Vous voulez sécher un contrôle anti-dopage ? Prétextez un besoin urgent !
Les affaires de dopage sont globalement énervantes. Je pense notamment à l’affaire Mamu ou à celle de Mark Kangogo.. Les affaires de dopage sont parfois désespérantes, comme ça a pu être le cas pour l’affaire Calvin. Les affaires de dopage peuvent parfois ressembler à des mauvaises telenovelas, comme c’était le cas pour l’affaire Claude-Boxberger. Mais là, je dois bien avouer que pour une fois, une potentielle affaire de dopage m’a un peu fait rire.
C’est l’agence Reuters qui a rapporté l’affaire. Le 16 janvier, dans l’ouest du Kenya, des agents ont effectué un contrôle dans un camp d’entraînement. Bon, jusque là, a priori, rien de neuf sous le soleil. Sauf qu’un des coureurs s’est échappé dans des conditions pour le moins rocambolesques.
Une fois que les agents ont expliqué la raison de leur venue au centre, un des athlètes qui devait être contrôlé est parti aux toilettes, et a alors sauté par la fenêtre, escaladé le grillage et s’est enfui. Tranquillement, comme ça…
On ne sait pas (ou du moins pas encore) qui est le fuyard, mais selon l’agent, ce serait quelqu’un de « bien connu » dans la monde de l’athlétisme. On est d’accord que ça veut tout dire et rien dire à la fois.
Comme je le disais en début d’article, ce qui m’a fait marrer dans cette histoire relève plus de l’absurdité de la chose. Prétexter qu’on doit aller aux toilettes pour s’enfuir, c’est quelque chose qu’on fait quand on est en primaire ou au collège… Mais derrière le ridicule, les kényans doivent se mordre les doigts. Car depuis quelques années, le pays est menacé d’être exclu des JO, et a été placé en 2016 dans le top des pays à surveiller. Il y a des leads un peu plus flatteurs que celui-là.
Pourquoi dans le top ? Parce que entre 2004 et 2018, ce ne sont pas moins de 138 athlètes qui ont été contrôlés positifs. Et pas seulement des petites pointures, les deux derniers étant Wilson Kipsang (qui détenait l’ancien record du monde sur Marathon) et Alfred Kipketer (qui avait été champion du monde junior sur 800m en 2014).
Conscientes de la catastrophe potentielle qu’un exclusion entrainerait pour le pays, les autorités kényanes ont pris le problème à bras le corps et ont choisi d’alourdir le panel des sanctions contre les tricheurs. En effet, le ministère des sports a déclaré qu’un projet de loi était en cours d’élaboration afin de pouvoir faire condamner les dopés à de la prison ferme.
Entre condamner à de la prison ferme ou interdire de concourir à vie, en toute honnêteté, je ne sais pas ce qui est le plus dissuasif. Et si ça ne doit pas occulter les problèmes parallèles (autant de dopés montre bien que performer en sport est peut-être une des seules solutions pour sortir de la misère au Kénya), je pense que les autorités ont au moins le mérite de vouloir essayer quelque chose.
Faudrait-il faire la même chose en France ? Je sais bien que comparaison n’est pas raison. Mais très personnellement, je ne serais pas contre l’idée (au moins pour commencer) de d’abord suspendre un athlète, et qu’il soit condamné à de la prison ferme en cas de récidive. Est-ce que la perspective de la prison pourrait refroidir les ardeurs des consommateurs de médocs ? Je n’ai aucune certitude, mais je pense que oui…
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