Léa et Jérémy portent plainte contre la Fédération de chasse : et si les traileurs faisaient de même ?
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plainte chasse – L’attaque récente d’un couple, Léa et Jérémy, à Saint-Martin-du-Larzac par un sanglier a pris une tournure inédite : ils ont décidé de porter plainte contre la Fédération de chasse pour mise en danger de la vie d’autrui. Une démarche rare qui soulève une question : et si les traileurs, régulièrement confrontés à des situations dangereuses en période de chasse, portaient eux aussi plainte ?
plainte chasse, un précédent qui pourrait inspirer
Le couple affirme que l’animal, visiblement affolé par des chiens de chasse, les a violemment chargés. Selon eux, la présence de ces chiens, échappés au contrôle de leurs maîtres, est directement liée à la pratique de la chasse dans la région. La Fédération de chasse, par la voix de son président Jean-Pierre Authier, conteste cette version, affirmant qu’il ne s’agit pas d’un accident de chasse. Il précise que « les chiens peuvent parcourir des kilomètres après une battue », minimisant ainsi la responsabilité des chasseurs.
Et si les traileurs portaient plainte ?
Face à des incidents similaires, pourquoi les traileurs n’ont-ils pas recours à la justice ? Les risques sont pourtant bien réels : frayeurs causées par des tirs proches, accidents liés à des animaux en fuite, blessures lors de rencontres avec des chiens de chasse non maîtrisés… Autant de situations qui pourraient être juridiquement qualifiées.
Quels motifs de plainte pour les traileurs ?
Dans le droit français, plusieurs motifs pourraient être invoqués par des traileurs victimes d’incidents liés à la chasse :
Mise en danger de la vie d’autrui : Ce délit est caractérisé lorsqu’une personne expose délibérément autrui à un risque immédiat de mort ou de blessures graves. Un chasseur tirant sans vérifier la présence de promeneurs ou de traileurs pourrait entrer dans ce cadre.
Trouble anormal de voisinage : Ce concept juridique peut s’appliquer lorsque l’activité d’une personne cause un désagrément excessif à autrui. Une battue récurrente empêchant la pratique sereine du trail pourrait être considérée comme un trouble.
Responsabilité civile délictuelle : En cas de dommage, la victime peut demander réparation si elle prouve la faute, le dommage et le lien de causalité. Par exemple, un traileur blessé par un chien de chasse non maîtrisé pourrait se retourner contre le propriétaire de l’animal.
Vers une cohabitation apaisée ?
L’attaque de Léa et Jérémy ouvre la voie à une réflexion plus large sur la cohabitation des activités de plein air et la chasse. Si la justice venait à reconnaître la responsabilité des instances cynégétiques dans ce type d’incidents, cela pourrait inciter à un encadrement plus strict des pratiques de chasse pour garantir la sécurité des traileurs et randonneurs.
La plainte de Léa et Jérémy pourrait bien faire jurisprudence et inspirer d’autres usagers de la nature à faire valoir leurs droits face aux dangers parfois sous-estimés de la chasse.
Ce que disent les pro-chasse : « vous exagérez, tout va bien »
À la suite de notre article, de nombreux commentaires ont afflué, principalement pour défendre la pratique de la chasse.
Certains affirment qu’ils sont eux-mêmes traileurs et chasseurs, et qu’ils ne se sont jamais sentis en danger, comme si une expérience individuelle suffisait à invalider les inquiétudes des autres.
D’autres estiment que nous exagérons la situation, faute de statistiques précises sur des morts de traileurs, oubliant que le ressenti d’insécurité est déjà un fait social et un frein à la pratique. Plusieurs messages accusent même uTrail de « chasser les chasseurs », dénonçant une « haine attisée », là où il ne s’agissait que de relayer un fait divers réel et un questionnement juridique.
Enfin, un argument revient en boucle : les chasseurs posséderaient les terrains privés sur lesquels nous courons. Sauf qu’en réalité, la majorité des sentiers utilisés par les traileurs sont publics (GR, forêts domaniales, parcs, etc.) et que l’accès aux bois privés reste possible tant qu’ils ne sont pas clôturés et explicitement interdits. Ces réactions confirment que le malaise est profond, que le dialogue est difficile… mais qu’il est plus que jamais nécessaire.
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