Dans la tête de Stéphane, atteint de trailophobie : face à un traileur, « j’éprouve du dégoût et vraiment de la peur »
trailophobie
⌚ Fenix 8 🔥
🔥⚡montre GPS Garmin ❤️⚡
D’aussi loin qu’il s’en souvienne, Stéphane a toujours eu peur des traileurs.
Une phobie souvent raillée, mais bien réelle pour ce jeune homme qui évite de se retrouver face à un coureur de trail pour s’éviter des épisodes de panique.
La première crise de trailophobie dont Stéphane se souvient remonte à ses six ans, lorsqu’il a vu un traileur à l’école. « C’était pendant une sortie scolaire, on se promenait en forêt, et là, un groupe de traileurs est passé à toute vitesse. Je ne voulais rien savoir, je suis tombé en pleurs, je n’arrivais même plus à respirer », se souvient-il, tout en regardant d’un air inquiet la vue de la montagne à travers la fenêtre.
Face à lui, ses camarades sont « dans l’incompréhension totale », tout comme les personnes à qui il a expliqué cette phobie au cours de sa vie.
Pourtant, il n’est pas le seul à déclarer être victime de cette angoisse aux apparences loufoques. Dernièrement, plusieurs personnalités du sport ont été étonnées d’entendre parler de la trailophobie, mais Stéphane reste catégorique : « C’est une vraie souffrance. »
Le jeune homme avoue qu’il préfère éviter les sentiers de montagne et même les grandes compétitions, car la simple vue d’un traileur en train de grimper une colline le plonge dans une terreur incontrôlable. Stéphane rêve de voir un jour la société mieux comprendre cette phobie pour qu’il puisse, lui aussi, participer à des courses en toute sérénité, sans risquer de faire une crise à chaque pas des traileurs qui croisent son chemin.
La trailophobie, tout comme d’autres phobies spécifiques, plonge ses racines dans des mécanismes psychologiques profonds qui remontent à l’enfance et peuvent s’intensifier au fil du temps.
Pour Stéphane, la vue d’un traileur n’est pas simplement une gêne passagère, mais un véritable déclencheur d’angoisse, d’une peur irrationnelle et incontrôlable. Mais pourquoi cette peur intense de voir un coureur en pleine nature? La phobie est généralement liée à des expériences antérieures de traumatisme ou d’angoisse mal gérées. Stéphane, à travers ses premières expériences, semble avoir associé la figure du traileur à des émotions négatives, comme le sentiment de compétition, de dépassement ou d’une performance excessive qu’il ne parvient pas à supporter. La manière dont il décrit ses crises, associant cette phobie à une incapacité à respirer et à la panique, évoque un mécanisme de défense face à ce qu’il perçoit comme une menace.
D’un point de vue scientifique, la phobie, quel que soit l’objet de peur, découle souvent d’une réponse excessive du système nerveux à un stimulus initial, un mécanisme de survie exagéré.
Selon la National Institute of Mental Health (NIMH), les phobies spécifiques touchent environ 12,5 % de la population mondiale, avec une prévalence particulièrement marquée dans les jeunes adultes. Ces phobies sont classées parmi les troubles anxieux, et les réactions qu’elles engendrent sont plus qu’une simple crainte : elles provoquent des symptômes physiologiques de stress, comme des palpitations, une respiration saccadée, voire des crises de panique, comme dans le cas de Stéphane. Ce dernier fait face à une « hyperréactivité » du système nerveux autonome, qui interprète un traileur comme une menace imminente, même lorsque cette menace n’existe pas.
De plus, des recherches menées par l’Université de Londres ont démontré que les phobies sont souvent le résultat de processus cognitifs déformés, où les individus surévaluent la dangerosité de l’objet de leur peur. Dans le cas de Stéphane, cette surévaluation pourrait résulter d’une association erronée entre les traileurs et une pression sociale qu’il trouve insupportable : l’idée qu’être en compétition ou dans un environnement aussi exigeant que le trail pourrait, d’une manière ou d’une autre, être un facteur de stress majeur. Ces associations peuvent également être renforcées par l’influence des médias ou de l’entourage, qui valorisent parfois un mode de vie que Stéphane trouve irréaliste et même menaçant.
La peur des traileurs qu’éprouve Stéphane est également liée à une anxiété sociale, un phénomène souvent observé chez les personnes souffrant de phobies spécifiques.
La British Psychological Society rapporte que les phobies sociales et les phobies spécifiques peuvent partager des caractéristiques communes, notamment la peur de l’évaluation par les autres ou le sentiment de ne pas correspondre à un idéal imposé par la société. Pour Stéphane, cette peur pourrait symboliser une incapacité à répondre aux attentes physiques et sociales liées au trail. La présence d’un traileur pourrait alors représenter non seulement une figure de compétition physique, mais aussi une pression à performer, à se mesurer à un standard qu’il juge trop élevé.
La trailophobie de Stéphane révèle la complexité de la peur humaine et les multiples facettes des phobies, qui ne se limitent pas simplement à des objets ou des situations spécifiques, mais touchent aussi des aspects profonds de l’identité, du vécu émotionnel et de la perception de soi. Au-delà de la simple peur, cette phobie reflète une anxiété plus vaste, un combat intérieur pour comprendre et s’adapter à un monde qui semble souvent demander plus que ce que l’on est prêt à offrir. Pour Stéphane, comme pour tant d’autres atteints de phobie, comprendre cette peur, la traiter et la surmonter est un défi personnel complexe, mais essentiel pour sa sérénité future.