Même distance, deux mondes. D’un côté, le marathon et sa légende urbaine millimétrée. De l’autre, le trail et ses sentiers escarpés. Les deux disciplines se ressemblent sur le papier… mais dans les jambes, c’est une autre histoire. Alors, entre courir un marathon et courir un trail de 40 kilomètres, lequel est vraiment le plus difficile ?
Spoiler : il n’y a pas de réponse unique. Mais on peut comparer. Et c’est ce qu’on va faire.
Effort physique : la régularité du marathon contre la brutalité du trail
Le marathon est une épreuve de constance. Vous courez plus de 42 kilomètres sur un sol dur, souvent plat, en maintenant une allure stable. C’est le même mouvement du début à la fin, sans pause, sans variation. Cela exige une endurance cardiovasculaire de haut niveau, une capacité à répéter mécaniquement la même foulée pendant trois, quatre, cinq heures, avec un impact articulaire continu. Le mental joue aussi : il faut tenir le rythme, parfois au mépris de la douleur.
Mais courir un trail de 40 km, ce n’est pas une course fluide. C’est une alternance de montées, descentes, marches forcées, relances sur des sentiers techniques, souvent avec plus de 2 000 mètres de dénivelé positif. L’intensité est variable, le rythme saccadé. Le corps subit des chocs différents : cuisses qui brûlent dans les descentes, souffle coupé dans les pentes, gainage sollicité en permanence pour rester debout.
➡️ Verdict : sur le plan musculaire et postural, le trail est plus brutal, plus complet, et souvent plus long en durée d’effort.
Durée de l’effort : 42 km sur route vs 40 km sur sentiers, deux mondes
Un marathon se boucle entre 2 heures pour les élites et 5 heures pour les amateurs. L’effort est soutenu, continu, mais prévisible. Vous savez exactement ce qui vous attend : chaque ravitaillement est placé à l’avance, le terrain ne change pas, la météo est rarement un facteur critique.
En trail, le même nombre de kilomètres peut facilement vous occuper entre 6 et 9 heures, selon le terrain et le dénivelé. L’effort s’étale, s’interrompt, repart, s’intensifie. Et surtout, il s’adapte. Un passage enneigé, une boue inattendue, une montée à 30 %, un balisage douteux… Tout peut arriver. Et ce sont souvent ces imprévus qui cassent l’allure et mettent les nerfs à rude épreuve.
➡️ Verdict : la durée d’un trail est plus incertaine, plus exigeante mentalement, car l’effort est moins linéaire et demande plus de résilience.
Préparation : minimalisme du marathon, polyvalence du trail
Pour préparer un marathon, il faut construire une base d’endurance solide, faire des sorties longues, du fractionné, et apprendre à courir à une allure précise. C’est exigeant, structuré, mais aussi très calibré. L’équipement est simple : une bonne paire de chaussures, quelques gels, et vous êtes prêts.
En trail, la préparation est plus vaste. Il faut bosser la montée, la descente, l’économie de course, mais aussi le renforcement musculaire, l’alimentation solide, la gestion du sac, des bâtons, du matériel obligatoire. Sans oublier le repérage du parcours, la gestion du froid, de la chaleur, ou des conditions météo.
➡️ Verdict : la préparation au trail est plus complexe, plus complète, et nécessite de penser au-delà de la seule performance physique.
Impact mental : rythme contre imprévu
Le marathon est une affaire de rythme et de mental d’acier. Il faut tenir la distance sans flancher, en résistant à l’envie de ralentir. Il faut passer le mur des 30 kilomètres, gérer l’ennui, lutter contre l’épuisement progressif.
Le trail, lui, use par sa diversité, ses surprises, sa solitude parfois. Il faut accepter de marcher, de s’arrêter, de se perdre parfois. L’orgueil n’a pas sa place dans une montée à 20 %. Il faut aussi rester concentré sur des terrains dangereux, dans des états de fatigue avancée.
➡️ Verdict : les deux disciplines sont mentalement dures, mais le trail vous met face à plus d’inconnu, ce qui en fait un défi plus instable et donc plus exigeant psychologiquement.
Chrono ou finish : tout dépend de vos objectifs
Sur marathon, l’objectif est clair : finir dans un temps donné. Tout est millimétré, depuis le plan d’entraînement jusqu’au gel pris à la 25e minute. C’est une course contre la montre.
En trail, le premier objectif est souvent de finir. Le chrono compte, bien sûr, mais il devient secondaire quand la météo se déchaîne ou quand vous êtes seul à crapahuter à flanc de montagne. Il faut savoir écouter son corps, adapter sa stratégie, et parfois renoncer au temps pour passer la ligne.
➡️ Verdict : le marathon est plus exigeant pour ceux qui visent la performance pure, mais le trail impose plus de capacités d’adaptation et d’humilité.
Alors, qu’est-ce qui est vraiment plus dur ?
Tout dépend de votre profil.
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Si vous aimez les repères, les chronos, la précision et l’optimisation, vous trouverez dans le marathon un défi redoutable.
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Si vous cherchez la variété, l’imprévu, le contact avec la nature et un effort plus global, le trail sera votre vrai test.
Mais objectivement, à distance égale, un trail de 40 km est souvent plus long, plus complet physiquement et plus incertain mentalement qu’un marathon. Il ne vous demande pas seulement de courir… mais de vous adapter, de vous orienter, de vous ravitailler, de gérer la solitude, la météo, la technique et parfois… vos doutes.
le trail n’est pas plus prestigieux, mais il est plus dur
Il ne s’agit pas de hiérarchiser les pratiques. Chacune a ses lettres de noblesse. Mais si l’on parle uniquement de difficulté brute, un trail de 40 kilomètres est plus exigeant qu’un marathon sur route. Il dure plus longtemps, fatigue plus de groupes musculaires, nécessite un équipement plus complet et vous met face à plus de facteurs d’échec.
Alors si vous cherchez un nouveau défi, sachez que passer du marathon au trail ne sera pas une simple transposition. Ce sera un saut dans l’inconnu. Mais un saut passionnant.
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