« Aux échecs, le fou se déplace en diagonale ». Cet aphorisme ne vient pas de Kasparov, mais du speaker de la diagonale des fous. C’est la seule course qui fait une allusion aussi assumée à la folie, et pas seulement en dédicace aux échecs.
Si c’est dit ainsi, c’est peut-être parce qu’elle a quelque chose de spécial, quelque chose que les autres courses n’ont pas, ou seulement partiellement. Mais au fond, qu’est-ce qui la rend si spéciale ? Qu’est-ce qui lui donne cette saveur si particulière ?
Diagonale des fous
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Eloignement de folie à la diagonale des fous
La première raison qui me vient est son éloignement géographique par rapport à la métropole. Alors qu’on peut se rendre à l’UTMB, à la Hardrock 100, à la Barkley par plusieurs moyens, difficile de se rendre à la Diagonale autrement qu’en avion. Cela participe indéniablement à sa spécificité.
Ambiance de folie sur la diagonale des fous
Une raison dont une quantité de coureurs se sont faits l’écho est celle de l’ambiance absolument exceptionnelle qui règne au départ de la course, entre une foule en délire sur plusieurs kilomètres et le feu d’artifice tiré sur la plage.
Météo de folie sur la diagonale des fous
Les conditions météo confèrent également à la diagonale une place spécifique ; en effet, je ne crois pas qu’il y en ait d’autres qui allient une humidité aussi extrême et des variations de températures pouvant faire passer de 0 à 35 degrés en quelques heures (on peut avoir des grosses variations sur l’UTMB, d’office, mais pas sûr que le taux d’humidité y soit aussi important).
Technicité de folie sur la Diagonale des Fous
Si on lie aux conditions météorologiques la technicité du terrain, ses pentes et cassures hyper sèches (la descente vers Cilaos, la montée du Maïdo, le sentier du Taïbit ou encore le chemin des anglais ne sont que des exemples parmi une centaine d’autres), on a de quoi en avoir plein les pattes. Et également, pas sûr que beaucoup d’épreuves réputées commencent par 35km de côte comme c’est le cas à la Diagonale.
Solitude de Folie sur la Diagonale des Fous
On trouve sur la diagonale un rapport à la solitude qui me semble bien plus important que sur les autres courses ; j’en veux pour preuve l’application Sara112 (article publié en 2019 pour la première fois), utilisée sur l’épreuve, qui permet une intervention rapide des secours par les airs pour les endroits où il est impossible d’aller à pied (une année, Jim Walmsley avait disparu des radars pendant un petit temps, ce qui avait généré pas mal d’inquiétudes ; or, je ne vois pas d’autre course sur laquelle une telle chose aurait été possible).
Difficulté de folie sur la Diagonale des Fous
L’interdiction des bâtons alors qu’il s’agit d’une des courses les plus difficiles du monde entretient irrémédiablement sa réputation de course pour les fous, et donc son statut de spéciale. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que les stars en quête de performance chronométrique (style Walmsley ou Jornet) n’y aillent pas ou plus.
Beauté de folie sur la Diagonale des Fous
Enfin, last but not least, un autre point que chaque participant mentionne, c’est la beauté et l’unicité des paysages que l’on rencontre pendant la diagonale. Que ce soit par des photos ou des témoignages, on est transportés rien qu’à l’évocation des endroits présentés, mentionnés ou photographiés. A chaque récit ou reportage sur la diagonale, j’ai l’impression d’entendre Syracuse de Salvador raisonner dans mes oreilles. Je comprends alors que la diagonale est spéciale dans la mesure où elle appelle au voyage comme aucune autre course.
« J’aimerais tant voir Syracuse
L’île de Pâques et Kairouan
Et les grands oiseaux qui s’amusent
A glisser l’aile sous le vent(…)
Avant que ma jeunesse s’use
Et que mes printemps soient partis
J’aimerais tant voir Syracuse
Pour m’en souvenir à Paris »
Ces mots pourraient résumer à eux-seuls pourquoi la diagonale des fous est si spéciale.
Depuis la publication de cet article en 2019, plusieurs événements ont marqué la Diagonale des Fous, renforçant encore son caractère unique et imprévisible.
Un rififi dans l’organisation : la démission de Thierry Chambry
En février 2025, Thierry Chambry, figure emblématique du Grand Raid, a claqué la porte de l’organisation. Ancien vainqueur de la Diagonale et directeur de course, il a justifié sa démission par une « incompatibilité de valeurs et d’éthique » avec la direction actuelle de l’association Grand Raid. Ce départ a provoqué de nombreuses réactions et soulève des questions sur l’avenir de l’épreuve. Chambry a toutefois précisé qu’il resterait bénévole, preuve que l’attachement à cette course dépasse les querelles internes.
Quand le vainqueur est bloqué à l’arrivée
L’édition 2022 a offert un moment aussi absurde que savoureux : Benat Marmissolle, alors en route vers la victoire, s’est vu brièvement stoppé à quelques mètres de la ligne d’arrivée. Un bénévole, ne le reconnaissant pas, l’a pris pour un coureur anonyme et l’a empêché d’avancer. L’image de cette scène surréaliste a fait le tour des réseaux sociaux et des médias, renforçant le côté « folklorique » de la Diagonale des Fous. Après quelques secondes de flottement, le quiproquo a été levé, et Marmissolle a pu savourer sa victoire.
Le procès gagné par uTrail contre le Grand Raid et Robert Chicaud aussi…
Entre tensions en coulisses et scènes improbables sur le parcours, la Diagonale des Fous continue de mériter son nom. Une épreuve où tout peut arriver, sur les sentiers comme dans l’organisation !
Bref, chaque point pris seul peut se retrouver dans approximativement tous les ultras du monde ; en revanche, l’enchevêtrement de tous ces points dans une seule course ne se trouve que sur une seule course dans l’année, sur une course qui a lieu en automne, plus précisément sur l’île de la Réunion.