L‘entrainement trail en 2025, ce qui change
De la science de l’endurance aux approches mentales, le trail change de paradigme
En 2025, le trail running n’est plus seulement une affaire de kilomètres empilés semaine après semaine.
Les plans traditionnels, souvent inspirés de la route ou de la course de montagne, laissent place à des approches plus fines, plus scientifiques et parfois audacieuses. L’objectif n’est plus seulement de “tenir la distance”, mais d’optimiser chaque paramètre : énergie, récupération, mental, technique et efficacité biomécanique.
Si l’on pense immédiatement à David Roche et à son record du Leadville 100 grâce à une préparation atypique, la France n’est pas en reste. Des structures et des athlètes innovent aussi dans leurs méthodes d’entraînement. L’École de Trail®, fondée par Sébastien Cornette, défend depuis plusieurs années une approche qui met l’accent sur la technique de course, le renforcement musculaire et la prévention des blessures. L’idée est claire : progresser sans forcément augmenter le volume, mais en travaillant la gestuelle et la solidité du corps.
Dans un registre plus numérique, l’application RunMotion Coach, née à Chambéry, combine un coaching personnalisé avec de l’intelligence artificielle et un suivi mental. Elle propose des plans adaptatifs capables d’évoluer en fonction de la forme, ce qui démocratise l’accès à un encadrement de qualité pour des milliers de traileurs.
Enfin, certains athlètes de haut niveau, comme Ludovic Pommeret, vainqueur de l’UTMB et de la Hardrock 100, ont intégré des techniques issues de la préparation scientifique. Lui a notamment recours à une tente hypoxique simulant une altitude de 2 500 mètres pendant plusieurs semaines, une méthode encore rare en dehors des cadres fédéraux mais qui illustre le chemin que prend le trail : une discipline désormais préparée comme les grands sports d’endurance.
Ces exemples montrent que l’innovation ne vient pas seulement des États-Unis. En France aussi, le trail s’ouvre à de nouvelles pratiques, mêlant pédagogie, numérique et sciences de l’entraînement.
Les 6 clés de l’entrainement trail en 2025
1. La révolution nutritionnelle : plus de glucides, mieux tolérés
Pendant des années, la règle tacite était claire : consommer entre 60 et 90 grammes de glucides par heure. En 2025, cette barrière vole en éclats.
-
David Roche a montré que l’on pouvait monter jusqu’à 120 à 150 g/h, en combinant gels, boissons et produits spécifiques comme ceux développés par Maurten ou Precision Fuel.
-
L’objectif : maintenir une intensité élevée plus longtemps, sans effondrement glycogénique.
-
Les progrès viennent aussi de la formulation : l’ajout d’hydrogel et de maltodextrine-fructose permet de limiter les troubles digestifs.
Cette approche, héritée du cyclisme, transforme le visage des courses longues. Les coureurs capables d’assimiler de tels volumes énergétiques arrivent frais plus loin dans l’épreuve, comme on l’a vu récemment à l’UTMB ou à la Western States.
2. Moins de volume, plus de qualité
Le vieux dogme du “100 miles = 100 miles d’entraînement par semaine” s’efface. Les entraîneurs de la nouvelle génération insistent davantage sur la qualité :
-
Kilométrage hebdomadaire plus bas (100-120 km au lieu de 150-180), mais structuré avec des blocs de travail ciblés.
-
Intervalles courts en côte pour booster le VO₂ max et la puissance ascensionnelle.
-
Séances de tempo en descente pour préparer les quadriceps à encaisser les chocs répétés.
-
Renforcement musculaire systématique (squat, gainage, proprioception) pour retarder la fatigue et réduire le risque de blessure.
Cette approche permet aux coureurs amateurs de progresser sans se brûler et aux élites de durer plus longtemps dans la saison.
3. L’entraînement par la chaleur et la récupération active
Autre tendance majeure : utiliser la chaleur comme un levier physiologique.
-
Les séances de sauna ou de bains chauds sont désormais courantes pour stimuler la production de globules rouges, un effet comparable à un stage en altitude.
-
Des études récentes montrent que 20 à 30 minutes post-entraînement suffisent à déclencher une adaptation bénéfique.
-
Certains intègrent aussi des protocoles de “heat training”, comme courir avec plusieurs couches de vêtements, pour simuler le stress physiologique.
En parallèle, la récupération active prend le pas sur le repos passif. Vélo, natation ou randonnée avec sac lesté permettent de maintenir un volume cardiaque élevé sans abîmer la mécanique de course.
4. Le mental au cœur de la préparation
Le trail n’est pas qu’une question de jambes. La dimension psychologique prend de plus en plus de place.
-
Les coachs comme Roche intègrent des mantras positifs (“Impressionne-toi toi-même”, “Rêve en grand”), non pas comme des gadgets, mais comme des outils de gestion de l’effort.
-
La visualisation de course et la préparation aux scénarios difficiles (crises digestives, sommeil, météo extrême) sont devenues des exercices réguliers.
-
L’usage de la méditation pleine conscience et de la cohérence cardiaque aide les coureurs à mieux tolérer la fatigue mentale et physique sur les ultras.
On observe aussi une banalisation de l’accompagnement psychologique, longtemps tabou dans le sport outdoor, mais désormais assumé par des élites comme Courtney Dauwalter.
5. La technologie comme partenaire d’entraînement
Les montres GPS de nouvelle génération (Garmin Fenix 8, Coros Vertix 2S, Suunto Vertical) ne se contentent plus de mesurer la distance. Elles deviennent de véritables laboratoires ambulants :
-
Analyse de la variabilité de la fréquence cardiaque (HRV) pour ajuster la charge quotidienne.
-
Capteurs de puissance en course à pied pour quantifier l’effort indépendamment du terrain.
-
Outils de récupération (oxymètre, suivi du sommeil, estimation du niveau de stress).
-
Intégration des données dans des plateformes intelligentes capables de proposer des plans adaptatifs.
La donnée ne remplace pas l’expérience, mais elle offre aux coureurs des repères objectifs pour éviter le surentraînement et calibrer leurs blocs de travail.
6. Des approches hybrides : croiser les disciplines, l’entrainement croisé
Le trail 2025 n’est plus cloisonné. Les athlètes puisent dans d’autres sports pour progresser :
-
Cyclisme pour développer l’endurance sans traumatismes articulaires.
-
Ski-alpinisme en hiver, pour travailler la puissance ascensionnelle.
-
Musculation fonctionnelle type CrossFit, afin d’améliorer la résistance musculaire globale.
-
Randonnée avec sac lesté, très en vogue, pour simuler la fatigue d’un ultra sans volume de course excessif.
Cette hybridation élargit les outils disponibles et permet une progression plus équilibrée.
En 2025, l’entraînement trail ne se résume plus à “sortir longtemps en montagne”. Il s’appuie sur la science, la technologie, la nutrition, mais aussi sur le mental et la récupération. Des figures comme David Roche incarnent cette révolution, prouvant qu’il est possible de battre des records vieux de 30 ans grâce à des méthodes nouvelles.
Pour les coureurs amateurs, l’enjeu n’est pas de copier à l’identique, mais de s’inspirer : apprendre à mieux s’alimenter, varier ses intensités, intégrer du renforcement et respecter la récupération. Le trail est en train de changer de dimension, et chacun peut en tirer profit pour progresser sans se blesser.
Lire d’autres informations sur l’entrainement trail
- En trail, faut-il s’entrainer par bloc ou par cycle ?
- Révolutionnez votre entrainement trail avec les méthodes de la championne de tennis Loïs Boisson
- Loïs Boisson : comment son entraînement basé sur les neurosciences peut révolutionner votre manière de courir
- David Roche révolutionne l’entraînement trail
- Week-end choc : le volume et la récupération sont la clé