L‘UTMB, c’est l’événement phare du trail mondial : une semaine de courses autour du Mont-Blanc, avec des milliers de coureurs venus des quatre coins du globe. Parmi elles, la TDS — ou « Sur les Traces des Ducs de Savoie » — est l’épreuve réputée la plus technique du circuit, avec 153 kilomètres et 9 000 mètres de dénivelé positif à avaler entre Courmayeur et Chamonix.
Hier, pour l’édition de l’année 2025, c’est le Français Antoine Charvolin qui a remporté cette TDS, au terme d’une course haletante et d’un duel longtemps engagé avec Beñat Marmissolle, contraint à l’abandon dans les derniers kilomètres. Mais c’est un autre moment qui a fait couler beaucoup d’encre : une séquence de quelques secondes filmée au dernier ravitaillement. On y voit Charvolin concentré, mutique, et sa compagne Louise Serban-Penhoat très impliquée à ses côtés. Il n’en fallait pas plus pour que certains crient à l’arrogance, voire à la dureté, nous dire que le travail avait changé et que c’était mieux avant.
Mais que s’est-il vraiment passé dans cette vidéo ? Et pourquoi cette scène, anodine a-t-elle provoqué tant de réactions ? Tentons d’y voir plus clair.
Analyse de la video d’Antoine Charvolin sur la TDS
La vidéo a tourné, les réseaux sociaux se sont enflammés. Antoine Charvolin, alors futur vainqueur de la TDS 2025, arrive au dernier ravitaillement après plus de 18 heures d’effort et une nuit blanche dans les Alpes. Il crache une gorgée de sa gourde, boit, repart sans un mot. À ses côtés, sa compagne Louise Serban-Penhoat l’encourage avec intensité, l’oriente, impose du rythme. Et soudain, certains spectateurs se découvrent experts en étiquette du ravito : “arrogant”, “pas poli”, “trop autoritaire”. Sérieusement ?
Un moment décisif, pas un pique-nique
Ce ravito n’a rien d’une pause café. Quelques minutes plus tôt, Beñat Marmissolle venait d’abandonner. Charvolin se retrouvait seul en tête, avec une victoire historique à portée de main. Mais dans un ultra de 153 km et 9 000 m de D+, rien n’est jamais acquis tant que la ligne n’est pas franchie. Ce qu’on voit dans la vidéo, ce n’est pas un manque de convivialité, c’est un athlète qui verrouille une performance majeure.
Ceux qui critiquent jugent avec des lunettes de spectateurs
Oui, Antoine ne sourit pas. Oui, Louise parle fort et vite. Et alors ? Quand on court depuis une nuit entière, que chaque seconde peut compter, il ne s’agit plus de faire plaisir à la caméra ou d’échanger des politesses. Il s’agit de gagner. Ce que beaucoup perçoivent comme de la froideur est simplement la concentration du haut niveau.
Une mécanique de précision
Antoine et Louise n’improvisent pas. Leur duo fonctionne comme un arrêt au stand en Formule 1. Chaque geste est répété, chaque mot a sa place. Lui réduit ses actions à l’essentiel, elle drive et stimule pour qu’il reparte le plus vite possible. Ceux qui y voient de la dureté passent à côté de l’évidence : c’est cette mécanique millimétrée qui a permis la victoire.
Derrière l’image, des années de travail
On oublie trop vite que ce geste anodin — cracher une gorgée, avaler, repartir — est le produit de milliers d’heures d’entraînement, de préparation, d’essais répétés. Que derrière un dossard, il y a aussi des sponsors, des primes, des enjeux réels. La TDS n’est pas une sortie du dimanche. C’est une course de très haut niveau, où la marge d’erreur est infime et où le moindre détail peut coûter cher.
Au lieu de juger, essayons de comprendre
Les réseaux sociaux adorent préjuger et commenter sans contexte. Mais à ce ravito, ce qu’on a vu, ce n’est ni de l’arrogance, ni un manque de respect. C’est une démonstration de performance pure, le moment où une victoire s’est concrétisée. Antoine et Louise n’avaient pas à plaire, ils avaient à gagner. Et ils l’ont fait.