Notre titre en forme de question est presque optimiste. Le trail n’a-t-il pas été d’ores et déjà euthanasié par nos « amis » youtubeurs. Vous savez, ces zébulons numériques qui se multiplient grâce à la magie des réseaux sociaux et qui aiment pratiquer le « partage » avec code promo à la clé. Phénomène …
« Bonjour à tous les ami.e.s, aujourd’hui nous sommes sur le trail de … mon cul-sur-la commode … ». Le youtubeur est toujours de bonne humeur face caméra (en réalité, face perche-à- selfie) et entretient la proximité avec SON public. Et sinon …
Et sinon pas grand-chose en réalité. Une fois, votre serviteur a pu apprécier une vidéo de youtubeur (Diag’ des Fous), laquelle offrait il faut l’avouer quelques beaux panoramas. Merci la Réunion ! Mais à part cela, c’est selon nous un vecteur de Néant. Pourquoi ? On vous raconte tout.
Trail en video : de la niaiserie pseudo-positiviste
Commentaires creux et performances molles. Courir en déblatérant de l’indigence sous-main stream ne contribue pas à hausser le niveau. L’alibi usurpé du « partage » « inspirant » ne convainc pas les sportifs.
Drainer un public toujours plus docile
Le phénomène youtubeur contribue à métamorphoser le peloton des trails, des ultras et des courses en général. Un public docile donc, parfaitement mûr pour l’inflation des tarifs. Dossards, chaussures et équipements au sens large. La sortie de la prochaine Garmin est attendue par certains comme le nouvel i-phone. Par contre, pour s’entraîner et dépenser autre chose que de l’argent c’est plus délicat et le niveau s’effondre épouvantablement.
Courir juste pour le … plaisir
La Religion du plaisir et du run pour tous entretient l’illusion de la liberté. Une Liberté dont le youtubeur est assurément la flamme. Le youtubeur, sa vision du trail et son public forment un egostsystème qui a sa cohérence, ses rouages. La vidéo sera monétisée, le youtubeur distille du goodies dans la bonne humeur, l’événement auquel il participe non par derrière sa « caméra » mais devant (c’est lui la vedette-support-de lui même) n’est qu’une occasion de créer du contenu. Un contenu traité en post-production. Loin de l’engagement pour la performance (qui n’est pas ennemie du plaisir, celui-ci étant alors juste différé. Un rapport au plaisir non immédiat donc, très étranger au public du tout tout de suite, immature donc).
Le youtubeur cristallise donc la transformation de la course à pied. Sport, puis loisir (le trailer est ici acteur, de moins en moins, certes), il est devenu un spectacle. Un sport-loisir-spectacle par procuration. Le youtubeur est le nouvel envoyé spécial au cœur de l’action. Un programme entrecoupé par ses réclames et ses biais idéologiques (le plaisir, le partage, inspirer … soit, le pack commun du digital marketing discount pour les nul.l.e.s).
A quand le e-trail, sans suer en sirotant son soda depuis son canapé ? Avec badge t-shirt de #Finisher et médaille numérique eco-responsable ?
La pratique du trail procure assurément du plaisir. Parfois, la pudeur commande intérioriser celui-ci et surtout de le vivre sans la médiation de l’autre, ou de l’image captée maintenant pour la visionner plus tard.