À Toulouse, le marathon coince les habitants : embouteillages monstres et tensions sur les boulevards
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Alpes, au-delà des limites
Le Toulouse Métropole Run Expérience a réuni des milliers de coureurs… et beaucoup d’agacés dans la foule
Dimanche 2 novembre 2025, les coureurs ont envahi les rues de Toulouse pour la deuxième édition du Toulouse Métropole Run Expérience. Près de 32 000 participants se sont élancés sur les différentes distances proposées : marathon, semi-marathon, 10 km. Mais derrière la fête du sport, une autre réalité s’est imposée aux riverains et passants piétons : celle d’une ville paralysée, d’un centre-ville saturé et d’un embouteillage humain aux allures de chaos, notamment sur le boulevard d’Arcole, où se trouvait la ligne d’arrivée.
Une ligne d’arrivée en plein marché dominical
La polémique enfle autour de la zone d’arrivée, installée cette année boulevard d’Arcole, à proximité immédiate du marché Cristal, l’un des plus fréquentés de la ville. Vers midi, au pic des arrivées des semi-marathoniens et marathoniens, le secteur s’est transformé en goulot d’étranglement. Familles de coureurs, poussettes, chariots de marché, badauds et riverains se sont retrouvés entassés sans véritable solution pour circuler.
Jean-Luc, un habitant du quartier Compans-Caffarelli, raconte avoir mis 45 minutes pour parcourir à pied 1 km entre Lascrosses et Jeanne-d’Arc. “C’était un mur humain. Impossible d’avancer. J’ai même vu une dame donner un coup de chariot à un coureur pour forcer le passage.”
Le dilemme de la cohabitation urbaine
La mairie et les organisateurs avaient pourtant promis des ajustements après les difficultés rencontrées lors de l’édition 2024. Mais cette année encore, la cohabitation entre événement sportif, circulation piétonne et activité commerciale semble avoir été sous-estimée. Plusieurs riverains pointent un manque de signalisation, une absence de zones de dégagement pour les piétons et un choix malheureux de croiser marché et arrivée de course.
Deux visions irréconciliables : fête populaire ou galère urbaine ?
Sur les réseaux sociaux, les réactions sont contrastées. D’un côté, des centaines de commentaires saluent une organisation fluide pour les coureurs, avec des parcours bien tracés et des ravitaillements efficaces. De l’autre, des Toulousains exaspérés, piétons bloqués, commerçants inquiets ou habitants contraints de contourner tout le centre-ville à pied.
Le débat divise : fallait-il déplacer le marché ? Prévoir un plan B ? Limiter l’accès à certains secteurs ? Le succès croissant de l’événement – et les retombées économiques qu’il génère – semblent avoir pris le pas sur les besoins de mobilité et de tranquillité des habitants. Ce type de tension est symptomatique des grandes métropoles qui accueillent des événements sportifs de masse en cœur de ville.
Une réussite pour les coureurs, un casse-tête pour les piétons
Ce marathon 2025 restera probablement comme un succès sportif, avec des performances notables, une météo clémente et un fort taux de participation. Mais sur le plan de la gestion urbaine, le message est clair : la cohabitation entre événementiel et vie de quartier mérite mieux qu’un simple “ça passera”. La fluidité d’un marathon ne doit pas se faire au prix de l’immobilité des habitants.
En résumé, le Toulouse Métropole Run Expérience grandit vite. Très vite.
Peut-être plus vite que la capacité de la ville à adapter ses infrastructures à l’événement. Si la course a ravi les coureurs, elle a aussi irrité ceux qui n’y participaient pas. Les piétons pris au piège dans un flot humain n’ont pas goûté à la fête. Et dimanche, sur les trottoirs toulousains, certains ont sans doute eu l’impression de faire leur propre marathon — sans dossard, sans médaille, et surtout sans possibilité d’avancer.
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Mention éditoriale
Cet article s’appuie sur des témoignages publics relayés par les médias toulousains, ainsi que sur les commentaires des riverains, coureurs et spectateurs sur les réseaux sociaux. Il ne remet pas en cause la qualité sportive de l’événement ni l’engagement des bénévoles. Il vise à documenter les difficultés de cohabitation urbaine entre événements de masse et vie quotidienne, dans un objectif d’information équilibrée.






