Forêts privées, chasse et trail : que dit vraiment la loi ?
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C’est la pleine saison de la chasse et une question revient sans cesse : a-t-on vraiment le droit de courir dans les forêts privées de France ? Les chasseurs vous disent que non, que la nature leur appartient mais ne bous laissez pas faire. La loi donne tort aux chasseurs, rien ne vous empêche de courir en période de chasse.
Forêt privée ne veut pas dire interdite
En France, environ trois quarts des forêts appartiennent à des propriétaires privés. Ce chiffre impressionne et nourrit parfois l’idée que tout accès serait interdit sans autorisation. Pourtant, la réalité est plus nuancée. Un terrain privé ne devient pas automatiquement une zone fermée aux sportifs. Beaucoup de chemins traversent ces parcelles depuis des générations et sont reconnus comme des voies de passage ouvertes au public.
La distinction clé réside entre un espace réellement clos — par des barrières ou grillages — et un simple bois traversé par un sentier. Dans le premier cas, l’accès est interdit, dans le second, il peut rester autorisé.
Que disent les textes de loi ?
Le Code rural (article L. 161-1) est très clair : les chemins ruraux, tracés de longue date et utilisés par les habitants, sont accessibles à tous, même lorsqu’ils traversent des propriétés privées. Un maire peut toutefois décider de les supprimer ou de les reclasser, mais tant que ce n’est pas le cas, la circulation y reste libre.
De la même manière, seuls deux éléments ont véritable valeur juridique pour interdire l’accès :
- une clôture matérialisée empêchant clairement le passage,
- ou un arrêté municipal ou préfectoral interdisant temporairement ou définitivement la circulation.
En dehors de ces cas, un propriétaire ne peut pas interdire arbitrairement le passage des coureurs ou randonneurs.
Et les panneaux « chasse en cours » ?
Ces pancartes, que l’on croise partout à l’automne, prêtent souvent à confusion. Elles sont obligatoires pour prévenir d’une battue et signaler un danger potentiel, mais elles n’équivalent pas à une interdiction légale. Elles servent avant tout à la sécurité et à la prévention.
Pour qu’un panneau ait force contraignante, il doit être appuyé par un arrêté d’une autorité compétente. Sinon, sa portée est simplement dissuasive. En clair : voir « chasse en cours » ne signifie pas automatiquement que vous n’avez pas le droit d’être là, mais cela doit inciter à redoubler de prudence.
La chasse en battue
Lors d’une battue, les chasseurs doivent afficher des informations visibles et prévenir du déroulement de l’action mais ils ne peuvent pas vous interdire de courir. La responsabilité leur incombe. Ils doivent maitriser leurs tirs.
La règle n’est donc pas l’exclusion totale, mais une vigilance partagée. En l’absence d’arrêté officiel, la liberté de circuler reste intacte, mais le bon sens recommande de contourner les zones les plus exposées pour réduire les risques.
Beaucoup de traileurs renoncent à leurs sorties par peur de « violer » la loi ou de se faire verbaliser.
C’est souvent une auto-censure inutile. L’argument des « 75 % de forêts privées » est régulièrement utilisé pour imposer une domination symbolique aux usagers non chasseurs. Or, en pratique, seule une minorité des chemins est réellement interdite par des mesures légales.
Le vrai enjeu réside davantage dans la cohabitation et le partage raisonné que dans un conflit de droits. La loi protège l’accès aux chemins ruraux et la liberté de circulation, tant qu’aucune décision administrative n’est venue limiter cette ouverture.
En résumé
Le débat sur l’accès aux forêts privées pendant la chasse est souvent alimenté par des approximations ou des exagérations. La réalité juridique est plus simple : sauf clôture ou arrêté officiel, les chemins restent ouverts. Les panneaux « chasse en cours » préviennent, mais n’interdisent pas.