Très malade et très seule, elle bat le FKT de l’Appalachian Trail

Elle a battu le record (FKT) de l’Appalachian Trail, sans assistance, sur plus de 3 500 kilomètres… et elle l’a fait en étant malade. En 74 jours seulement, Sarah Baker a établi un nouveau record féminin en autonomie sur l’Appalachian Trail, l’un des sentiers les plus redoutés au monde. Un exploit monumental passé presque inaperçu… et pourtant digne d’entrer dans l’histoire du trail longue distance.

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3 524 kilomètres, 140 000 mètres de dénivelé… et le norovirus en prime

Le 28 juillet 2025, Sarah Baker a atteint le sommet du mont Katahdin, dans le Maine, mettant un terme à une traversée démarrée plusieurs semaines plus tôt en Géorgie. En 74 jours, 4 heures et 42 minutes, elle a bouclé l’intégralité du Appalachian Trail, en totale autonomie, battant le précédent record féminin de plus de 6 jours.

Mais ce chrono impressionnant ne dit pas tout. Derrière la performance, il y a une bataille invisible : Sarah a contracté le norovirus à peine trois semaines après le départ. Fièvre, nausées, vomissements, épuisement… tout y est passé. Et comme elle évoluait sans assistance, aucune aide médicale ne pouvait lui être apportée. Les refuges, par crainte de contagion, lui ont même refusé l’hébergement. Résultat : elle a dû bivouaquer en bord de sentier, affaiblie, seule, et sans ressources.

L’enfer logistique d’un record en autonomie

Dans le monde des FKTs (Fastest Known Time), on distingue trois catégories :

avec assistance : un staff suit le coureur pour gérer logistique, nutrition, matériel.
en autonomie (self-supported) : le coureur se débrouille seul, mais peut utiliser des infrastructures publiques (épiceries, postes, bivouacs).
sans aucune aide (unsupported) : tout est porté dès le départ, aucune interaction extérieure autorisée.

Sarah Baker a choisi la voie du milieu, mais cela reste un défi titanesque. Elle avait planifié ses ravitaillements des semaines à l’avance, en expédiant de la nourriture dans des points relais. À chaque arrêt, elle devait quitter le sentier, marcher jusqu’à la ville, récupérer son colis, et revenir exactement là où elle s’était arrêtée. Une gymnastique logistique chronophage et épuisante.

Et tout cela, elle l’a fait avec un virus intestinal violent. La moindre calorie comptait. Chaque heure de repos était cruciale. Mais elle n’a jamais cessé d’avancer.

Sarah Baker est une guerrière discrète venue du Tennessee

Sarah Baker n’est pas une figure connue du grand public. Originaire de Roan Mountain, dans le Tennessee, elle n’a pas de sponsor tapageur ni de chaîne YouTube à succès. Et pourtant, dans le milieu des thru-hikers et des amateurs de FKTs, elle est déjà respectée pour sa ténacité et sa connaissance du terrain.

Avant ce record, elle avait déjà inscrit son nom sur plusieurs portions du même sentier. L’Appalachian Trail, elle le connaît par cœur. Mais le traverser d’une traite, en autonomie, reste une autre dimension : 140 000 mètres de dénivelé cumulé, de la chaleur étouffante aux nuits glaciales, des ampoules aux moments de doute.

Le silence médiatique autour d’un exploit hors norme

Ce record est un exemple rare de résilience, à l’opposé du trail-spectacle que l’on voit parfois sur les réseaux. Pas de drone, pas de bande-son épique, pas de live Instagram. Juste une femme, ses jambes, sa tête… et la volonté de ne pas abandonner, même quand le corps lâche.

Et pourtant, aucun média majeur en France n’a relayé l’information. Comme si battre un record historique sur un sentier aussi mythique ne valait pas la une. Un silence d’autant plus injuste que ce type d’effort incarne à la perfection l’esprit du trail : autonomie, humilité, dépassement.

🎯 Résumé

En juillet 2025, l’Américaine Sarah Baker a battu le record féminin en autonomie (self-supported) sur l’Appalachian Trail, en parcourant les 3 524 km du sentier entre la Géorgie et le Maine en 74 jours, 4 heures et 42 minutes. Ce nouvel exploit améliore de plus de 6 jours le précédent record, détenu depuis 2011 par Elizabeth Thomas.
Malgré une infection au norovirus survenue au bout de trois semaines – qui l’a contrainte à camper seule, sans ravitaillement ni soins – Sarah a poursuivi sa traversée sans jamais lâcher.
En totale autonomie, elle a dû gérer logistique, météo, ravitaillement et fatigue extrême, sur un sentier réputé pour son dénivelé (140 000 m D+), son isolement et ses conditions climatiques difficiles.
Son nom reste peu connu, mais son exploit rejoint les plus grandes performances de l’histoire des trails longue distance, dans l’esprit le plus pur de la discipline.

Historique des records FKT sur l’Appalachian Trail (toutes catégories)

L’Appalachian Trail est l’un des sentiers les plus anciens et les plus prestigieux au monde. Depuis les années 1990, plusieurs athlètes de renom s’y sont affrontés à distance dans la quête du Fastest Known Time, chacun dans une catégorie différente (avec ou sans assistance). Voici les grandes dates à retenir :

📘 Catégorie supported (avec assistance)

1991 – David Horton : 52 jours, 9 heures. Un pionnier du genre.
2005 – Andrew Thompson : 47 jours, 13 heures.
2011 – Jennifer Pharr Davis (USA) : 46 jours, 11 heures, 20 min.
➤ Premier record absolu féminin toutes catégories.
2015 – Scott Jurek (USA) : 46 jours, 8 heures, 7 min.
➤ Coureur emblématique, soutenu par son épouse et une équipe logistique.
2018 – Karel Sabbe (Belgique) : 41 jours, 7 heures, 39 min
➤ Record actuel toutes catégories confondues. Surnommé « le dentiste le plus rapide du monde », il est devenu une figure majeure des FKTs.

📙 Catégorie self-supported (autonomie)

2011 – Elizabeth “Liz” Thomas : 80 jours, 13 heures, 11 min
➤ Premier grand FKT féminin en autonomie sur l’AT, référence durant 14 ans.
2017 – Joe McConaughy (alias « Stringbean ») : 45 jours, 12 heures, 15 min
➤ Il bat le record toutes catégories, sans assistance.
2025 – Sarah Baker : 74 jours, 4 heures, 42 min
➤ Nouveau record féminin self-supported, établi dans des conditions extrêmes (virus, isolement, logistique auto-gérée).

📗 Catégorie unsupported (sans aucune aide)

2004 – Matt Kirk : 58 jours, 9 heures.
2013 – Heather “Anish” Anderson (USA) : 54 jours, 7 heures, 48 min
➤ Première femme à établir un FKT unsupported.
2016 – Heather Anderson (2e tentative) : 54 jours, 7 heures, 48 min
➤ Elle devient la première à battre son propre record sans assistance.

🏁 Rappel des records actuels (au 7 août 2025) :

🧍‍♂️ Record masculin supported : Karel Sabbe – 41 j 7 h
🧍‍♂️ Record masculin self-supported : Joe McConaughy – 45 j 12 h
🧍‍♀️ Record féminin supported : Jennifer Pharr Davis – 46 j 11 h
🧍‍♀️ Record féminin self-supported : Sarah Baker – 74 j 4 h
🧍‍♀️ Record féminin unsupported : Heather Anderson – 54 j 7 h

🧭 FAQ

🔹 Qu’est-ce que l’Appalachian Trail ?

L’Appalachian Trail (ou AT) est un sentier de randonnée mythique qui traverse l’est des États-Unis du sud au nord. Il s’étend sur environ 3 524 km entre le mont Springer, en Géorgie, et le mont Katahdin, dans le Maine. Créé dans les années 1930, il serpente à travers 14 États, des forêts denses, des crêtes rocailleuses, des vallées profondes et des zones humides.

🔹 Qu’est-ce qu’un FKT ?

Le terme FKT signifie Fastest Known Time, soit le temps le plus rapide connu pour parcourir un itinéraire donné, généralement un sentier de grande randonnée ou une traversée longue distance.
Il existe trois grandes catégories :

Supported (avec assistance) : l’athlète est suivi et aidé par une équipe logistique (ravitaillements, hébergement, soins, portage).
Self-supported (autonomie logistique) : l’athlète est seul, mais peut utiliser des ressources publiques (épiceries, fontaines, postes).
Unsupported (totale autonomie) : tout est porté dès le départ, aucune interaction extérieure autorisée.

Les FKT ne sont pas homologués par des instances officielles comme l’UTMB, mais sont validés par la plateforme fastestknowntime.com, avec des règles strictes, des preuves GPS, et un engagement d’intégrité.

🔹 Quelle est la difficulté spécifique du FKT sur l’Appalachian Trail ?

Le FKT sur l’AT est considéré comme l’un des plus durs au monde pour plusieurs raisons :

Distance extrême : plus de 3 500 km.
Dénivelé monumental : environ 140 000 m de D+ et D- cumulés, soit l’équivalent de 16 montées de l’Everest.
Conditions météo instables : canicule, orages, humidité, tempêtes.
Isolement : des jours entiers sans croiser âme qui vive.
Écosystème rude : serpents, tiques, moustiques, ours… et maladie (comme le norovirus, très présent dans les refuges).
Logistique complexe : ravitaillements, navigation, gestion de la fatigue, bivouac parfois interdit.

🔹 Qui détient le record féminin self-supported sur l’Appalachian Trail ?

Depuis juillet 2025, le record est détenu par Sarah Baker, une traileuse du Tennessee.
Elle a bouclé le sentier en 74 jours, 4 heures et 42 minutes, en partant du sud (Géorgie) et en arrivant au nord (Maine).

Ce record bat de plus de 6 jours l’ancienne marque de l’Américaine Elizabeth Thomas, établie en 2011 (80 jours, 13 heures).

🔹 Comment Sarah Baker s’est-elle préparée ?

Sarah Baker avait déjà une solide expérience du trail longue distance. Avant sa tentative complète, elle avait réalisé trois FKTs sur des sections de l’AT, ce qui lui a permis de bien connaître le terrain, les points d’eau, les endroits propices au bivouac et les zones à risque.

Elle a également planifié avec précision ses ravitaillements postaux, envoyés en amont vers des villes proches du sentier. Cette stratégie, très utilisée chez les thru-hikers, nécessite de marcher parfois plusieurs kilomètres en dehors de la trace pour aller chercher son colis… puis revenir exactement au point où on s’était arrêté.

🔹 Quels obstacles a-t-elle rencontrés ?

Au-delà de l’épuisement physique :

Sarah a contracté le norovirus trois semaines après le départ. Malade, nauséeuse, rejetée des auberges, elle a dû camper seule pour récupérer.
Elle a affronté des journées caniculaires, suivies de nuits froides.
Elle a connu des périodes de faim extrême et de sous-hydratation, faute de ravitaillement disponible.
Elle a parfois dû enchaîner plus de 50 km par jour, tout en gérant l’orientation, la météo, les soins de base et la récupération… sans aucun accompagnement.

🔹 Quelles sont les différences entre les records masculin et féminin ?

Au 7 août 2025 :

Le record masculin (en autonomie) est détenu par Joe McConaughy, alias « Stringbean », qui a mis 45 jours et 12 heures en 2017.
Le record absolu toutes catégories (avec assistance) appartient à Karel Sabbe, en 41 jours, 7 heures et 39 minutes (2018).

Ces records sont très difficiles à comparer avec celui de Sarah Baker, car le niveau d’assistance, la météo, la direction du parcours et les années varient fortement. En trail longue distance, les records sont surtout des repères symboliques… plus que des performances strictement comparables.

🔹 Pourquoi ce record est-il peu médiatisé ?

Plusieurs raisons expliquent ce silence médiatique injuste :

Sarah Baker est peu connue, sans sponsor majeur ni présence sur les réseaux sociaux.
Le FKT n’est pas une course officielle avec podium, live tracking ou grand public.
L’attention médiatique est souvent concentrée sur les élites masculines ou les événements à forte visibilité comme l’UTMB.
Enfin, l’exploit s’est déroulé sur un sentier américain, sans écho en France malgré sa dimension mythique dans le monde du trail.

🔹 L’Appalachian Trail est-il balisé ? Peut-on s’y perdre ?

Le sentier est entièrement balisé, notamment avec des “white blazes” (marques de peinture blanche) sur les arbres, rochers et poteaux.
Mais malgré cela, les erreurs d’orientation sont fréquentes : fatigue, météo, nuit, neige… Il faut une bonne lecture de carte, un GPS fiable, et de la vigilance. La règle du FKT impose que tout détour soit annulé : on doit repartir exactement du point d’erreur pour valider la trace.

🔹 Est-ce que d’autres Français ont tenté un FKT sur l’Appalachian Trail ?

À ce jour, aucun Français ou Française n’a battu de record officiel sur l’AT, mais quelques rares aventuriers tricolores ont tenté la traversée en autonomie, souvent en mode randonnée plus qu’en FKT.

Ce type de défi est encore peu connu en France, mais la culture FKT se développe, notamment depuis l’essor de plateformes comme fastestknowntime.com ou la médiatisation d’athlètes comme François D’Haene, qui ont inspiré des traversées XXL ailleurs dans le monde.