Résultat et fin de States of Elevation pour Kilian Jornet

Résultat et fin de States of Elevation

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Ce 3 octobre 2025, Kilian Jornet a atteint le sommet du Mount Rainier (4 392 m), au terme d’une ascension qui marquait la fin de son projet States of Elevation.

Une ligne américaine sans précédent

En un mois, il est devenu le premier athlète de l’histoire à relier l’ensemble des 72 fourteeners du territoire américain (sommets de plus de 14 000 pieds, soit 4 267 m), en utilisant uniquement ses propres moyens de locomotion : course à pied et vélo.

L’entreprise est historique par bien des points : 31 jours, 5 145 km, 123 045 m de dénivelé positif, soit l’équivalent de trois fois l’Everest depuis le niveau de la mer. Au total, plus de 488 heures d’activité ont été nécessaires pour achever cette ligne continue, sans recours à la motorisation.

“One with Nature, one with others — numbers are just the excuse”, a résumé Jornet après avoir touché son dernier sommet. Une phrase qui reflète l’esprit du projet : les chiffres spectaculaires ne sont pas une fin en soi mais le prétexte à une traversée humaine et géographique unique à travers l’Ouest américain.

Après Alpine Connection, une nouvelle dimension avec States of Elevation aux Etats-Unis

Ce projet s’inscrit dans la continuité d’une démarche entamée en 2023 avec Alpine Connection. Cette expédition avait relié à vélo et à pied une série de sommets alpins emblématiques, parmi lesquels le Mont Blanc, le Cervin ou encore l’Eiger. En plus d’être réalisée en propulsion humaine, elle avait marqué les esprits par sa rapidité : trois fois plus vite que le précédent record.

Avec States of Elevation, Kilian transpose cette approche en Amérique du Nord, à une échelle démultipliée. L’enjeu n’était plus seulement de relier quelques sommets alpins, mais de couvrir l’intégralité des fourteeners des États-Unis continentaux, répartis sur six États et plus de 5 000 km de distance.

Soutenu par sa marque NNormal, qui a documenté le projet au quotidien (données Strava, récits, images), Jornet poursuit ainsi une réflexion entamée depuis plusieurs années : pratiquer l’alpinisme et l’ultra-endurance en respectant une logique de continuité, de sobriété et d’exploration durable, au travers de 3 états américains.

Colorado – 16 jours, 56 sommets

Le 31 août 2025, Kilian Jornet s’était élancé depuis le Longs Peak (4 345 m), dans le parc national des Rocheuses. C’était le point de départ d’une séquence intense de 16 jours au cœur du Colorado, l’État qui concentre la majorité des fourteeners américains.

Durant cette première phase, il avait enchaîné 56 sommets : du Mount Elbert (4 401 m), point culminant du Colorado, aux montagnes isolées des San Juan dans le sud-ouest. L’approche avait été variée : longues crêtes courues en style rapide, enchaînements techniques comme dans les Elks, et sections rocheuses avec passages d’escalade de difficulté modérée.

Parmi ces journées, l’une des plus emblématiques avait été l’intégration de la ligne connue sous le nom de Nolan’s 14 : quatorze sommets de la chaîne du Sawatch reliés en continu, soit près de 160 km et 14 000 m de dénivelé positif. Habituellement considérée comme un défi autonome, cette ligne avait été intégrée dans le flux de States of Elevation, sans pause particulière ni assistance extérieure.

La météo avait rythmé cette première partie : orages quotidiens l’après-midi, chutes de neige précoces, longues journées dépassant souvent 16 heures d’activité. L’effort était continu : ascensions à pied, descentes rapides, liaisons à vélo pour rejoindre les vallées suivantes, puis nouveau départ à l’aube.

En deux semaines, le bilan était déjà colossal : 1 826 km parcourus, 73 385 m de dénivelé positif et plus de 246 heures d’activité. À ce stade, Jornet avait validé l’intégralité des sommets du Colorado, soit les deux tiers du défi.

Desert Ride – Cinq jours, quatre États

Le 16 septembre, le projet avait changé radicalement de décor. Depuis les San Juan, Kilian avait enfourché son vélo pour rejoindre la Californie. La transition, baptisée Desert Ride, s’était étalée sur cinq jours et s’était imposée comme une aventure à part entière.

• Distance totale : 1 412 km
• Dénivelé positif : 9 699 m
• Temps cumulé : 71 heures
• États traversés : Colorado → Nouveau-Mexique → Arizona → Californie

Chaque journée dépassait les 12 heures de selle, parfois 15, sous des conditions extrêmes : chaleur sèche approchant les 38 °C, pluie soudaine, vents de face interminables. Le tracé empruntait les plateaux du Nouveau-Mexique, longeait les roches rouges de l’Arizona, puis traversait le Mojave National Preserve.

Le 21 septembre, après cinq jours et quatre États traversés, Kilian atteignait la base de la Sierra Nevada. La séquence désertique avait relié les Rocheuses au granit californien, préparant la deuxième moitié du projet.

Californie – Des crêtes de granite aux volcans

À son arrivée en Californie, Kilian Jornet avait affronté l’un des tronçons les plus techniques de son projet : Norman’s 13, la ligne mythique qui relie treize sommets de plus de 4 000 m dans la Sierra Nevada.
Sur près de 160 km et 12 000 m de dénivelé positif, cette traversée demandait de longues sections d’escalade, des crêtes effilées et un engagement permanent.

Il avait partagé l’effort avec plusieurs figures locales de l’endurance et de l’alpinisme : Olivia Amber, détentrice récente du record féminin, Matt Cornell, grimpeur chevronné, Rod Farvard, Dan Patitucci et Kimberly Strom. Ces compagnons d’un jour ou d’une nuit l’avaient épaulé dans les sections les plus exposées, notamment sur les Palisades, réputées pour leur technicité.

Les conditions avaient ajouté à la difficulté : tempêtes de neige soudaines, brouillard épais, rochers verglacés. Kilian avait même écrasé son pied sous un bloc, forçant à serrer les dents pour continuer. Malgré la fatigue et le manque de sommeil, il avait poursuivi jusqu’au bout, établissant un nouveau record soutenu en 56 h 11 min.

Après Norman’s 13, il avait basculé vers un décor radicalement différent : les Inyo Mountains, au-dessus de la Vallée de la Mort. Le White Mountain Peak (4 344 m), atteint par son arête ouest, représentait le 70e fourteener du projet. Contrairement à la densité granitique de la Sierra, ce sommet se dressait dans un univers austère, minéral, presque lunaire. L’approche s’était faite à travers un désert d’altitude, sans arbres ni glaciers, avec pour horizons la Sequoia National Forest à l’ouest et l’immensité du Grand Bassin à l’est.

Mount Shasta – Le volcan des extrêmes

Depuis Bishop, il lui avait fallu deux jours de vélo pour remonter jusqu’au Mount Shasta (4 322 m), à travers le Nevada et le nord de la Californie. Au total, 626 km parcourus sous un ciel d’abord couvert puis dans un déluge de pluie battante, avec des journées de 14 à 15 heures de selle.

Le 30 septembre, il s’était lancé dans l’ascension du Shasta, ultime sommet californien et 71e fourteener.
Il y avait affronté des conditions dantesques : vent violent, neige fraîche, température ressentie de –20 °C au sommet. Kilian avait décrit cette expérience comme l’une des trois situations de vent les plus extrêmes de toute sa carrière en montagne.

À peine redescendu, il avait repris la route sans transition, orientant désormais son effort vers l’Oregon et l’État de Washington. La Californie était derrière lui : il ne restait plus qu’un sommet, mais précédé d’une dernière traversée de près de 800 km à vélo.

Vers le Mount Rainier – L’approche finale

À peine redescendu du Mount Shasta, le 30 septembre, Kilian Jornet avait repris son vélo.
Il avait d’abord roulé en compagnie du triathlète Ian Murray, sur environ 95 km de pistes volcaniques en gravier à travers les forêts du nord de la Californie. La journée s’était terminée avec un vent favorable au coucher du soleil, jusqu’à un bivouac juste au sud de la frontière de l’Oregon.

Le 1er octobre, il avait enchaîné la plus longue journée de vélo de tout son projet : 390 km et près de 14 heures de selle, traversant les collines verdoyantes et retrouvant l’air humide et frais de l’Oregon. À mesure qu’il avançait, les paysages changeaient radicalement : les plateaux désertiques laissaient place aux forêts denses et au climat océanique du Pacific Northwest.

Le 2 octobre, il avait poursuivi en solitaire une nouvelle journée colossale : 302 km et près de 16 heures sur la route, jusqu’à atteindre le pied du Mount Rainier, au cœur de l’État de Washington. Après plus de 5 000 km cumulés en un mois, il se trouvait enfin face au dernier sommet.

Le Mount Rainier – Dernier sommet, symbolique

Le Mount Rainier (4 392 m) domine l’État de Washington et constitue le point culminant de la chaîne des Cascades. C’est un volcan actif, dont la masse est couverte de glaciers : on en dénombre 25 au total, ce qui en fait le plus vaste système glaciaire des États-Unis continentaux. Son relief est impressionnant : il s’élève de plus de 4 000 mètres au-dessus des vallées environnantes, isolé, visible à des centaines de kilomètres.

Le Rainier est aussi l’un des sommets les plus exigeants techniquement parmi les fourteeners américains. L’ascension se déroule dans un terrain glaciaire complexe, nécessitant de franchir des crevasses, de progresser sur des pentes de neige raides, et d’affronter une météo réputée instable. Les orages soudains, les tempêtes de neige et les vents violents y sont fréquents.

C’est sur ce sommet que Kilian conclut States of Elevation. Le 3 octobre 2025, après une approche de près de 800 kilomètres à vélo en trois jours depuis le Mount Shasta, il atteint son sommet. Cette ascension finale parachève une traversée de 31 jours et de plus de 5 000 kilomètres.

Résultat et fin de States of Elevation, un projet chiffré hors norme, une première historique

• Durée totale : 31 jours
• Fourteeners : 72 sommets
• Distance totale : 5 145 km (course et vélo)
• Dénivelé positif cumulé : 123 045 m
• Heures d’activité : 488 h 52 min
• États traversés : Colorado, Nouveau-Mexique, Arizona, Californie, Oregon, Washington

Avec States of Elevation, Kilian Jornet devient la première personne de l’histoire à relier les 72 fourteeners américains en propulsion humaine. Le projet combine trois dimensions rarement réunies :

• L’endurance extrême, avec un mois d’effort quotidien à plus de 15 heures en moyenne,
• L’alpinisme technique, avec des lignes comme Nolan’s 14 au Colorado ou Norman’s 13 en Californie,
• La cohérence écologique, sans recours à aucune assistance motorisée entre deux sommets.

Un héritage américain revisité

Les fourteeners occupent une place centrale dans la culture de la montagne aux États-Unis. Depuis le XIXe siècle, leur ascension est un rite de passage pour les alpinistes américains. Des défis modernes comme Nolan’s 14 (Colorado) ou Norman’s 13 (Californie) sont devenus des références mondiales en matière d’endurance et de technicité. En reliant l’ensemble de ces sommets en une seule ligne continue, Kilian en propose une lecture inédite : non plus comme des objectifs isolés, mais comme un système cohérent qui relie géographie, endurance et exploration.

Par son ampleur, States of Elevation rejoint les plus grandes traversées d’endurance de l’histoire. Mais il les dépasse par son intégration complète entre ultra-endurance et alpinisme technique, en une seule continuité.

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