Forrest Gump existe !
La Transamericana de Rickey Gates : la traversée des USA d’Est en en Ouest (6400km)
Le nom de Rickey Gates ne vous dit probablement rien, et on ne va pas vous en tenir rigueur. Pour faire simple, cet homme, c’est Forrest Gump en vrai ! Il a décidé d’accomplir un défi qu’il a nommé Transamericana, ou la traversée des USA de l’est vers l’ouest, soit la bagatelle de 6400km !
Pour traverser les Etats-Unis pendant 5 mois en autonomie (presque) complète, Rickey Gates a parcouru près de 30 miles (48km) par jour pendant 5 mois. Il a utilisé 10 paires de baskets.Il a dormi principalement à la belle étoile aux bords des sentiers et avait avec lui un sac à dos avec un sac de couchage, un tapis de sol, et des habits de rechange… C’EST TOUT !
Rickey Gates : le slow trail
Par-delà l’aspect sportif exceptionnel que requiert un tel effort, ce qui pousse Rickey Gates, c’est les rencontres, l’exploration des chemins et des âmes. N’allez pas lui parler de record ! Il sera plutôt du genre à prendre le temps qu’il lui faudra ; vivre sa course et prendre son temps, voici son credo. Et face à l’émergence d’une école américaine du trail (de plus en plus vite, quitte à se brûler les ailes), Rickey Gates défendra le slow trail (les amoureux des barrières horaires risquent de le regarder avec des gros yeux et le traileur de randonneur avec tout le mépris qui les caractérise, mais soit…).
Par exemple, sur sa dernière semaine de course, il n’a pas hésité à ralentir son allure car il était un peu en avance sur son timing. Pour cela, il a décidé de se limiter à une vingtaine de miles par jour (contre une trentaine, voire une quarantaine habituellement). Fausse modestie ? Certainement pas ! Il sait que ses amis ont organisé une fête en son honneur pour le 1er août dans la baie de San Francisco et ne veut pas les décevoir. Sûrement la plus grande leçon de ce périple où il a su faire marcher ensemble la tête, le coeur et les jambes.
Le style Rickey Gates
Son look ? Rien à faire ! Un air de marginal, un short élimé, un t-shirt troué, une casquette qui a déjà bien trop vécu et une barbe de six semaines, un sac de 6kg et c’est bien suffisant.
Son sac ? Parlons-en un peu. On y trouvera les rudiments de base, mais aussi, et ça peut paraître surprenant, une Gopro et des batteries. Rickey est conscient de la contradiction avec ce qu’il professe, mais comme il le dit, « il faut assumer cela, oui, j’en suis conscient. Mais aujourd’hui, si l’on veut raconter, il n’y a guère d’autres moyens. J’aurais préféré pouvoir juste écrire et dessiner dans mon petit carnet ». On trouvera également un canard en plastique jaune, une guimbarde vietnamienne, une croix de Saint-Jude (la patronne des cas désespérés), une bâche (surtout pas de tente!)
C’est peu de dire que Rickey Gates sera passé par tous les états que l’on peut imaginer. Euphorie, détresse, angoisse, souffrance (avec notamment des écarts de températures allant de moins dix degrés dans les Appalaches jusqu’à quarante dans le désert de l’Utah).
Ce qui est déroutant et impressionnant à la fois, c’est la manière qu’il a d’être maître de ses horloges. Il n’a jamais eu pour idée d’accomplir sa Transamericana pour ses sponsors ou pour les médias. Pareil pour la nourriture ; il aura eu une alimentation beaucoup plus proche du citoyen lambda que du sportif qui fait attention à ce qu’il avale. Comme il le dit, « je n’ai jamais mangé aussi mal de ma vie, ingurgité de telles quantités de nourriture. Tout ce sucre, ce gras… ».
Que lui restera-t-il de cet incroyable voyage ? Des souvenirs absolument extraordinaires, des moments de partage qu’il n’aurait sûrement pas connus autrement, du bonheur sûrement, de la fierté (on l’espère pour lui), et quelques caries…