“Ce n’est pas du greenwashing” : Mathieu Blanchard se défend en annonçant son partenariat avec Green-Got (neo banque engagée dans la transition écologique)
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Mathieu Blanchard assume ses contradictions et prend les devants
Mathieu Blanchard savait ce qu’il faisait. En devenant ambassadeur de la néobanque verte Green-Got, il ne s’est pas contenté d’ajouter un logo à ses stories. Il a dégainé un post bien senti sur LinkedIn et Instagram, truffé d’anticipantions. “Pas pour jouer au petit soldat du greenwashing”, écrit-il noir sur blanc, comme s’il répondait à un procès avant même qu’il ne commence. Le message est clair : ce n’est pas du greenwashing.

Mais ce refus de l’accusation n’éteint pas la question. Il l’alimente. Car derrière cette posture assumée — “je ne suis pas parfait, mais j’agis” — se cache une tension que tout traileur sent bien : comment parler d’écologie quand on prend l’avion régulièrement pour courir aux quatre coins du monde ?
Au-delà de la finance verte, ce partenariat est l’occasion pour Blanchard de mettre les pieds dans un autre plat : l’argent dans le sport.
“Un athlète, c’est un entrepreneur. Point.” La phrase est brute. Elle a le mérite d’être claire. Dans un milieu qui valorise la discrétion et se méfie des expos médiatiques, parler stratégie, investissement, valeur, peut vite passer pour une trahison des “valeurs” du trail.
Lui revendique au contraire de vouloir aider ceux qui rêvent de se professionnaliser, en les outillant, en partageant son expérience. Il promet de parler “cash”, de montrer les coulisses. Et au passage, il envoie valser le mythe du coureur mystique qui vit de montagne et d’eau fraîche. Blanchard assume l’économie du trail. Et il veut la rendre plus visible.
Green-Got, symbole d’un nouveau discours sur la finance des sportifs
Le choix de Green-Got n’est pas anodin. Ce n’est pas un sponsor sportif classique. C’est une banque militante, qui propose aux clients de désinvestir les énergies fossiles pour financer la transition. L’argument est séduisant : faire circuler son argent autrement, c’est agir sans changer radicalement son quotidien. Et pour un sportif exposé comme Blanchard, c’est une manière de rejoindre le discours écolo dominant sans tomber dans le dogme.
Dans son post, il l’explique avec pédagogie : “La finance est un levier massif.” Il dit aussi qu’il “n’habite pas dans une grotte à la bougie”. Il sait qu’il prend l’avion, et il l’écrit, avec une petite dose d’ironie : “Lâchez votre meilleur commentaire, c’est bon pour l’engagement.” Une manière habile de désamorcer la critique… mais aussi de la tourner en performance de communication.
L’argument du “je ne suis pas parfait” : sincérité ou stratégie ?
Tout repose là-dessus. Ce fameux argument du “je fais de mon mieux, je ne suis pas parfait, mais j’essaie”. C’est devenu un classique de l’auto-justification écologique, chez les sportifs comme chez les influenceurs. Et Blanchard le manie très bien. Il le dit avec honnêteté, sans posture excessive. Il s’inscrit dans une démarche d’ajustement : agir là où il peut, à son échelle.
Mais ce discours, à force d’être repris partout, finit par ressembler à un paravent. Il permet de s’engager sans renoncer, de faire des efforts sans réellement trancher dans le dur. Oui, Blanchard fait de la pub pour une banque verte. Mais oui aussi, il s’envole plusieurs fois par an pour des courses internationales. Il va en Martinique en bateau, mais revient en avion. Il construit une image d’ambassadeur éco-responsable, tout en poursuivant une carrière qui repose sur un modèle mondialisé.
Et même s’il le dit avec franchise, la tension demeure. Car face à ce positionnement, les écologistes radicaux ont déjà la réponse toute prête : décroissance. Moins de courses, moins de voyages, moins de visibilité. Moins, tout court. Pas d’ajustement, mais une rupture.
Mathieu Blanchard pose une question frontale : “L’argent, on peut en parler ou c’est tabou ?”

C’est courageux, dans un sport où les revenus restent flous et les sponsors rarement assumés. Mais au fond, ce n’est pas l’argent qui est tabou. Ce qui dérange vraiment, c’est le manque de cohérence. C’est le fait d’afficher un engagement écologique tout en continuant à courir dans un système qui repose sur l’ultra-mobilité, la visibilité globale, les partenariats bancaires ou tech. Ce n’est pas le fait de parler d’argent qui crispe, c’est ce que l’on en fait. Et là, les incohérences sont parfois plus visibles que les efforts.
Et justement, l’un des points les plus sensibles, c’est ce lien entre finance et écologie. Parce que dès qu’on parle d’une “banque verte”, une autre question surgit immédiatement…
LA QUESTION DE L’ARGENT
Un SUJET que peu d’athlètes osent encore aborder en lien avec l’écologie — et pour cause : pour les écolos radicaux, l’écologie sans décroissance c’est du jardinage. Or, la décroissance, c’est tout le contraire d’une banque.
Même verte, même engagée, même militante, une banque reste un acteur du système capitaliste. Elle fonctionne sur la croissance des dépôts, des investissements, des projets.
Elle ne peut pas appeler à ralentir le monde — seulement à le réorienter.
En résumé c’est un message utile, une posture audacieuse… et une question qui reste
Mathieu Blanchard a le mérite de parler franchement. Il n’élude pas les sujets qui fâchent. Il met en lumière la face cachée du sport pro. Il ose un discours nouveau sur la finance, l’engagement, la stratégie personnelle. Et il le fait avec un ton plus mature, moins naïf que beaucoup d’autres.
Mais en affirmant d’emblée que “ce n’est pas du greenwashing”, il soulève exactement ce qu’il essaie d’éviter : le soupçon. Car c’est justement là que tout se joue. Dans cette frontière floue entre volonté sincère et opération de communication, entre engagement personnel et positionnement de marque. Et même si son honnêteté semble réelle, il est difficile de ne pas douter un peu.
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NOTRE DOSSIER SUR L’ECOLOGIE ET LE TRAIL
Cet article est un éditorial d’analyse, rédigé en toute indépendance par la rédaction de uTrail. Il ne s’agit ni d’un article politique, ni d’une attaque personnelle.
uTrail n’est affilié à aucun parti ni mouvement. Ce texte ne vise en aucun cas à dénigrer Mathieu Blanchard, ni à nuire à ses partenaires, sponsors ou engagements. Il ne contient aucune allégation diffamatoire et repose exclusivement sur des déclarations publiques, disponibles sur les réseaux sociaux, et sur une analyse argumentée des enjeux soulevés.
Notre objectif est d’ouvrir un débat de fond, dans l’intérêt général, sur la place de l’écologie dans le sport, la responsabilité des figures médiatiques, et les limites des stratégies de communication dites « vertes ». Ce débat nous semble essentiel, à l’heure où le trail devient un sport mondialisé, exposé, et traversé de contradictions fortes entre engagement environnemental, exigence de performance et modèles économiques.
Dans son post, Mathieu Blanchard affirme explicitement ne pas vouloir tomber dans le greenwashing : « Pas pour jouer au petit soldat du greenwashing.






