Pendant le confinement on a beaucoup tapé sur les coureurs qui utilisaient leur heure de liberté quotidienne pour sortir… et maintenant à qui le tour ?
Faut-il vraiment taper sur quelqu’un ?
C’est une constante assez incroyable depuis le début de la pandémie en France. Quel que ce soit le moment, il faut des coupables, des responsables, des gens à sacrifier pour la cause.
Au printemps, les coureurs et les trailers étaient devenus les ennemis à abattre, des espèce de bombes virales qui allaient faire s’éteindre la moitié de l’humanité. Et à chaque fois qu’on allait courir, on trouvait une centaine de teubés sur les réseaux sociaux qui disaient : « ouais vous allez voir, dans quinze jours, à cause de vous ça va être la boucherie ».
Le confinement est passé, on a fini par laisser les coureurs tranquille.
Et d’un coup, en juin, ce sont les jeunes qui se sont mis à prendre à notre place. Une flopée de boomers leurs sont tombés dessus dès la fête de la musique en expliquant, de nouveau, qu’on allait voir ce qu’on allait voir, que à cause d’eux, on serait reconfinés dès le mois de juillet. Surprise, ça n’a pas été le cas.
En juillet, on a réussi à gérer la crise comme on pouvait, puis on disait déjà qu’à la rentrée, on allait voir ce qu’on allait voir, que la réouverture des écoles allait poser énormément de problèmes, qu’on allait voir ce qu’on allait voir…
Finalement, on s’aperçoit que c’est dans les sphères privées qu’on se contamine le plus, car les gestes barrières sont moins appliqués. Je comprends qu’on râle sur l’interdiction de la tenue d’événements festifs et le maintien des activités professionnelles. Oui, ça me saoule de devoir prendre les transports et de ne pas pouvoir inviter des gens chez moi. Sauf que jusqu’à preuve du contraire, là où il n’y a pas beaucoup d’interactions, où tout le monde se masque, bah le virus est un peu plus contenu (d’ailleurs, pas sûr qu’il y ait eu de clusters déclarés dans les transports en commun).
Oui, c’est complètement idiot de voir des trails annulés alors que c’est relativement simple d’y garantir le respect des gestes barrières.
Actuellement on n’en est pas là, ou du moins on n’en est plus là. On va arrêter de taper sur les trailers, on va arrêter de taper sur les jeunes, on va arrêter de vouloir sanctionner le gouvernement, on va doucement éteindre les chaînes infos, et on va faire ce qu’on peut faire de mieux, à savoir limiter chacun à notre niveau la propagation du virus en essayant de limiter la casse d’un point de vue social.
Aujourd’hui oui, on ne va pas se mentir, c’est la m*** et les cinq à six semaines à venir ne seront vraiment pas marrantes. Les boomers et beaufs diront qu’il faut fermer les écoles parce que Raoult est muselé (ne riez pas, je l’ai vraiment lu), et autre balijulesvernes dans le même genre… Et il a bien fallu trouver un bouc émissaire. Cette fois, après les sportifs, les jeunes, c’est la restauration, la culture et le sport en intérieur qui ont pris.
Le problème, c’est qu’à partir du moment où on demande combien de clusters ont eu lieu dans des restaurants, des musées ou pendant un trail, il est très difficile de les trouver (peut-être parce qu’ils n’existent pas). On peut également se dire qu’un restaurant est plus sécurisé qu’un appartement et que les laisser ouverts pourra éviter les soirées clandestines comme ça a été le cas à Saint Etienne (que certains assimilent déjà à Mulhouse à la fin de l’hiver).
Alors oui, c’est frustrant. Car chaque mesure prise l’une à côte de l’autre semble dérisoire dans la lutte contre le virus et on a l’impression que ce n’est pas global. Il faut, pour remédier à cela, regarder justement les mesures avec un peu plus de hauteur. Autrement pas, il n’y a pas UNE mesure qui fera office de panacée. En revanche, trente mesures qui peuvent limiter la propagation à hauteur de 3%, bah ça aide.
Oui, ça m’ennuie qu’il n’y aie plus de trail avant le printemps, oui ça m’ennuie de ne pas pouvoir serrer mes proches dans mes bras, oui ça m’ennuie de ne plus pouvoir entraîner mes coureurs préférés. Est-ce qu’il y a quelqu’un à qui en vouloir ? Bah non… Refuser d’appliquer les mesures parce que les gouvernements n’ont pas été à la hauteur ? Désolé, mais c’est la raison la plus débile de l’histoire de l’humanité. Car ça revient à mettre les hôpitaux encore plus dans le désarroi parce que d’autres personnes n’ont pas bien fait leur travail. On a la force de changer de cap, de faire partie de la solution et plus du problème.
Et oui, peut-être que cette maladie fait plus peur que de raison. Oui, elle a un taux de létalité de 0,5% maximum, oui la moyenne d’âge des décès est supérieure à 80 ans. Ça, on le sait. Mais ce qu’on sait aussi, c’est qu’en écoutant des médecins qualifiés et compétents, aucun ne parle de la létalité du virus, mais de sa contagiosité. Car forcément, sur 1000 patients atteints, 5 vont malheureusement avoir besoin de soin intensifs et risqueront de mourir. On peut trouver que c’est peu. Maintenant, prenons un million de patients atteints, 5000 vont probablement mourir car les capacités maximales seront atteintes. Et dire qu’on ne va pas jouer le jeu car le gouvernement a réduit les lits de réanimation, c’est complètement à côté de la plaque, c’est complètement déconnecté du contexte et de la réalité du moment.