C’est inhumain de faire de l’ultra trail……. mais on aime ça !!
« C’est inhumain de se mettre dans des états pareils »
Si vous voulez avoir une petite idée d’à quoi ressemble la fatigue à l’état pure, je vous invite à regarder l’interview de Xavier Thévenard juste à la fin de sa tentative de record sur le GR20. Voir son visage défait comme ça et sa voix qui ressemblerait presque à celle du chanteur de Kyo, ça faisait de la peine. On sentait bien qu’il avait passé un mauvais quart d’heure.
Xavier Thevenard : son interview à l’arrivée du GR20
D’ailleurs, dans une interview donnée à lepape.info, lorsqu’il est questionné sur son état à la fin de la course, les mots sont assez clairs : « Je suis démonté, j’ai les pieds gonflés avec 2-3 ampoules, j’ai mal aux articulations, je suis surtout fatigué mais sinon tout va bien ».
Revenons deux minutes sur ces quelques mots en fin de parcours. Il explique notamment que sur les quinze derniers kilomètres, il en a bavé comme jamais (il dit un autre mot que la bienséance m’empêche de retranscrire ici, mais ça vous donne une idée), et que c’était, comme dit en titre, inhumain de se mettre dans des états pareils.
Xavier Thevenard a eu 15km difficiles comme jamais sur le GR20
N’importe qui me dit que sa fin de course a été la plus difficile de sa vie, je lui dirais que c’est normal. En revanche quand quelqu’un qui a gagné trois fois l’UTMB vous le dit, vous le prenez un peu autrement.
Ça montre à quel point le GR20 est un monstre de difficulté pour qui veut s’y frotter.
– Après, est-ce que ça aurait été plus simple à une période moins chaude de l’année ?
– C’est possible, mais ça implique quasi nécessairement des journées plus courtes et des nuits plus longues, ce qui n’est pas forcément mieux.
Pour le dire autrement, Xavier Thévenard fait quand même partie des coureurs élites qui ont une certaine idée de ce à quoi peut ressembler la douleur. Alors, franchement, pour que lui dise ça, ça a quelque chose d’un peu stressant pour celle ou celui qui voudrait s’y attaquer.
Pour Xavier Thevenard sur le GR20, c’est “inhumain de se mettre dans un état comme ça”
S’il y a bien une phrase que tout ultra trailer, trailer ou marathonien a entendu au moins une fois dans sa vie de la part de quelqu’un, c’est bien celle-ci. Et cela quel que soit son niveau. Forcément, quand on a une centaine de bornes dans les pattes, qu’on a juste envie que ça s’arrête, qu’on a mal partout, qu’on se découvre des muscles, qu’on a envie de vomir à chaque pas qu’on fait, que la fatigue vous donne des hallucinations, c’est un peu normal qu’on nous demande pourquoi ont fait ça, et qu’on trouve inhumain de se mettre dans des états pareils.
Face à ce constant, on aura
– d’un côté ceux qui vous féliciteront et vous soutiendront,
– et ceux qui vous diront que vous êtes un psychopathe (surtout que vous avez payé pour ça) et dont l’empathie à votre égard ne sera pas transpirante.
Alors, est-ce vraiment inhumain de se mettre dans un état pareil ?
Peut-être un peu, effectivement.
Est-ce mal pour autant ?
Certainement pas, tant qu’on ne va pas mettre sa vie en danger et qu’on respecte quelques principes basiques de sécurité. Si c’était autant inhumain qu’on veut bien l’entendre, je ne suis pas certain qu’après une semaine, on aurait juste envie d’y retourner. Si c’était autant inhumain, pas sûr qu’on aurait autant râlé face à toutes les annulations des trails et des ultras de l’été.