La compétition est-elle faite pour autre chose que le dépassement de soi ?
Depuis quelques années, la course à pied a progressivement laissé sa place au running. Pour le meilleur et pour le pire (moins pour le meilleur, malheureusement), les organisateurs de course ont adapté leur offre à la demande de médiocrité des runnix, plus soucieux des selfies et de leurs posts aussi longs qu’inintéressants que du goût de l’effort et de l’entraînement.
Les runnix ne comprennent pas qu’on puisse avoir le goût de l’effort
Ainsi, on est passés des courses à peu près normales aux courses dites festives. On a eu droit ainsi aux zombies run, aux color run, et aux marathons alcoolisés. On pensait qu’on avait touché le fond, mais avec les runnix, on a continué de creuser. L’apogée de cette connerie est, selon moi, symbolisée par l’organisation de la Maxi Race, avec deux épreuves, une vraie et une mytho où il n’y a ni chrono, ni classement. Quel intérêt d’appeler encore ça une course… Quand on a le malheur de dire que ça n’a aucun intérêt, on se fait vanner par les runnix, qui ne comprennent pas qu’on puisse avoir le goût de l’effort. Et dans leurs petits cerveaux étriqués, vu qu’ils sont plus nombreux, ils ont forcément raison. La tyrannie du nombre, en somme…
La question se pose alors : est-ce que la compétition a du sens sans dépassement de soi ?
Je pose la question, car naïvement, je pensais que si je ne voulais pas faire de compétition, il me suffisait de ne pas m’y inscrire. A quoi bon faire des courses si on n’a pas la volonté de se dépasser un peu ? Je ne parle même pas de l’ambition de faire un classement, car là, c’est clairement un autre niveau. En revanche, l’ambition de se faire un peu mal, de se faire violence, de se dépasser et d’aller chatouiller un peu ses limites, ça me semble être la base en course…
Aussi, ça ne vous étonnera pas, je ne conçois pas qu’il soit possible de m’inscrire à une course sans avoir envie d’aller chercher un record. A la limite, quand on prépare un marathon, faire un semi dans sa prépa en guise de répétition générale, ok. Mais je ne vois pas d’autre cas…
Quand on cherche une définition du concept de compétition sur Google, on trouve quelque chose comme « la confrontation de « concurrents » ou d’équipes pratiquant une activité sportive dans le cadre de règles fixées (…) ; La comparaison des résultats et/ou des performances des sportifs et/ou de leurs équipes est faite par des juges ou des arbitres, sur la base de règles et critères propres à chaque sport. Ceci permet in fine de désigner une équipe gagnante ou d’attribuer un titre « champion », un prix, une médaille, etc. au vainqueur d’une ou plusieurs épreuves. Le gagnant est alors généralement considéré comme faisant partie de l’élite du sport. »
Blasphème sportif
A partir du moment où en compétition, il y a confrontation entre sportifs et comparaison des résultats, je ne vois aucun intérêt de s’inscrire à une compétition « pour le fun », et encore moins à s’inscrire à une compétition sans classement ni chrono. En parler encore comme d’une compétition est à la limite du blasphème sportif et ça revient à insulter tant les professionnels dont c’est le métier que les amateurs qui ont envie de s’entraîner, de progresser, d’évoluer…
Donc, une bonne fois pour toutes, je n’ai aucun problème avec les personnes qui ne sont pas intéressées par la compétition. Mais alors, qu’elles arrêtent de faire des courses, et surtout, qu’elles arrêtent de se croire au dessus des autres du fait qu’elles sont nombreuses. Et surtout, qu’elles s’entraînent au lieu de raconter leur vie sur les réseaux sociaux.
Y’en a certains, s’il s’entraînaient autant qu’ils postent, ils auraient un sacré palmarès…