Le mythe – Depuis des années, une idée revient sans cesse dans les discussions entre coureurs, dans les médias ou même dans certains articles scientifiques : les femmes seraient plus endurantes que les hommes, surtout quand les distances s’allongent. Certains y voient une revanche physiologique, d’autres une évolution naturelle vers l’égalité des performances dans l’ultra.
Ce mythe s’est renforcé au fil des exploits de Courtney Dauwalter, capable de dominer des pelotons mixtes sur des courses extrêmes, et s’appuie sur une hypothèse largement relayée : les femmes seraient plus efficaces dans la mobilisation des graisses, ce qui leur offrirait un avantage métabolique sur les efforts très longs.
Mais une nouvelle étude menée par Grégoire Millet, publiée en juillet 2025 dans Sports Medicine – Open, vient pulvériser cette croyance… du moins en montagne.
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Ce que dit vraiment la science sur l’endurance des femmes dans le trail
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L’étude compare les écarts de performance entre hommes et femmes sur différentes distances et profils. Résultat : plus le terrain est montagneux, plus l’écart se creuse.
- Sur route, les femmes restent proches : environ 9 à 12 % de différence avec les hommes sur marathon.
- Mais sur des ultras alpins comme l’UTMB ou la CCC, cet écart grimpe à 18 % voire plus.
Exemple marquant : sur la CCC 2024 (101 km, 6500 m D+), le vainqueur masculin a couru en 9h53, la première femme en 11h40.
Pourquoi cet écart ? Trois explications clés
1. Les montées et descentes changent tout
L’ultra-trail, ce n’est pas un marathon sur terrain plat. La puissance musculaire est décisive en montée, et les femmes sont pénalisées par une masse maigre plus faible et une proportion moindre de fibres rapides.
En descente aussi, les écarts se maintiennent, peut-être à cause de différences dans la prise de risque ou la densité de performance.
Résultat : les femmes perdent deux fois plus de temps que sur route, juste à cause du relief.
2. L’altitude défavorise le système respiratoire féminin
À mesure qu’on monte, l’oxygène diminue. Et là encore, la physiologie joue contre les femmes : poumons plus petits, ventilation moins efficace, hypoxie plus marquée. Elles dépensent plus d’énergie pour respirer et récupèrent moins vite.
Conclusion : à altitude égale, les femmes ventilent plus difficilement et fatiguent plus vite.
3. Le froid, ennemi silencieux
En montagne, on passe rapidement de la chaleur en vallée au froid des crêtes. Les femmes, avec une masse musculaire moindre et une surface corporelle plus exposée, produisent moins de chaleur et perdent plus vite des calories.
Et ce n’est pas tout : elles sont aussi plus sujettes au syndrome de Raynaud, aux engelures et aux pertes de lucidité liées au froid.
Un écart physiologique… mais pas une fatalité
Faut-il en conclure que les femmes sont moins capables que les hommes en ultra-trail ? Non.
L’étude insiste sur un point essentiel : ces différences sont mécaniques et physiologiques, pas mentales ni stratégiques. D’ailleurs, les femmes adoptent souvent une gestion de course plus prudente, plus régulière et parfois plus efficace sur les longues durées.
Et certaines athlètes, comme Courtney Dauwalter, ont déjà démontré qu’il était possible de rivaliser avec les meilleurs hommes… dans certaines conditions.
Ce que ça change pour l’entraînement
L’intérêt de cette étude n’est pas de creuser l’écart, mais au contraire d’adapter la préparation.
Pour les traileuses, cela signifie :
- Travailler la puissance musculaire en montée
- Prévoir une acclimatation à l’altitude progressive
- Soigner la gestion thermique et le choix du matériel
Côté organisateurs, cela pose aussi une question : faut-il repenser certains formats ou barrières horaires pour éviter une sur-représentation masculine à l’arrivée ?
Grégoire Millet ne cherche pas à provoquer. Il met juste en lumière une réalité trop peu analysée : le trail de montagne est un terrain plus inégalitaire qu’on ne le croit, au moins en termes de performance chronométrique.
Derrière le mythe de la “supériorité féminine en endurance” se cache une vérité plus complexe, mais tout aussi passionnante. Une vérité qui devrait guider les entraîneurs, les athlètes… et les commentateurs.
Résumé de l’article
Pendant des années, une idée reçue circulait : les femmes seraient plus endurantes que les hommes sur de très longues distances. Une étude scientifique publiée en juillet 2025 par Grégoire Millet vient contredire ce mythe, en démontrant que les femmes sont physiologiquement désavantagées en ultra-trail de montagne. Trois facteurs expliquent ces écarts : la difficulté des montées (moins de puissance musculaire), l’impact de l’altitude (système respiratoire féminin plus limité), et la gestion du froid (moins de masse musculaire, plus de perte thermique). Résultat : les écarts de performance sont plus importants en montagne qu’en course sur route.
Mais cela n’empêche pas certaines femmes, comme Courtney Dauwalter, de briller. Ce constat n’est pas un jugement de valeur, mais un appel à adapter l’entraînement et les conditions de course aux réalités du terrain.
FAQ – Femmes et ultra-trail : ce que dit la science
🟠 Les femmes ne sont-elles pas censées mieux mobiliser les graisses ?
Si, elles ont une meilleure flexibilité métabolique. Mais en montagne, ce facteur est secondaire face à des contraintes comme l’altitude, la puissance musculaire ou la thermorégulation.
🟠 L’écart hommes-femmes est-il vraiment plus grand en ultra-trail ?
Oui. Sur des courses comme la CCC ou l’UTMB, l’écart peut monter à 18 %, contre environ 10 % sur marathon.
🟠 Pourquoi les femmes montent-elles moins vite ?
Elles ont en moyenne une masse maigre plus faible et moins de fibres musculaires rapides (type II), essentielles dans les montées longues et raides.
🟠 L’altitude a-t-elle un effet différent selon le sexe ?
Oui. Le système ventilatoire féminin est moins efficace en hypoxie : les femmes s’essoufflent plus vite et récupèrent moins bien.
🟠 Le froid joue-t-il aussi un rôle ?
Oui. Les femmes produisent moins de chaleur musculaire, ont une surface corporelle plus exposée et sont plus sensibles à des troubles comme le syndrome de Raynaud.
🟠 Cela veut-il dire que les femmes sont moins fortes ?
Non. Cela signifie qu’en ultra-trail de montagne, les conditions favorisent davantage les caractéristiques masculines. Mais cela ne remet pas en cause la force mentale, la stratégie ou la capacité des femmes à réussir.
🟠 Que faire avec ces données ?
Adapter l’entraînement des femmes en ciblant puissance, acclimatation à l’altitude, gestion thermique… et pourquoi pas repenser certaines barrières horaires ou formats de course.
Source
- Millet, G.P., Callovini, A. & Raberin, A. Sex-differences in Mountain Ultra-trail Performance: Look at the Scenery. Sports Med – Open 11, 86 (2025). https://doi.org/10.1186/s40798-025-00894-x
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