historiques, les valeurs soi-disant intemporelles du trail sont toutes bousculées. Et ce n’est pas un hasard.
Sur l’UTMB, des rendez vous manqués
D’Haene : retour… avorté
François D’Haene devait faire de son retour sur l’UTMB un symbole de renaissance. Il n’en fut rien. Après une triple fracture de la cheville et une longue convalescence, le quadruple vainqueur a repris la course avec envie… mais sans jambes. Il abandonne au kilomètre soixante-huit, lucide, digne, mais clairement en retrait. L’ultra-trail ne fait pas de cadeau, même à ses légendes.
Courtney Dauwalter : la démonstration humaine
Elle incarnait l’invincibilité. Depuis 2021, Courtney Dauwalter avait aligné les records, les dossards gagnants, les sourires. En deux participations à l’UTMB, elle n’avait jamais connu la défaite. Et pourtant… Cette année, la star américaine a plié. Dixième. Pas d’excuse, pas d’accident : juste une défaillance progressive, irrévocable. La montagne a parlé, et même les reines doivent s’incliner.
Casquette Verte : la hype est passée
Suivi de près par ses fans, Alexandre Boucheix alias Casquette Verte avait annoncé un objectif raisonnable : « prendre la température ». Résultat : 61e, loin du top trente rêvé. Le mental est là, l’entraînement aussi, mais les commentaires sur cette TDS 2025 montrent une réalité crue : les haters sont de plus en plus nombreux. Le storytelling ne suffit pas.
Salomon : une marque à la croisée des chemins
Le bilan de Salomon est brutal : pas de podium chez les hommes, des abandons, une discrétion médiatique inhabituelle. Kilian Jornet est parti. D’Haene est diminué. Courtney s’essouffle. Et la jeune garde tarde à percer. Pendant ce temps, Asics triomphe, Hoka vend, Nike s’invite, The North Face communique. Salomon reste respectable, mais ne domine plus. Le trail est devenu un marché, et le marché ne connaît ni nostalgie ni fidélité.
Les puristes : l’identité du trail se dilue
Chamonix ressemblait plus à un salon de l’outdoor qu’à un village de montagne. Les puristes grincent des dents. Dossards solidaires à mille euros, sentiers malmenés, influenceurs omniprésents… l’UTMB 2025 a définitivement changé de visage. Le trail à l’ancienne a disparu. Place au spectacle. Et tant pis pour ceux qui rêvaient encore de croiser Bruno Brunod au détour d’un sentier sans caméra.
La relève
Heureusement, 2025 n’a pas été qu’un enterrement. Clemquicourt et Théo Détienne auront fait vibrer Chamonix. Pour ce dernier, une chute, puis une deuxième, ont fini par l’écarter de la course. Mais quel panache. Ces deux-là, et quelques autres, portent peut-être les débuts d’une nouvelle ère. Moins « légendaire », plus technique, plus dure aussi.
L’UTMB 2025 ne célèbre pas seulement les vainqueurs. Il nous raconte une histoire plus large. Celle d’une fin de cycle. Les héros d’hier reculent. Les marques changent. Le trail devient mondial, marketing, exigeant. Il faudra s’y faire. Mais peut-être aussi s’en réjouir : car toute fin d’époque annonce le début.