Quand l’UTMB déçoit ceux venus rêver
L’ETC (Experience Trail Courmayeur) est la plus courte des courses de la semaine UTMB Mont-Blanc : 15 km pour environ 1 200 m de dénivelé positif. Elle attire un public très large, avec des coureurs internationaux venus parfois de très loin. Pour beaucoup, c’est l’occasion d’approcher le mythe UTMB, de courir sur le même terrain que les élites, et de vivre une expérience censée être inoubliable. Cette année, pour sa 4ᵉ édition, elle l’a été pour tous — mais pour de mauvaises raisons selon de nombreux participants.
La rédaction de uTrail a recueilli de multiples témoignages faisant état de difficultés rencontrées pendant l’ETC
1 – Un départ sous tension
La première vague, prévue à 14h00, a été finalement lancée à 14h10. Si un léger retard est courant en trail, plusieurs participants disent avoir trouvé les conditions d’attente éprouvantes : exposition prolongée au soleil sans zone d’ombre ni point d’eau.
Des remarques du speaker ont également été perçues comme maladroites, selon les témoignages :
« Ici ce sont ceux qui ont renoncé à faire un podium » (vague 2), « Ah ici on commence à avoir que des cheveux blancs » (vague 3).
Dès les premiers kilomètres, les vagues se seraient entremêlées, créant des bouchons dans les portions étroites. Certains coureurs de la vague 5 disent avoir exprimé leur frustration vis-à-vis de la lenteur des coureurs précédents.
2 – La Suche : un ravitaillement signalé comme vide
Le poste de ravitaillement de La Suche était présenté comme un point crucial, en raison des fortes chaleurs. Toutefois, de nombreux coureurs affirment qu’il n’y avait plus d’eau lors de leur passage.
En l’absence d’alternative immédiate, plusieurs personnes disent avoir patienté plus de 30 minutes devant un mince filet de source. Cette différence entre les recommandations officielles et la réalité du terrain a alimenté une incompréhension.
Témoignage d’un coureur brésilien :
« Comme il n’y avait rien, nous avons dû faire la queue à une minuscule arrivée d’eau. Pendant ce temps, la barrière horaire avançait. L’UTMB est très respecté dans mon pays, et voir ça m’a profondément déçu. »
3 – Tirecorne : un blocage contesté et ses conséquences
À environ 700 mètres de La Suche, des secouristes de l’organisation auraient imposé un arrêt à une cinquantaine de coureurs. Raison invoquée : absence d’eau au prochain ravitaillement, obligeant un remplissage complet des gourdes sur place.
Conséquence : une attente estimée entre 20 et 30 minutes, avec indication verbale selon certains que la barrière horaire serait adaptée. Mais plusieurs témoignages indiquent qu’aucune tolérance n’aurait été appliquée par la suite.
Une participante ayant partagé sa trace GPS détaille être arrivée à Tirecorne à 16h53 (vague 3), bloquée 27 minutes, puis arrivée à La Suche à 17h29, soit 2 minutes après la barrière annoncée à 17h27. Elle a été disqualifiée, alors qu’elle estime qu’elle aurait été dans les temps sans ce blocage.
En l’absence de communication officielle sur cette mesure, ces éléments soulèvent des interrogations sur la proportionnalité de la disqualification.
Les faits évoqués dans cet article reflètent les récits de plusieurs participants interrogés sur place par notre rédaction.
4 – Barrières horaires appliquées de manière inégale ?
Certains coureurs disent avoir été arrêtés dès le moindre dépassement de la barrière horaire, tandis que d’autres — selon des récits convergents — auraient poursuivi bien après l’heure limite sans être inquiétés.
« Des coureuses arrivées après nous, et à qui l’on n’a pas retiré le dossard, ont fini la course et sont classées comme finisheuses. »
Un cas documenté fait état d’une participante arrivée à La Suche à 17h42 (barrière annoncée à 17h20), ayant terminé à 20h14. Elle apparaît comme finisheuse dans les résultats publiés, selon les données disponibles au moment de notre enquête.
Ce traitement différencié est perçu par certains comme un manque de cohérence, ce qui pourrait poser question au regard du principe d’égalité de traitement entre participants d’un même événement.
5 – Des bénévoles sous pression, une communication fragilisée
Si la majorité des bénévoles ont été salués pour leur implication, plusieurs situations décrites mettent en lumière des difficultés de coordination. Des responsables de poste auraient, dans certains cas, élevé la voix face à des coureurs en larmes, sous tension.
La communication interne aurait aussi montré ses limites. Un message WhatsApp non lu, envoyé pour vérifier la disponibilité d’eau à La Suche, aurait contribué à une mauvaise décision sur le terrain. Pour une question de sécurité et de chronométrage, certains estiment qu’une communication par radio aurait été préférable.
6 – Une course perçue comme moins prioritaire
Selon plusieurs participants, l’ETC n’aurait pas bénéficié des mêmes standards d’organisation que les autres courses du festival. Le tracé est celui de la YCC, normalement réservé aux jeunes. Il a été proposé aux adultes au tarif d’un dossard UTMB sans ajustement significatif des moyens logistiques.
Cette perception soulève une question de rapport qualité-prix, mais aussi d’équité organisationnelle entre les différentes épreuves sous bannière UTMB.
7 – Le rêve UTMB écorné
L’UTMB représente un objectif de vie pour beaucoup. Certains participants ont payé cher leur venue, parfois depuis l’étranger, pour vivre une expérience unique. Mais les témoignages font état d’un profond sentiment de frustration.
Une participante brésilienne confie :
« Cet événement est considéré chez nous comme la Coupe du Monde du trail. Ce que j’ai vécu n’est pas à la hauteur. Je ne reviendrai jamais courir une course UTMB. »
L’édition 2025 de l’ETC devait être une célébration du trail international. Elle a laissé place, pour certains, à une expérience vécue comme injuste et décevante. Les nombreux témoignages recueillis posent une question essentielle : comment garantir un traitement équitable et professionnel à tous les participants, quel que soit le format de la course ?
Quand une course d’initiation se transforme en repoussoir
Ce qui rend cet épisode particulièrement regrettable, c’est que l’ETC devait représenter une porte d’entrée vers le monde du trail. Pour beaucoup de coureurs, notamment internationaux, c’était une première fois, une initiation rêvée au mythe UTMB. Mais cette édition 2025 risque, au contraire, d’en avoir découragé certains. Parmi ceux qui étaient sur place, nombreux sont ceux qui affirment ne plus vouloir jamais revenir.
Au fond, le problème semble moins venir d’une volonté de mal faire que d’une organisation ponctuellement dépassée par sa propre ampleur et par le manque de formation de certains bénévoles. Cela interroge sur les limites du modèle UTMB, devenu une machine si massive qu’il peine parfois à gérer les courses satellites avec la même rigueur que ses formats phares.
Face à la déception vécue par plusieurs coureurs, leur seule réponse attendue serait simple et humaine : “on est désolés, ceci n’aurait pas dû arriver.”
Sources
Témoignages recueillis par uTrail. Données GPS partagées avec autorisation. Photos issues du terrain. Toutes les personnes citées ont accepté la publication de leurs propos de manière anonyme.
Cet article s’appuie sur des témoignages recueillis sur le terrain. Il ne constitue pas une accusation formelle et ne prétend pas à l’exhaustivité. Les faits rapportés relèvent uniquement des participants interrogés et de leur perception. L’organisation UTMB a toute latitude pour apporter ses précisions ou son droit de réponse.
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