Les abandons élites à l’UTMB ne sont pas nouveaux.
On croit souvent que les abandons massifs chez les élites sont un phénomène récent. Pourtant, en retraçant les dernières éditions de l’UTMB, on se rend compte que les DNF (Did Not Finish) frappent régulièrement le sommet de la pyramide, avec une intensité variable selon les années. Retour sur six éditions-clés, toutes marquées par des hécatombes ou des abandons symboliques.
2018 : l’édition casse-pipe
Ce fut probablement l’une des années les plus rudes pour le gratin mondial. Sur les 25 meilleurs hommes du classement ITRA, 18 n’ont pas terminé la course. Un chiffre vertigineux qui rappelle que l’UTMB ne pardonne rien, même aux plus grands.
Parmi eux, Kilian Jornet, pourtant archi-favori, a dû jeter l’éponge à cause d’une piqûre d’abeille ayant provoqué une réaction allergique sévère. Jim Walmsley, Tim Tollefson et Zach Miller ont également abandonné, les deux derniers à Champex-Lac, tandis que Tollefson chutait lourdement du côté de La Giète. Bref, une boucherie.
2019 : les Américains à la peine
L’année suivante, les gros noms américains continuent de buter sur les pentes du Mont-Blanc. Tim Tollefson est à nouveau contraint à l’abandon, cette fois pour des problèmes gastriques. Hayden Hawks, autre grand espoir US, ne voit pas la ligne d’arrivée non plus. Les bilans de fin de course parleront de « déroute » chez les favoris d’outre-Atlantique.
2021 : le retour de l’UTMB, version carnage sélectif
Après l’interruption de 2020, l’édition 2021 marque un retour brutal à la réalité. Le nombre d’abandons notables est impressionnant : Jim Walmsley, Xavier Thévenard, Tim Tollefson, Dmitry Mityaev, Tom Owens, Beth Pascall, Maite Maiora, Audrey Tanguy, Ragna Debats… Beaucoup de ces abandons surviennent à Courmayeur, point de bascule historique du parcours. Les favoris tombent les uns après les autres, parfois sans explication claire, souvent à cause d’une usure prématurée.
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2022 : une élite solide, mais pas invincible
Si Kilian Jornet et Katie Schide signent cette année-là des performances historiques, les abandons restent présents en fond de tableau. Sebastian Krogvig, vainqueur de la TDS l’année précédente, ne termine pas l’UTMB. On note tout de même une stabilité plus forte dans le groupe de tête. Une sorte d’accalmie passagère.
2023 : l’année Walmsley, mais pas sans pertes
Jim Walmsley brille, mais d’autres stars tombent. Tom Evans abandonne à Courmayeur (kilomètre 81), tandis que Petter Engdahl s’arrête à Champex-Lac (kilomètre 126). Kilian Jornet, quant à lui, déclare forfait avant même le départ à cause d’une blessure. Une édition marquée par une certaine transition générationnelle, mais aussi par un terrain particulièrement exigeant.
2024 : le grand crash de l’élite masculine
C’est l’année où la stat fait froid dans le dos : 30 des 46 hommes les mieux classés sur l’UTMB n’ont pas fini la course. Soit environ 65 % d’abandons dans l’élite masculine. Du jamais-vu depuis 2018.
Jim Walmsley, Tom Evans, Germain Grangier, Mathieu Blanchard, Ji Duo… tous hors-jeu. Cette débandade s’explique par une accumulation de facteurs : pression décuplée, stratégies “all-in” où seul le podium compte, météo difficile, départ tardif incitant à des choix énergétiques risqués. Les femmes, elles, ont globalement mieux résisté, avec un taux d’abandon plus proche de la moyenne globale du peloton.
Analyse : entre pression, sponsoring et imprévus
Ce retour chronologique montre que les abandons d’élites ne relèvent pas uniquement de la malchance ou de l’impréparation. Ils s’inscrivent dans un écosystème complexe :
La pression des sponsors pousse certains coureurs à tout miser sur un seul objectif, quitte à exploser en vol. Les formats de course de plus en plus rapides imposent un engagement total dès les premiers kilomètres. Les stratégies risquées, centrées uniquement sur la gagne, amplifient les risques d’abandon dès qu’un élément cloche. Les facteurs imprévus, comme la blessure de Kilian en 2023 ou la piqûre d’abeille en 2018, rappellent que le trail reste un sport d’incertitude.
Si 2024 a vu une véritable hécatombe, ce n’est pas une anomalie. C’est une répétition, une manifestation supplémentaire de cette tension permanente entre ambition et fragilité. Et cela explique pourquoi tant de champions, pourtant parfaitement préparés, quittent parfois la course sans franchir la ligne.
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Sources
Ce dossier s’appuie sur un croisement de sources publiques (iRunFar, Trail Runner Magazine, GearJunkie, RUN | Powered by Outside) et de listings de l’UTMB. Les données sur les DNF peuvent varier selon les bilans publiés. Pour les années antérieures à 2016, les informations disponibles en ligne sont plus fragmentées.