Les anciens candidats de Koh-Lanta plongent dans l’ultra-trail et les défis extrêmes
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Le choc du retour à la normalité (et l’urgence de rester visible)
Koh-Lanta donne une chose rare : une lumière violente, immédiate, massive. Et puis plus rien. Le silence. L’oubli. Après des semaines à exister sur le petit écran devant quatre millions de téléspectateurs, à recevoir des messages de soutien, des demandes de photos, des articles dans la presse, le retour à la vraie vie frappe comme un mur.
Quand la caméra s’éteint, il ne reste que le vide. Et dans ce vide, certains s’épanouissent, d’autres s’effondrent. Puis il y a ceux qui tentent de combler ce vide par d’autres projecteurs. Dorian Louvet, Mathieu Blanchard, Alban Pellegrin… Tous ont compris une chose : s’il n’y a plus de téléréalité pour les montrer, alors ce seront les défis sportifs. Pas tant pour se dépasser, mais pour continuer à exister dans le regard des autres.
Dorian Louvet : structurer sa visibilité pour durer
Il a été finaliste. Adoré du public. Symbole de fair-play, de loyauté et de combativité. Mais une fois l’aventure Koh-Lanta terminée, la mécanique bien huilée de la téléréalité s’arrête net. Aucun tremplin automatique, aucun contrat promis, aucun rôle prévu. Dorian aurait pu disparaître dans l’anonymat post-aventure. Il a préféré bâtir sa propre trajectoire, avec méthode.
Il a tenté brièvement l’option média, avec quelques chroniques sportives à la télévision, notamment sur France 3. Mais c’est finalement dans le sport qu’il a ancré son récit, avec un objectif clair : devenir « le gars des marathons ». Et pas n’importe lesquels. Tokyo, Boston, Londres, Berlin, Chicago, New York. Les six World Marathon Majors, les plus mythiques, les plus médiatisés. À chaque fois, des chronos ambitieux — sous les deux heures trente — et une communication bien construite autour de chaque course.
Car Dorian Louvet ne court pas seulement contre le chrono. Il court contre l’oubli. Chaque dossard est un jalon. Chaque finish line, un épisode. Il a transformé l’endurance en feuilleton, sa progression en storytelling, ses foulées en narration. Il ne cherche pas seulement la performance. Il construit une carrière.
Mathieu Blanchard : occuper l’espace que la télé lui a à peine offert
Son passage dans Koh-Lanta est resté discret. Il n’a pas été ridicule, loin de là — bon dans les épreuves, utile au camp, plutôt respecté dans son équipe. Mais il est sorti tôt, sans scène marquante, sans coup d’éclat. Dans une émission où le montage fait la différence entre les oubliés et les légendes, il n’a jamais franchi le seuil de la postérité.
Il aurait pu retourner à sa vie d’avant. Il a préféré changer de vie. L’ultra-trail devient alors son théâtre. L’UTMB, la Diagonale des Fous, la Yukon Arctic Ultra, et aujourd’hui, la Transatlantique en IMOCA. À chaque fois, un défi plus grand, plus extrême, plus risqué. Pas pour le palmarès. Pour la narration.
Là où la télé ne l’a pas retenu, il décide de se mettre lui-même en scène. Pas comme un influenceur. Comme un héros de son propre film. Il ne fuit pas les projecteurs. Il les installe. Et ses réseaux sociaux ne racontent pas une aventure, ils la construisent en temps réel.
Son effort est sincère. Sa mise en scène aussi.
Alban Pellegrin : écrire l’histoire qu’on ne lui a jamais donnée
Deux saisons de Koh-Lanta. Deux échecs. Pas de moment fort, pas de citation culte, pas de retour gagnant. Il aurait pu rentrer chez lui, tourner la page. Il a préféré réécrire le livre. Soixante-douze marathons en soixante-douze jours. Un projet fou. La France à pied, sans camping-car, sans staff. Dormir chez l’habitant, partager chaque jour une nouvelle étape, une nouvelle rencontre.
Il ne cherche pas la performance sportive. Il cherche la narration. Il sait que l’on retient les histoires plus que les chronos. Chaque foulée est une phrase. Chaque étape, une anecdote. Là où la télé n’a rien construit pour lui, il bâtit son récit de ses propres mains.
Ils ne fuient pas le monde médiatique. Ils le reconstruisent.
Quand les caméras de Koh-Lanta s’éteignent, il n’y a pas de transition douce. C’est brutal. Une chute de plusieurs milliers de mètres en quelques heures. Pour ne pas se fracasser, certains montent d’autres tours de contrôle. Mathieu Blanchard affronte les tempêtes sur un voilier de course. Dorian Louvet s’impose dans les marathons les plus prestigieux. Alban Pellegrin traverse la France à pied, en solitaire.
Ils partagent un point commun : ils refusent de redevenir invisibles.
Leur corps devient un argument. Leur effort, un média. Leur récit, une survie.
Koh-Lanta, catalyseur d’un besoin de regard
Oui, l’endurance leur permet d’aller loin. Oui, ils repoussent leurs limites. Mais c’est parce que le regard des autres rend cette quête possible. Koh-Lanta agit comme un starter. Il n’y a pas d’histoire sans feu initial. Sans ce tremplin, ces défis n’auraient pas de spectateurs. Et sans spectateurs, auraient-ils lieu ?
Ces anciens candidats ne courent pas seulement contre eux-mêmes. Ils courent pour rester dans le champ de vision.
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