UTMB 2025 : François D’Haene n’a plus le niveau pour gagner

François d’Haene n’a jamais vraiment disparu, mais il n’est plus le même. Depuis sa grave blessure en 2022 — une triple fracture de la malléole — François D’Haene reste exceptionnel sur les formats très longs, très alpins. Sa victoire sur le Tor des Géants et son record sur la Nolan’s 14 l’ont prouvé : il peut encore encaisser des efforts monstrueux sur plus de 30 heures. Mais sur une course rapide comme l’UTMB, où il faut courir sans relâche, où les appuis doivent être nets, stables, réguliers pendant 170 kilomètres, les choses sont moins simples. Car cette cheville-là, même si elle tient, n’a plus tout à fait la même mobilité. Et ça change tout.

Chaussures Trail Hoka Speedgoat 6

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François d’Haene fut longtemps l’homme à battre sur 100 miles.

En 2021, François D’Haene remportait l’UTMB pour la 4e fois, avec une facilité presque insolente. Mais en 2025, l’immense champion arrive à Chamonix dans une posture radicalement différente : outsider. Voire moins. Si on se fie aux données objectives, son niveau de performance actuel semble loin des standards nécessaires pour espérer l’emporter.

Et ce constat n’est pas qu’une impression : l’index UTMB de François D’Haene est aujourd’hui de 865.

Il est loin des 900+ qui marquent l’élite mondiale, derrière les favoris comme Ben Dhiman, Germain Grangier, Thibaut Garrivier ou Tom Evans. Même Ludovic Pommeret, de la même génération que lui, affiche un index à 896.

Alors que s’est-il passé ?

Une blessure plus lourde qu’annoncé

Officiellement, François D’Haene s’est blessé fin 2022, avec une triple fracture de la malléole. Il a parlé de convalescence longue, de doutes, et d’une perte de mobilité. Ce qu’on sait moins, c’est que cette blessure aurait été plus grave qu’annoncée. En off, on parle de complications ligamentaires et cartilagineuses, de mobilité toujours partielle, et de douleurs récurrentes. Il aurait même envisagé d’arrêter la compétition longue distance en 2023.

Entre la Hardrock 2022 (2e) et la Diagonale des Fous 2023 (8e), François D’Haene ne termine aucun 100 miles. En 2024, il abandonne à la Hardrock. Pourtant, deux mois plus tard, il signe une victoire d’anthologie au mythique Tor des Géants (330 km, 24 000 m D+), en 69 h 08 ’ 32”. Malgré ce retour tonitruant sur ultra extrême, rien de cela n’est pris en compte par l’index UTMB — qui, à ses yeux, reste aveugle à ce type d’exploits.

Son index UTMB est donc le reflet d’une activité réduite, mais pas de son potentiel actuel.

Depuis le printemps, les signaux de forme sont bien plus clairs. François D’Haene remporte le Transylvania 100 au mois de mai. Puis, début juillet, il pulvérise le record du Nolan’s 14, l’un des défis alpins les plus sauvages des États-Unis. Deux preuves qu’il peut encore dominer le très long. Mais là encore : rien de tout cela ne compte vraiment dans l’algorithme UTMB.

Sur le plan des chiffres, il reste sous-coté. Mais sur le plan du vécu, il revient en force. Un retour convaincant en 2025

Le problème, c’est que l’UTMB n’est plus tout à fait le terrain de jeu idéal pour lui.

L’évolution du trail ne joue pas en sa faveur

Depuis 2021, le très haut niveau en trail a basculé vers un modèle plus scientifique, plus rapide, plus exigeant. Les élites tournent à 100-120 grammes de glucides par heure, s’entraînent à maintenir une allure GPS constante pendant 20 heures, et réduisent au maximum les temps de marche.

François D’Haene, c’était le roi du mode zombie : celui qui survit quand les autres s’écroulent. Mais en 2025, la victoire se joue à la vitesse plus qu’à la résistance. Ce n’est pas un hasard si Jim Walmsley a mis trois ans à s’adapter. Et ce n’est pas un hasard si ceux qui gagnent aujourd’hui ont tous des profils de coureurs avant d’avoir des profils de montagnards.

Et pourtant…

Et pourtant, il reste ce doute. Cette faille dans la logique. Car François D’Haene a toujours été plus qu’un simple coureur. Il est une légende. Il connaît chaque virage du Mont-Blanc, chaque montée où il faut temporiser, chaque descente où il faut relancer. Il court sans pression, sans sponsor à convaincre, sans plan marketing à honorer. Il est là pour vivre quelque chose. Et parfois, c’est là que les plus grands coups ont lieu.

Alors oui, on doute. Oui, on voit mal comment il pourrait tenir la cadence des Evans, Albon, Grangier ou Dhiman. Mais s’il pleut ? S’il fait froid ? Si la course explose ? S’ils explosent tous, sauf lui ?

Pourquoi on pourrait se tromper

Parce que c’est François D’Haene. Parce qu’il nous a déjà prouvé que la logique ne s’applique pas toujours à lui. Parce qu’il est capable de traverser 20 heures de course en silence, sans signe extérieur de fatigue, pendant que tout le monde s’effondre. Parce qu’il ne court pas pour prouver quoi que ce soit, mais pour aller au bout de ce qu’il aime. Et parfois, c’est justement dans cette absence de calcul qu’un coureur devient imbattable.

Si la météo tourne, si les favoris explosent, si la nuit devient longue… il sera encore là. Alors oui, peut-être qu’on se trompe. Et quelque part, on espère que oui.

Et si jamais il ne gagne pas ? Ce n’est pas grave. Il restera l’un des coureurs les plus respectés du circuit. Et si jamais il gagne… alors on sera les premiers à être contents de nous être trompés.

Résumé

François D’Haene, quadruple vainqueur de l’UTMB, fait son grand retour en 2025 après trois ans d’absence. Si son palmarès force le respect, plusieurs signaux interrogent : un index UTMB en retrait (865), une blessure sérieuse en 2022, une génération montante affûtée, et une course de plus en plus rapide où les élites carburent à 120 g de glucides/heure. Pourtant, ses résultats récents (victoire à la Transylvania 100, record du Nolan’s 14) montrent un retour en forme indéniable.

Son index, calculé sur les cinq dernières années, ne reflète pas son potentiel réel ni sa condition actuelle. Ce coureur atypique, discret et résilient, pourrait bien créer la surprise si les conditions de course tournent à son avantage.

Alors peut-il encore gagner ? Statistiquement, c’est peu probable. Sportivement, ce n’est pas impossible. Et humainement, quoi qu’il arrive, on l’aimera toujours autant.

🔍 FAQ

Combien de fois François D’Haene a-t-il gagné l’UTMB ?

Quatre fois : en 2012, 2014, 2017 et 2021. Il partage le record avec Kilian Jornet. Particularité notable : il n’a jamais perdu un UTMB qu’il a terminé.

Quel est son meilleur chrono à l’UTMB ?

Son meilleur temps a été réalisé en 2021 avec 20h45’59, dans des conditions météo difficiles. C’est le 6e chrono de l’histoire (hors records de Courtney et Schide), mais dans une année où tous les autres favoris ont explosé.

Pourquoi dit-on qu’il n’a jamais été aussi fort… alors qu’il pourrait ne plus gagner ?

Parce que son niveau physiologique brut (VO2max, capacité musculaire, rendement) semble intact — mais le trail moderne a changé. Il ne suffit plus d’encaisser : il faut maintenir des allures GPS précises pendant 20h, absorber 100-120 g de glucides/heure, et courir sur du roulant. Là où D’Haene excellait dans le « mode zombie », il est aujourd’hui confronté à des coureurs qui ne ralentissent plus.

Son record sur la Nolan’s 14 est-il un argument pour l’UTMB ?

Oui… et non. La Nolan’s 14 est un défi off-trail ultra-technique de plus de 100 km avec 14 sommets à +4200 m d’altitude. Il a battu le record de 10 heures. Cela montre sa capacité à s’entraîner et performer. Mais cette épreuve est plus proche du style Hardrock que de l’UTMB, qui demande davantage de vitesse continue que de puissance montagnarde.

Quelle est sa position dans le classement UTMB Index 2025 ?

François D’Haene a un index de 865, ce qui le place très loin des meilleurs de cette édition :

• Jonathan Albon : 926

• Ben Dhiman : 904

• Tom Evans : 910

• Hayden Hawks : 914

• Ludovic Pommeret (50 ans) : 896
  Cela ne reflète pas uniquement son talent, mais aussi son manque de confrontations récentes face à ces profils plus rapides.

Quel rôle joue sa blessure à la malléole en 2022 dans sa carrière ?

Crucial. Sa triple fracture a nécessité plusieurs mois de rééducation, et il n’a repris la compétition qu’en 2024. Plusieurs observateurs notent une perte de mobilité, ce qui pourrait être un vrai désavantage sur un parcours aussi dynamique que l’UTMB, où il faut « relancer » sans cesse. Cela a aussi coïncidé avec un désengagement de son team Salomon sur la saison complète, avant qu’il ne re-signe pour 2025.

Quel est son régime alimentaire et sa gestion nutritionnelle en course ?

Contrairement à certains nouveaux venus (comme Ben Dhiman ou Tom Evans) qui suivent des protocoles de haute précision (glucides, électrolytes, etc.), François est resté fidèle à une nutrition plus « classique » et artisanale : soupe maison, fromage, pain… Cela faisait sa force. Mais en 2025, les écarts de performance se jouent aussi à l’absorption métabolique. Le trail est devenu une science, pas seulement une épreuve de volonté.

Combien de D+ réalise-t-il chaque année ?

Selon ses propres chiffres, François a cumulé plus de 300 000 m de D+ à ski en 2024. Il est l’un des rares traileurs élites à faire plus de dénivelé l’hiver que l’été, ce qui explique son endurance exceptionnelle… mais peut aussi le rendre moins rapide sur terrain roulant en août.

Pourquoi reste-t-il l’un des coureurs les plus respectés du circuit ?

Pour sa constance, sa discrétion, son humilité… et son style. François D’Haene a toujours défendu une vision du trail comme un art de vivre, en lien avec la nature et la lenteur. Vigneron dans le Beaujolais, il symbolise une génération d’ultra-traileurs artisans, face à l’actuelle génération de compétiteurs « technoscientifiques ».

Peut-il encore surprendre et gagner l’UTMB 2025 ?

Oui. Parce qu’il a l’expérience, la science de la gestion d’effort, et une capacité mentale hors norme. Mais il faudra un concours de circonstances : météo favorable, défaillance des favoris, et un D’Haene parfait pendant 20 heures. Ce n’est pas impossible. Mais ce n’est plus le scénario par défaut.

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Les propos tenus dans cet article ne visent aucunement à porter un jugement définitif sur le niveau actuel de François D’Haene, mais à analyser, avec respect et recul, les données publiques disponibles (résultats, index UTMB, déclarations, calendrier de course). Il ne s’agit pas d’une remise en cause de l’immense carrière de l’athlète, ni d’une spéculation malveillante sur sa forme, mais d’un travail journalistique effectué de bonne foi basé sur l’observation et l’évolution sportive. Si l’avenir venait à contredire nos analyses, nous serions les premiers à nous en réjouir.

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