Ce matin, nous avons publié une photo d’incendie accompagnée d’un message volontairement abrupt : « allo les pompiers y a la maison qui brûle » Ce post a déclenché une vague de commentaires indignés, dénonçant un manque de respect, une insulte aux victimes de l’incendie dans l’Aude, voire une provocation gratuite.
Nous avons entendu ces critiques. Nous les comprenons. Et nous devons aujourd’hui clarifier les choses.
notre post sur le trail et le climat a été mal compris
Notre message sur le trail et climat
🙏 D’abord : nos excuses à ceux qui ont tout perdu et aux personnes endeuillées
Il ne s’agissait ni de minimiser la gravité de l’incendie, ni de moquer les victimes ou les pompiers.
Bien au contraire.
Nous souhaitons adresser nos pensées sincères aux familles touchées, aux habitants de l’Aude meurtris, aux pompiers mobilisés, et en particulier à la mémoire de la femme de 65 ans décédée dans sa maison à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse.
Ce drame est bouleversant.
Notre message a été mal formulé, il a été perçu comme déplacé.
Et pour cela, nous présentons nos excuses.
🔥 Mais le fond du message reste : la maison brûle. Littéralement.
Le feu qui a ravagé 13 000 hectares dans l’Aude n’est pas un simple fait divers.
C’est un signe parmi tant d’autres que notre monde prend feu : multiplication des incendies, canicules précoces, inondations, fonte accélérée des glaciers.
Et dans ce contexte, nous posons une question que beaucoup préfèrent éviter, notamment dans le monde du trail :
👉 Est-ce que prendre l’avion pour courir au bout du monde plusieurs fois par an a encore du sens ?
👉 Est-ce que s’extasier devant la beauté des paysages quand on participe à leur destruction indirecte est cohérent ?
👉 Est-ce que le trail peut encore se prétendre écoresponsable si son mode de vie est devenu une usine à carbone ?
✈️ L’hypocrisie d’un milieu en déni
Ce que nous avons voulu dire — maladroitement —, c’est que notre milieu, celui du trail, est dans le déni.
Chaque été, on pleure devant les images de forêts calcinées,
Mais dès le mois de septembre, on réserve son billet pour aller courir à Hong Kong, en Patagonie, ou sur un volcan et en octobre on va à la Réunion. La voix du trail Fred Bousseau explique que c’est débile de demander à des traileurs de ne plus faire leur job, Kilian Jornet dénonce le tourisme de masse mais multiplie les déplacements en Himalaya et Casquette Verte, le traileur parisien, assume carrément.
On est choqué par la violence du feu, mais on crie au scandale dès qu’on évoque l’empreinte carbone des dossards exotiques, le surtourisme, l’achat décomplexé de matos fabriqué en Chine qui fait trois fois le tour de planète ?
Notre post n’était pas une blague. Ce n’était pas de l’humour.
C’était une alerte, un coup de poing volontaire, un réveil brutal face à l’effondrement climatique en cours.
🧠 Fallait-il le dire autrement ? Oui, sans doute.
La phrase postée était trop courte, trop sèche.
Elle a été interprétée comme du cynisme, alors qu’elle voulait dire :
“Regardez. Ce n’est plus une métaphore. La maison brûle vraiment.”
Nous aurions pu l’écrire autrement. Nous aurions dû.
Mais l’indignation qu’elle a provoquée révèle aussi notre inconfort collectif à regarder la vérité en face.
🏃♂️ Le trail ne peut plus ignorer son impact
Nous aimons profondément le trail.
Mais aimer, c’est aussi savoir remettre en question.
Et aujourd’hui, nous le disons clairement : le trail doit faire sa mue écologique.
Cela ne veut pas dire arrêter de voyager, ni culpabiliser chacun.
Mais cela veut dire poser les bonnes questions, même quand elles fâchent.
Et si uTrail doit recevoir des torrents d’insultes pour ça, alors soit.
Résumé
À la suite d’un post Facebook jugé brutal — « allo les pompiers y a la maison qui brûle » — en pleine actualité dramatique liée à un incendie dans l’Aude, uTrail présente ses excuses tout en assumant le fond du message : alerter sur le déni écologique du monde du trail.
L’article rappelle que le trail, sport prétendument proche de la nature, multiplie pourtant les comportements à fort impact environnemental : voyages en avion pour courir, consommation excessive de matériel, greenwashing des marques, etc.
Des figures connues comme Fred Bousseau, Kilian Jornet ou Casquette Verte sont citées à titre d’illustration, non pour être mises en cause personnellement, mais pour montrer l’incohérence systémique du milieu.
uTrail appelle à un débat courageux sur la transition écologique du trail, en acceptant les contradictions de chacun — y compris les siennes — et en invitant les lecteurs à réfléchir plutôt qu’à réagir.
Une mention éditoriale juridique en fin d’article encadre ce propos dans le respect de la liberté d’expression et de la loi.
FAQ
🧨 Pourquoi avoir publié un message aussi sec en pleine catastrophe ?
Parce que justement, la catastrophe est réelle. Et ce n’est plus une abstraction :
13 000 hectares calcinés, une femme morte, des pompiers blessés.
Notre phrase « allo les pompiers y a la maison qui brûle » n’était pas de l’humour noir.
C’était un signal d’alarme, un cri, mal formulé, certes. Mais nécessaire.
🧠 « Pourquoi parler de déni ? »
Parce que le trail se vit encore comme un sport en harmonie avec la nature, alors que ses pratiques actuelles participent à sa destruction.
On célèbre les sentiers, les sommets, les paysages préservés…
Mais on accumule les voyages, les dossards, le matos technique, comme dans n’importe quel sport mondialisé.
Et quand on ose le dire, la réaction est immédiate : rejet, indignation, accusations.
C’est le déni typique : « je suis proche de la nature donc je suis écolo par essence ». Non.
🌍 « En quoi le trail contribue au réchauffement climatique ? »
Voici des exemples très concrets :
– Les trajets en avion pour aller courir à l’autre bout du monde plusieurs fois par an.
– La course aux dossards exotiques : UTMB Asie, UTMB Amériques, diagonales, volcans, sommets.
– Le matériel à renouvellement constant : vestes, sacs, chaussures, montres — souvent produits à l’autre bout du monde.
– Le marketing des marques qui pousse à acheter toujours plus, à vivre chaque course comme une expédition.
– Le greenwashing généralisé : des marques « vertes » uniquement sur l’emballage.
Ce n’est pas une suite de détails isolés, c’est un système global. Et il n’est plus tenable.
🛑 « Vous exagérez : une paire de pompes, c’est pas la fin du monde. »
Non, une paire seule ne l’est pas.
Mais une logique de surconsommation normalisée, si.
Un trailer passionné, c’est souvent :
– 2 à 4 paires de chaussures par an
– 1 à 2 dossards internationaux (avec avion)
– 3 à 5 vêtements techniques
– 1 montre ou accessoire tech tous les 1 à 2 ans
Multiplié par des centaines de milliers de coureurs, le bilan carbone devient massif.
💬 « Vous vous en prenez aux traileurs au lieu de dénoncer les vrais pollueurs. »
Oui, les grandes entreprises polluent énormément.
Mais ça ne dédouane pas nos choix individuels.
Un aller-retour Paris-Réunion pour une course = plus de 2 tonnes de CO₂.
C’est plus que le budget carbone annuel d’un Français qui respecterait l’Accord de Paris.
Dire « c’est pire ailleurs », c’est exactement ce qui empêche le système de changer.
👟 « Les traileurs pros ont besoin de voyager, c’est leur métier. »
Sans doute. Mais 99 % des traileurs ne sont pas pros.
Et même pour les pros, est-ce qu’un circuit international basé sur les vols long-courriers est viable à long terme ?
On peut imaginer autre chose : des circuits régionaux, décarbonés, progressifs.
Pas moins beaux. Juste plus responsables.
😠 « Vous êtes moralisateurs. »
Non. On est lucides, pas donneurs de leçons.
Le trail ne sera jamais parfait. Mais fermer les yeux ne le rendra pas plus éthique.
Alerter, ce n’est pas juger. C’est proposer un débat qu’on refuse d’ouvrir depuis trop longtemps.
🏷️ « Pourquoi vous ne critiquez pas les marques ? »
Mais si. Et on continuera.
Les produits fabriqués à l’autre bout du monde, les nouveautés gadgets tous les six mois, les collections limitées en série “écologique” qui masquent des pratiques industrielles polluantes…
Le greenwashing dans le trail est réel. Et nous, on ne joue pas à faire semblant.
⏳ « Ce n’était pas le moment. »
C’est justement parce que le moment est dramatique qu’il fallait parler.
Pas dans trois semaines. Pas quand ce sera oublié.
Quand la maison brûle, on ne fait pas de storytelling émotionnel. On crie.
😤 « Ce n’est pas plus polluant que le foot ou la Formule 1 ! »
Peut-être pas.
Mais le trail ne se vend pas comme un sport industriel.
Il se vend comme un sport simple, éthique, authentique, proche du vivant.
C’est cette dissonance qu’on dénonce.
Quand on prétend défendre la nature, on doit être cohérent avec ses actes.
🔄 « Mais courir local, c’est ennuyeux. Le trail, c’est aussi découvrir le monde ! »
Découvrir le monde ne devrait pas signifier l’épuiser.
On ne dit pas d’arrêter de voyager. On dit : réduire, ralentir, choisir avec conscience.
Pourquoi aller courir à 5 000 km quand il reste tant à explorer à moins de 3 heures de train ?
Pourquoi chaque course devrait-elle être un prétexte à un vol long-courrier et un post Instagram ?
Courir plus près, c’est retrouver du sens. Pas sacrifier l’aventure.
🫣 « En fait, on préfère ne pas entendre ça… »
Oui. Et c’est humain.
Mais aujourd’hui, le silence confortable est une forme de complicité.
Et si un média trail comme le nôtre ne prend pas ses responsabilités… qui le fera ?
🔍 « Et vous, uTrail, vous faites la pub de produits, vous utilisez l’IA… vous êtes pas mieux ? »
Non, on n’est pas irréprochables.
Et on ne prétend pas l’être.
Oui, on teste du matériel, on travaille avec des marques, on monétise du contenu pour faire vivre un média indépendant.
Oui, on utilise l’intelligence artificielle pour accélérer certains processus éditoriaux — pas pour remplacer l’analyse humaine, mais pour survivre dans un écosystème numérique ultra-concurrentiel.
Mais justement :
👉 On essaie d’être transparents.
👉 On parle de ce paradoxe, on ne le cache pas sous le tapis.
👉 Et surtout, on utilise notre espace pour ouvrir les débats, y compris ceux qui dérangent, plutôt que de vendre du rêve déconnecté.
Si on critique le système, c’est parce qu’on est dedans, et qu’on sait à quel point il est difficile de faire autrement sans y réfléchir.
Et si notre modèle doit évoluer, on est prêts à en discuter avec vous, avec les marques, avec les lecteurs. Mais pas dans le déni.
- Source : ici
Cet article relève d’une analyse éditoriale volontairement engagée, rédigée dans le cadre du débat d’intérêt général sur l’impact environnemental du sport, et notamment du trail running.
Conformément à la liberté d’expression et à la liberté de la presse garanties par l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme, ce texte exprime un point de vue critique fondé sur des faits vérifiables, accessibles publiquement, et liés à des prises de parole notoires.
Les personnes, marques ou figures mentionnées (Fred Bousseau, Kilian Jornet, Casquette Verte…) sont citées à titre illustratif, dans le cadre d’un traitement journalistique portant sur les logiques collectives du milieu, sans intention diffamatoire ni atteinte à l’honneur.
uTrail assume son rôle de média indépendant, dont la mission est aussi d’interroger les pratiques, même lorsqu’elles sont issues de sa propre communauté.
Ce texte vise à ouvrir un débat nécessaire, à la lumière de l’urgence écologique, sans jugement moral individuel.
Les lecteurs sont invités à y répondre dans un esprit de discussion constructive, avec respect des personnes et du cadre légal.
Mention légale – Protection des contenus
Le présent article est une œuvre originale protégée par le Code de la propriété intellectuelle, conformément aux articles L.111-1 et suivants. Toute reproduction, représentation ou adaptation, même partielle, sans autorisation écrite préalable de l’éditeur du site www.u-trail.com constitue une infraction.
Nous constatons régulièrement des réutilisations non autorisées de nos contenus par des tiers. Ces pratiques relèvent du parasitisme ou de la concurrence déloyale. Nous les signalons auprès des moteurs de recherche (procédure DMCA) et, le cas échéant, auprès du procureur de la République compétent.
Le site www.u-trail.com est l’unique source officielle de cette publication. Toute autre version, publiée sur un site tiers à une date postérieure, relève de la contrefaçon.