Depuis hier, Paris (et de plus en plus de communes) ont été obligées de restreindre les heures d’activités physiques.
On pouvait s’y attendre dans la mesure où à partir du moment où ça été interdit, toute une horde de neo-runners qui étaient plus du genre à porter des joggings qu’à pratiquer du jogging ont décidé de se mettre au sport. Un sens du timing d’une absurdité abyssale, n’est-ce pas ?
Concentration de coureurs après 19h
Les coureurs parisiens ne peuvent faire leur sortie qu’entre 10h00 et 19h00. Il semblerait que ça n’ait finalement pas changé grand chose aux habitudes des coureurs. Et pour cause, il n’y avait pas moins de coureurs au total, ils étaient juste un peu plus concentrés d’un point de vue horaire…
Quel objectif ?
Le premier adjoint à la mairie de Paris Emmanuel Grégoire explique à BFM qu’il s’agit d’une mesure dont « l’objectif est non pas d’interdire, mais de lisser l’usage de l’espace public (…) Il s’agit d’éviter les moments de trop grande concentration et de trop grande promiscuité qui mettent en péril la stratégie de confinement ».
A la limite, je peux entendre et tout à fait concevoir la pertinence de lisser l’usage de l’espace public. Dans une ville aussi dense que Paris, c’est plutôt malin pour faciliter, voire optimiser le respect des distanciations sociales. Après, je ne suis pas expert dans ce domaine, mais j’ai l’impression qu’il y a un bug quelque part…
La restriction horaire ne fonctionne pas à Paris
Admettons, nous avons 200 personnes qui courent dans un quartier. Pour X ou Y raisons, 30 courent le matin avant le petit déjeuner, 40 courent en milieu de matinée, 25 vont courir sur le temps midi, 45 y vont dans l’après-midi, 30 y vont en fin d’après-midi (genre sur les coups de 18h00) et 30 y vont à la fraîche après 20h30.
Faisons le même calcul désormais avec les restrictions horaires. Avant 10h00, on aurait au moins 70 personnes, et peut être un peu plus (une partie de ceux qui courent à midi). Partons sur 85 coureurs à la grosse louche. Le soir après 19h00, on en aura 115 Aussi, je me demande dans quelle mesure il est plus facile de respecter les règles de distanciation sociale. Sauf si l’administration a raison en pariant sur le fait que les coureurs du dimanche arrêteront d’eux mêmes s’ils sont forcés d’y aller tôt ou tard.
Eviter les rencontres entre joggeurs et travailleurs ?
J’avais lu sur je ne sais plus quel site que c’était pour éviter que les coureurs ne rencontrent ceux qui partent au et du travail, mais aussi pour ne pas croiser celles et ceux qui vont faire des courses. Dans ce cas, effectivement, on lisse un peu.
La nécessité de faire croire qu’ils bougent un peu ?
Une autre possibilité est de se dire que les autorités savent bien qu’in fine, ça ne changera pas grand chose, mais qu’elles se sont senties obligées de bouger un peu suite aux images (assez scandaleuses, on doit bien le reconnaître) de ce week end à Paris (les mêmes qu’à Nice il y a quelques semaines, hein ; la bêtise n’est pas l’apanage des parisiens).
Avec un peu d’espoir, on peut se dire que pour une heure maximum, à moins d’un km de chez soi et seulement entre 19h00 et 10h00, on aura plus que des vrais sportifs, et pas des petits c*** opportunistes.
Qui va continuer à courir sous la pluie ?
La mairie de Paris avait peut être tablé sur le fait qu’avec une restriction des heures, les nouveaux coureurs seraient découragés, mais non. En revanche, de ce que j’ai entendu, la météo va se gâter à partir de la semaine prochaine. Ce sera alors assez drôle de voir combien de ces clampins continueront à courir alors qu’il pleut. Ce sera une bonne manière de différencier les vrais des opportunistes un peu mous du bulbe.