Voir une pierre se transformer en animal, entendre des voix dans les bois ou croire qu’un tronc d’arbre vous parle : cela peut sembler tiré d’un rêve… ou d’un mauvais film. Et pourtant, de nombreux traileurs en ultra vivent ce genre d’expériences au bout de plusieurs dizaines d’heures d’effort. Ces hallucinations, souvent nocturnes et visuelles, sont loin d’être rares dans les courses d’ultra-endurance. Mais comment les expliquer ? Et surtout, faut-il s’en alarmer ?
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Le cerveau à bout de forces : l’origine des hallucinations en trail
Les hallucinations en trail sont dues à une combinaison de facteurs physiologiques : manque de sommeil, épuisement physique, stress mental, alimentation perturbée, isolement sensoriel… Lorsqu’un traileur reste éveillé trop longtemps, son cerveau, privé de repos et de repères, commence à dysfonctionner légèrement. Il « remplit les blancs » avec des images ou des sons fictifs. En clair, il hallucine.
Ces hallucinations sont particulièrement fréquentes la nuit, lorsque la fatigue est maximale et que l’environnement visuel est limité. L’obscurité, le silence, le balancement rythmique du corps et la concentration sur le sentier contribuent à ce dérèglement des perceptions.
Est-ce grave ? Pas toujours, mais attention aux signaux d’alerte
Dans la majorité des cas, les hallucinations sont sans conséquence immédiate. Le coureur sait qu’il hallucine, en sourit, et continue sa course. Ce phénomène est bien connu des spécialistes du sommeil et de l’endurance. Tant que la conscience de la réalité est maintenue, le risque reste maîtrisable.
En revanche, si les hallucinations deviennent envahissantes ou incontrôlables, elles peuvent conduire à des comportements dangereux : quitter le sentier, refuser de s’alimenter, parler seul sans cohérence, ou s’allonger en pleine descente. Ces signes doivent alerter. Ce n’est plus un simple bug passager, c’est un effondrement cognitif.
Combien d’heures sans dormir avant d’halluciner ?
Il n’y a pas de règle stricte, mais en général, au-delà de 30 à 36 heures sans vrai sommeil, le risque d’hallucinations augmente considérablement. Cela peut varier selon l’expérience du coureur, son âge, sa préparation mentale et ses habitudes de sommeil. Certains hallucinent dès la deuxième nuit, d’autres tiennent 60 heures sans trouble majeur.
La gestion du sommeil devient alors un paramètre essentiel de l’ultra-endurance : des micro-siestes de 20 à 40 minutes peuvent suffire à « rebooter » le cerveau et repousser les effets de la fatigue extrême.
Peut-on prévenir les hallucinations en trail ?
Oui, en partie. Voici les bonnes pratiques validées par les spécialistes du sommeil et les coureurs expérimentés :
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Intégrer le manque de sommeil à l’entraînement, en simulant une nuit blanche ou des sorties nocturnes.
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Prévoir des temps de repos stratégiques pendant les courses longues (power naps, pauses allongées).
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Éviter les excitants comme la caféine en continu, qui peuvent aggraver la chute cognitive après un pic de vigilance.
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S’hydrater correctement et maintenir une alimentation stable pour éviter les hypoglycémies, souvent corrélées aux troubles perceptifs.
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Être conscient du phénomène et en parler avant la course avec son équipe ou ses proches : cela aide à ne pas paniquer en cas de symptômes.
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- Cet article a un but purement informatif. Il ne constitue en aucun cas un avis médical personnalisé ni une incitation à ignorer les signaux de fatigue en course. En cas de trouble persistant, d’hallucinations récurrentes ou de doute sur votre état de santé, consultez un professionnel de santé qualifié.
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